chapitre 10

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Mes sourcils se froncent tout seuls. Je me souviens d'une phrase que James avait prononcé dans la voiture, en me raccompagnant chez moi. Il m'avait dit que je devais me sentir chanceuse d'avoir mes deux parents, car les siens avait arrêté de s'occuper de lui.

Je relève la tête instantanément. Je vois la flamme tendre qui brule doucement dans le regard de Jane et son mari, qui n'est jamais vraiment loin.

Il a menti.

James a menti.

Pourquoi avoir inventé un tel mensonge ? Il avait une merveilleuse famille, ainsi qu'une grande maison.

Alena m'avait trahi elle aussi, et elle se trouvait maintenant dans un foutu centre où elle se cachait de tout le monde. Quelle bande d'idiot.

Je sens mon ventre se contracter et mon coeur louper plusieurs battements. J'ai la rage au ventre. Cela fait maintenant plusieurs jours que j'essaie de gérer mes tremblements. J'ai du mal a tenir ma cuillère ou ma fourchette bien droite, alors je m'arrange toujours pour manger avant ou après eux, prétextant que j'ai besoin de calme.

La vérité est que je ne prends plus mes médicaments. J'ai vidé tout mon stock de drogue.

Amphétamines.

Cannabis.

Mdma.

Ecstasy.

De temps en temps des champignons.

La liste était longue.

J'avais toujours quelques pilulles qui trainaient. Surtout dans ma trousse de maquillage. J'avais également un tube de rouge à lèvres vide que je dédiais entièrement aux amphétamines.

Il ne me restait que deux pillules. Plus de joints, rien.

Je devais trouver un moyen de m'en procurer. Maintenant.

Je n'ai plus de téléphone, je n'ai plus rien.

J'attends que le couple ai fini leur conversation puis leur souris en attendant qu'ils quittent la pièce. A la fin de leur dialogue, j'ai cru comprendre que James passera surement dans quelques temps. « Quelques temps » cela pourrait dire deux jours, voir deux semaines.

Je me précipite et saisi le téléphone fixe en composant un numéro.

Je soupire et reprends mes esprits. Je n'ai aucune idée du numéro que je viens de composer. Je raccroche et calme mes nerfs. Une fois concentrée, je réessaie ; le téléphone sonne et tout mon corps se dénoue.

-Allô ?

-Jason ? Jason c'est bien toi ? Dis-je en regardant autour de moi.

-Oui... Rose ? Qu'est-ce que tu f... Pourquoi tu m'appelles ? Ou est-ce que tu es ?

-Nulle part ! Ecoutes, ils m'ont placé quelque part pour mon bien. Mais je n'ai plus de drogue, j'ai plus rien Jason.

-Rose... Ce n'est vraiment pas le bon moyen de faire ton deuil. Et tu...

-Je m'en fous ok ? Je te paie. Je te paie pour m'en donner, alors donnes-en moi. Tu DOIS trouver un moyen d'en faire parvenir jusqu'ici. Ou alors... Donnes-moi rendez vous quelque part, je viendrais.

-Je ne peux pas, Rose.Tu réalises que c'est impossible ? Je ne sais même pas où tu es. Et... J'ai des problèmes en ce moment, alors je me fais discret de ce côté.

Je me passe la main dans les cheveux pour la troisième fois en sentant les larmes couler.

J'ignore mes sueurs froides.

-Tu ne sais pas ce que c'est, je réplique en éclatant en sanglots. Je t'en supplie, Jason !

-Je suis désolé, vraiment.

La communication coupe et mon souffle avec. Je fixe le sol en me tenant les cheveux en arrière.

Mon mal de crâne s'intensifie avec la colère.

Sans réfléchir, je balance le combiné contre le mur et hurle, avant de m'effondrer à terre.

Allongée sur le carrelage froid, je tente de me souvenir ce que je ressentais lors de mon coma.

La paix.

Le froid.

La sensation d'être perdue, mais en sécurité.

J'entends la voiture des Jensen démarrer dans l'allée et me relève tant bien que mal pour regarder la voiture partir.

Je fixe le vide pendant plusieurs minutes, puis sens une ampoule s'allumer au dessus de ma tête.

-Mais oui !

Je cours à l'étage et me précipite dans la salle de bain, que je ferme à clé.

Je fouille chaque tiroir et tombe enfin sur le graal : des antalgiques. Des comprimés de toutes sortes.

-Ho, Dieu merci !

Je trouve même de la marijuana médicinale.

Je pleure presque de joie et vide toutes les boites sur le lavabo. J'avale deux comprimés avec de l'eau, puis un antalgique.

Je vide la boite et écrase les comprimés de toutes mes forces pour pouvoir en faire des lignes de poudre parfaites.

Je prends mon temps et sniffe le tout, puis penche ma tête en arrière.

J'ai l'impression de revivre.

Je me fixe dans le miroir. Mes yeux sans vie n'ont pas assez de force pour me juger, et c'est tant mieux.

Je prends la marijuana et m'assieds lentement sur le tapis.

Le silence.

C'est tout ce que je voulais.

Ma tête ne m'insulte plus. Les voix ne sont plus la, le chagrin non plus. Le stress est parti. Je n'ai plus peur de vivre.

Je savoure ces quelques minutes de vide.

Je commence à me sentir nauséeuse et reprend un comprimé au hasard.

Sans que je le demande, ma musique préférée se met à jouer dans ma tête.

Mes poignets me brûle et mes mains commencent à trembler.

Je suis secouée de soubresauts, comme si j'allais vomir mais tente de garder mon calme.

Quand je ré ouvre mes yeux, je vois le sol tanguer.

-Rose ?

Je tourne la tête brusquement.

C'était la voix de Lily. J'en suis sûre.

Des coups de feu. Je sursaute et mon corps tremble de haut en bas.

-Rose !

Elle est là !

Je me lève brusquement pour trouver d'où vient la voix, mais je me mets à tanguer soudainement et vois le sol s'approcher dangereusement.

Puis, il n'y a que du noir. 

RosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant