What you get

11 5 10
                                    

Je prends le bus et arrive chez moi par derrière, puis escalade la fenêtre de la salle de bain que j'avais laissée entre ouverte. Par chance, mon père n'était pas rentré. Je n'avais même pas pensé aux conséquences de ma petite fugue.

Je me rapproche de l'évier de la salle de bain et me passe de l'eau sur le visage une seconde fois. Je me sens barbouillée. A côté de la plaque. J'ai l'impression que l'on vient de me briser le coeur. L'impression d'en vouloir à mon petit copain de m'avoir trahie ; alors que je n'ai personne. Mes paupières sont lourdes et j'ai une furieuse envie de dormir pendant des mois. J'humidifie un petit torchon mais je suis plongée dans mes pensées. J'entends à peine le bruit de cuir parvenir à mes oreilles. Soudain, je me retrouve collée à un homme. Quelque chose de brûlant me serre la gorge, très fort. Une ceinture. Je glisse mes doigts pour tenter de la desserrer et l'homme recule de plus en plus. Je tente de parler mais rien ne peux sortir de ma gorge. Il serre encore plus et je sens mes yeux sortir de leur orbite. Je me débats tant bien que mal. Et tente de crier. Je ne peux pas atteindre mon téléphone. Je me débats comme une folle et tente de gigoter dans tous les sens, lorsque je sens que l'homme lâche légèrement son emprise, j'en profite pour rejeter ma tête en arrière d'un coup sec, ce qui lui arrache un grognement ; il relâche son emprise et je le pousse de toutes mes forces vers l'arrière, puis me retourne.

Alors je me fige ; je croise son regard et le reconnaît. C'est l'autre frère. Son regard noir et féroce est planté dans le mien, et il me donne la chair de poule. Sans que je puisse faire quoi que ce soit, il empoigne mes cheveux de sa grande main forte et me tire vers lui, puis me serre la gorge.

-Tu vas payer, me dit-il avec un léger accent, qui semble russe.

Sans prévenir, il me balance avec force contre le comptoir et tape ma tête plusieurs fois dessus, puis j'entends un bruit de lame, comme s'il en sortait une de sa veste .Une douleur atroce a éclaté dans mon crâne et j'ai l'impression que mes tempes vont éclater. Je ferme les yeux et n'essaie même plus de me débattre. Si la mort a choisi ce moment pour m'avoir, qu'il en soit ainsi. J'en ai marre de me battre. Ma vie n'en vaut pas le coup. A quoi bon se battre pour vivre une vie ou l'on doit se cacher et courir pour échapper à la mort ?

D'un coup, je me retrouve propulsée par terre avec force et mes genoux frappent le sol, m'arrachant un cri, je me retourne, horrifiée, tentant de comprendre quelque chose; pour voir James dans ma cuisine. Il se déplace gracieusement et fait virevolter sa longue veste marron foncé en se battant. Il donne un, puis deux, puis trois coups décisifs en plein dans le visage de mon agresseur, qui revient à la charge. Alors tout se passe très vite : James sort son arme et vise la gorge de l'homme, puis n'hésite qu'une seconde, avant de tirer en plein dans sa cible.Du sang gicle. L'homme est projeté en arrière et tombe lourdement au sol dans un bruit ragoutant. Je réprime une envie de vomir. Je ne sais même plus comment penser. J'ai l'impression que mon âme flotte à côté de mon corps.

James me dit quelque chose mais je n'arrive pas à entendre ; je fixe le cadavre au sol. Je remarque que les murs sont remplis de tâches de sang.

Une main forte m'empoigne et me redresse. Une fois debout, James me secoue doucement.

-Rose ! Gronde-t-il.

Je le regarde enfin et croise son regard froid. Son visage est de marbre ; il semble irréel.

-Va préparer tes affaires, on s'en va.

Il me lâche le bras et commence à tourner les talons, lorsque je me sens partir doucement. Je sens le sol se rapprocher au ralenti et durant ma chute, j'ai le temps d'espérer qu'elle me mènera à ma mort. Puis c'est le trou noir.

RosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant