The bad ones

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Je commence donc mon ascension vers les quartiers huppés de la ville et me dirige vers l'arrêt de bus. Je sens quelque chose d'étrange, une sensation qui m'entoure. Comme une mauvaise aura qui traînerait non loin. Je ne me retourne pas mais remarque que la rue ensoleillée est complètement vide. Je sors mon portable mais suis tirée vers l'arrière violemment et quelqu'un me plaque contre le mur, faisant tomber mon portable au passage. Je me prend brusquement le mur en béton dans le dos et cela m'arrache un râle, qui est vite étouffé par un gargouillis bizarre émit par ma gorge ; l'homme fait appui sur ma gorge avec son bras. Il me crie quelque chose, mais je ne comprends pas sa langue. Je tente de me débattre, paniquée et ne pouvant plus respirer.

-Je ne comprends pas ! Je hurle à l'homme après quelques secondes.

Il plante son regard vide dans le mien et se rapproche de mon visage, me regardant de haut en bas. Un frisson de peur me parcourt. J'ai l'impression d'être un poisson devant un requin aux dents aiguisées.

Il continue de me regarder, et je vois un bus venir de l'autre côté. Prenant mon courage a deux mains, j'attrape son poignet pour relâcher la pression mais cela ne fonctionne pas : il est bien trop fort. Il ressert son emprise sur ma gorge et me murmure quelque chose, alors je lui assène un coup de genou en plein dans les parties et il émet un grognement en tombant à genou sur le bitume. Je pars en courant et atteint pratiquement le bus, quand je fonce en plein dans un autre homme. Il y a une seconde d'incompréhension. Puis il m'attrape par les cheveux et me balance violemment contre le mur lui aussi. Je lui met une baffe et le repousse de toutes mes forces, puis cours à toute vitesse vers le bus, en faisant des signes au conducteur. Je n'ai jamais prié aussi fort pour que l'on me remarque. Il s'arrête finalement et me laisse entrer, toute essoufflée. Je vais me placer au milieu et me tient contre le mur, reprenant mon souffle. Mon dos, mon crâne et ma gorge me font souffrir comme jamais. Je sors la carte de James, les mains tremblantes, puis fais une rapide recherche et trouve son adresse en moins de deux. Il me fallait ensuite marcher vingt minutes. Bien. Je marcherais vite. Très vite.

**

J'arrive dans un bâtiment plutôt ancien et pas très bien entretenu ; il ne comporte que trois étages. En regardant les boîtes aux lettres, je vois que James habite au rez de chaussée, mais je me stoppe ; et si il était avec sa femme ? Avec sa famille ? Ou bien absent, en train de travailler ? Je tente quand même le coup et m'avance vers la deuxième porte du couloir et toque bruyamment. Instantanément, la porte s'ouvre sur l'officier Sellers... Avec une serviette autour de la taille. Il a le torse (incroyablement musclé) et les cheveux mouillés.

-Rose ?

J'ouvre la bouche mais n'arrive pas à parler, trop choquée de ce qu'il vient de se passer.

James remarque mon gilet déchiré et fronce les sourcils automatiquement.

-Qu'est-ce qu'il s'est passe ? Ils t'ont trouvée ? Demande-t-il en me regardant de haut en bas pour regarder si j'avais des blessures.

Je hoche alors la tête, toujours confuse.

Il me fait entrer en posant une main forte sur mon épaule et un immense loft s'offre à moi. A droite, un coin salon, avec un canapé, un fauteuil et une vieille télévision. A gauche une grande table en bois entourée de chaises. En face, à environ six mètres, une cuisine moderne rehaussée sur une petite estrade. Derrière le fauteuil, il y a une porte coulissante ; sans doute une chambre.

Je fais plusieurs pas jusqu'au canapé et fait grincer le vieux parquet, puis m'assoies sur le grand fauteuil. James ferme la porte à clé après avoir fait un rapide tour dans le couloir puis reviens quelques minutes plus tard, habillé et avec une trousse de premier soin.

Il s'agenouille devant moi et mon cœur loupe un battement ; il prend ma main et commence a désinfecter le dessus. Je n'avais même pas conscience que je saignais.

-Tu as des beaux ecchymoses sur la gorge, sort-il en me passant une lingette dessus. Il faudra mettre du fond de teint, j'imagine que tu souhaites garder cela secret.

Je suis surprise qu'il me comprenne.

-Vous êtes flic, vous ne voulez même pas prévenir mes parents ? Je lui demande en l'observant.

Il esquisse un sourire.

-Pas si tu peux te gérer toute seule. Mais il faudra qu'ils le sachent de toute manière. Et tu peux me tutoyer, ajoute-t-il.

Je hôche la tête et le regarde partir vers la cuisine. Il a une silhouette vraiment imposante et ses cheveux mi-longs lui vont parfaitement.

Je réalise que je ne sais même pas quel grade il a dans la police, ou même quel rôle il a dans l'enquête. Il y avait-il une enquête ?

-T-ont-ils dis quelque chose ? Me dit-il en s'essuyant les mains.

-Oui mais je ne comprenais pas leur langue.

Il hôche la tête et se penche sur le comptoir, les mains jointes.

-Arabes ?

-Oui, je pense. Mais il y avait plusieurs blancs lors de la fusillade.

Il hoche encore la tête puis plante son regard sombre dans le mien. Finalement, il part dans la pièce fermée avec une porte coulissante et revient avec un gilet bleu marine qu'il me tend. Je retire le mien et enfile le sien après l'avoir remercié.

-Je veux instaurer un protocole de protection de témoin, dit-il. De toute manière, avec ce qu'il vient de se passer, nous n'avons pas le choix. Comment t'es-tu sauvée ?

RosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant