Chapitre 23 : Un passé douloureux.

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Jeudi 27 Août 2017.

***Flashback***

Jasmine et Yaël s'étaient rencontrés il y a dix-huit ans. Elle, travaillait dans un supermarché au Maroc, et lui, l'avait rencontré lorsqu'il était venu en voyage d'affaires dans le pays. Ce fût un véritable coup de foudre et une évidence pour eux de fonder une famille rapidement. Trois ans plus tard, Jasmine donnait naissance à Leïla, âgée de quatorze ans aujourd'hui. Puis, ils eurent plus de mal à avoir leur second enfant. Mais à force de persévérance, six ans après, la mère accoucha du petit Ahmed. Et enfin, Jamel, qui venait de naître il y a quelques mois. 

C'était une véritable journée d'été à Hourtin-Port, caniculaire et étouffante. La plage était bondée de monde, on aurait dit une fourmilière géante qui évoluait sur les milliards de grain de sable jaune. Le couple et leur trois enfants créchaient dans la maison des parents de Yaël, à une dizaine de minutes du lac. Ils venaient de trouver une place sur le grand parking.

- Oublies pas ta planche Ahmed ! déclara Jasmine. T'a pris le panier des serviettes ? demanda-t-elle à son mari.

- Oui t'inquiètes pas j'ai tout, tiens porte ça, je vais prendre Jamel et le mettre dans le landau. 

- Leïla tu nous attends s'il te plait ! lança la mère à sa fille.

Les Torres partirent alors pour une magnifique journée ensoleillée. Ils avaient bronzé, joué, crié, construit des châteaux de sables, pleuré aussi. Surtout Jamel qui était vraiment petit, pour rester de longues heures ici, avec pour seul coin d'ombre le parasol. La famille ne rentra pas trop tard. Les enfants eurent tous le temps de se doucher avant que le reste de la famille arrive pour le grand repas de fin de vacances.

C'est la maman de Yaël qui avait quasiment tout préparé, à part le poulet qui avait été découpé par son mari. Leïla et Ahmed étaient en train de jouer à cache-cache dehors avec leurs cousins Samia, Lee et Thomas. Les frères et sœurs arrivaient au fur et à mesure. Ils étaient dix-huit pour cette grande fête qui aurait dû être simple et légère. 

Chacun prenait une assiette en plastique et se servait de la géante salade de riz. Les enfants faisaient des allers-retours entre le jardin et la terrasse et se nourrissaient de gâteaux apéritifs. Tout semblait aller pour le mieux. Les enfants semblaient être heureux sous ce soleil qui se couchait. Les adultes aussi étaient enchantés d'être ici, ils discutaient de politiques, du beau temps, de leurs enfants, de l'excellente cuisine de la maîtresse de maison. 

La nuit commençait lentement à tomber sur l'immense propriété des grands-parents Torres. Tous les enfants avaient regagné la table pour déguster les bonnes tartes, préparées ici encore par leur grand-mère. Yaël qui avait un peu trop bu avait décidé de mettre de la musique. Les couples dansaient ensemble, se déhanchaient au rythme des chansons qui se succédaient.

Quand tout à coup, on entendit une assiette se briser dans la cuisine. C'était la grand-mère qui s'était écroulée de tout son poids. Ses enfants avaient accouru à elle et Nabil, le cousin de Jasmine avait appelé le Samu. Ils dirent qu'ils feraient le plus vite possible. Mais quelques minutes plus tard, les malaises se succédaient sur la terrasse. Tout le monde s'étalait n'importe où, tout se passait terriblement vite et personne ne pouvait lutter. Au bout d'une demi-heure toujours aucun signe de l'ambulance et Il n'y avait plus que Jasmine, Yaël, Ahmed, Nabil et le grand père qui était éveillés. Malheureusement Nabil sentit son corps se ramollir, il tenta de s'agripper à Yaël mais il tomba malgré tout.

- Nabil ! Nabil ! hurla Yaël.

- Qu'est ce qu'on va faire putain, le Samu ne viendra pas, s'exclama sa femme.

- Restons calmes, on est encore là nous, précisa le grand père. Il faut qu'on les mette sur les matelas.

Ils commencèrent par soulever la grand-mère. Ahmed les observait ne comprenant pas ce qu'il se passait, comme tout le monde d'ailleurs. Puis ils s'occupèrent d'une tante, cependant pendant le transport de la femme jusqu'à la méridienne, Yaël ne la sentit pas respirer. Il pressa son pouls.

- Putain de merde elle est morte ! lâcha-t-il.

- Leïla ! gueula sa mère.

Ils se dirigèrent vers l'adolescente et heureusement elle respirait encore. Le grand-père s'écroula à son tour. Mais c'est alors qu'une voix les fit tressaillir.

- Eloignez vous d'elle ou je l'éventre ! ordonna Nabil, tenant le petit Jamel dans ses bras, endormi lui aussi.

- Nabil qu'est ce tu fais là arrête enfin ! s'égosilla Yaël !

- Ahmed monte dans ma voiture et attache toi, ordonna l'homme.

Le petit n'eut pas le choix que d'obéir à son grand cousin.

- Mais enfin arrête, pose notre fils, ce n'est qu'un bébé enfin ! cria Jasmine.

- Je ne veux rien savoir, déclara Nabil, le visage dépourvu d'émotions. Foutez Leïla avec Ahmed !

Le couple fut contraint de déposer leur fille sur la banquette arrière. En revenant Nabil avait monté son couteau au niveau de la tempe du bébé.

Il planta son couteau dans l'innocente créature et lâcha sa victime. Yaël, lui, sans pouvoir le secourir, s'effondra dans l'herbe humide. Le meurtrier démarra son véhicule avec les deux enfants à l'intérieur et il laissa derrière lui une Jasmine impuissante qui sanglotait avec son jeune bébé dans les bras, mort.

Une petite mélodie flottait dans l'air de ce monde archaïque et mutilé à jamais, où les braves personnes laissent place à de cruels mortels.

"Tout le monde souffre.
Trouve du réconfort auprès de tes amis.
Tout le monde souffre.
Ne lâche pas ta main.
Oh, non, ne lâche pas ta main.
Si tu as l'impression d'être seul, non, non, non, tu n'es pas seul."





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