-Et...Est-ce qu'ils sont morts ? Lui demandais-je en sous-entendant que je parlais des auteurs de la fusillade.
-Non, ils vont a peu près tous bien. L'un d'eux est déjà en détention et les deux autres sont a l'hopital, dit-il en se penchant sur sa chaise et en entrelassant ses doigts.
Il marque une pause, jetant un coup d'oeil par la fenêtre.
-Tu te rappelles avoir tiré avec l'arme que tu as subtilisé ? Demande-t-il.
Mon coeur loupe un battement.
-Oui, je réponds après avoir déglutis. Ce n'était que pour la protéger ! Tout ce que j'ai fais, c'était pour la protéger. Je ne voulais pas m'éloigner d'elle, et celui qui est entré dans la pièce...
-Tu lui a tiré dessus, complète-t-il d'une voix qui se veut rassurante.
Je fixe le sol, hantée par ses images. Il y avait tellement de sang. Partout.
Je me sens soulagée de n'avoir tué personne mais je sens toujours ce vide permanent dans ma poitrine et cherche la chaise des yeux. Ma veste est posée sur cette chaise, la où j'ai laissé volontairement des anxiolytiques dans la poche droite. J'en ai éparpillé dans toutes mes affaires, juste au cas où. Mais ici, les médecins refusent que je prenne quoi que ce soit. Ils ne veulent même pas me laisser voir Alena.
-Tu n'as pas répondu, j'ai besoin de savoir, dit Sam.
Je lui jette un regard froid, puis décide de me lever avec précautions, pour atteindre la petite chaise blanche, près de la fenêtre qui illumine les murs blancs et gris de la pièce.
-Ouais, je pense que ça va, lui dis-je en regardant au-dehors.
Mon coeur se serre comme un chiffon qu'on essore.
-J'ai besoin de savoir si tu es en état d'affronter tout ce qui t'attend, Rose. Ce que tu as vécu est très difficile... La perte d'un être cher, voir des gens se faire tirer dessus, sortir du coma...
J'étouffe un sanglot et décide d'ouvrir la fenêtre pour couvrir le bruit pathétique que je viens de produire. Je me retourne vers l'agent de police, et il remarque que j'ai les larmes aux yeux;
-J'ai dis que j'allais bien. Et je ne veux pas qu'ils sachent. Les autres, la presse, ou n'importe qui, Je lui dis sèchement. Je veux que personne ne sache que c'est moi qui ai tiré sur l'un d 'eux.
-Très bien, c'est ton choix et je le respecte. Nous te laisserons peut-être une semaine pour reprendre du poil de la bête, mais tu seras obligée de passer par chez nous, dit-il. Mais saches que le plus gros du problème est passé. Les médias n'en parle presque plus désormais...
Il s'approche et me tend sa carte, que je pars ranger dans ma poche de veste. J'en avais assez de mentir. Mais comment pouvais-je avouer ce que je ressentais réellement ? Je venais de perdre ma petite sœur de neuf ans. J'avais appris qu'Alena s'était remise de ses blessures et s'apprêtait à quitter l'hôpital, car cela faisait déjà deux semaines que j'étais coincée dans ce rêve. Deux semaines de coma. Je pensais réellement ne jamais me réveiller.
Sam a à peine le temps de se lever que deux gros coups résonnent et la porte s'ouvre en grand sur une jolie brune aux yeux en amande. C'est Kim.
J'ai a peine le temps de remarquer que cet accident m'a tellement changée et que j'ai l'impression d'avoir une inconnue en face de moi, qu'elle crie mon nom dans un soupir et se jette sur moi en courant. Elle me prend dans ses bras et j'ose a peine lui rendre son étreinte. Kim et moi ne sommes plus aussi proches qu'avant. Elles s'est trouvée de nouvelles amies, et moi aussi. Disons plutôt ce qui est; elle s'est trouvée de nouvelles amies, et j'ai dû m'en trouver d'autres aussi. Je me rappelle toutes ses fois ou je l'appelais et qu'elle ne répondait pas, tous les messages sans réponses... Je me suis battue pendant plus d'un an pour notre amitié, pour finalement laisser tomber il y a quelques moins de cela. Et voilà qu'elle débarque dans ma chambre d'hôpital. Où je me remets d'un attentat.
-J'ai eu tellement peur ! Je suis venue aussi vite que j'ai su que tu étais réveillée. Je... Comment tu vas ? Fit-elle, essoufflée.
-Je vais bien, ne t'inquiètes pas, lui dis-je en me dégageant de son étreinte. Ca va. Je veux juste partir d'ici.
-Oui, j'ai vu toute ta famille dans le couloir, lâche-t-elle en me montrant la porte d'un signe de tête.
Ma mère était arrivée en premier, mais je n'avais rien a lui dire, et elle l'avait bien sentit. Elle était très inquiète pour moi et n'avait cessé de me tenir la main, ce qui est un acte normale pour une mère; mais cela m'agaçait. J'ai vraiment été heureuse quand mon père est arrivé avec mon petit frère, car c'est lui qui avait la garde cette semaine. Il m'a couverte de baisers sur le front en me disant qu'il avait eu la peur de sa vie.
-Je n'ai pas eu le temps de t'apporter à manger ou quoi que ce soit, mais je vais prendre bien soin de toi quand tu vas rentrer, t'inquiètes, s'exclama Kim, résolue a tenir sa promesse.
« C'est ça ouais, et ca va durer combien de temps ? Une semaine avant que tu ne retournes voir les autres ? »
-D'accord, lâchais-je en saisissant ma veste et en fouillant frénétiquement les poches.
Elle hoche la tête et reste plantée là quelques secondes.
Elle faisait dix centimètres de moins que moi, et ses origines asiatiques lui donnaient des beaux traits, ainsi qu'une belle chevelure brune qui tombait en cascade sur ses épaules. Elle avait des formes généreuses, mais tout ce que je pouvais voir en ce moment, c'était les deux bracelets que son amie lui avait offert.
Mon coeur se serre encore plus et je sors le petit bocal de la poche, avant d'en sortir trois cachets et de tous les avaler un a un. Avec le temps, j'ai appris a les avaler sans eau.
-Bon, je pense que tu veux rester seule, je te laisse, fit-elle en me donnant un bisou sur la joue.
Je respire son parfum une dernière fois et la regarde s'en aller, les poings serrés. Mon père entre dans la pièce et un sourire s'installe automatiquement sur mes lèvres.
-Tu vas mieux ? J'ai vu que Kim t'a rendu visite... J'ignorais que vous vous parliez encore.
-Et bien si.
Je m'approche de lui et lui fais un câlin, qu'il me rend avec un air protecteur, puis il me fait signe de me mettre au lit.
-Les docteurs affirment que tu sortiras demain matin, dit-il en me tendant une barre de chocolat.

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Roses
ActionRose, une étudiante addict et hargneuse est dans le coma. Elle va devoir lutter contre elle-même pour que son âme cesse de vagabonder dans l'obscurité. Tout ce dont elle se rappelle : la souffrance et des coups de feu. #1 santé mentale le 9/08/2019...