Jour 10.
En cet après-midi du onze septembre, Ruby Tessier s'enfonçait un peu plus chaque jour dans le coma. Cela faisait dix jours qu'elle était dans cet état et aucun signe de réveil ne survenait. Cara venait lui tenir compagnie tous les jours depuis qu'elle était arrivée. Elle lui parlait pendant de longues heures, de leurs moments passés ensemble durant toutes ces années.
Tous ces événements avaient énormément rapproché Alison et son frère Loris. Ils passaient la plupart de leur temps ensemble à se balader dans le camp. Le garçon, suite à son accident de bus avait grandement perdu de l'audition à ses deux oreilles mais il gardait le sourire. Malgré cette réconciliation, leur mère était ailleurs et perdue. Dans ce camp de Bordeaux, elle errait les nuits en pensant à tous les épisodes qui venaient de se produire en moins de deux semaines. Que se serait-il passé si elle avait récupéré son fils à l'heure ? Alison aurait elle succombé à son coma ? Pourquoi avait-elle douté de Ruby ? C'est sa meilleure amie. Elle avait longtemps repensé à Will qu'elle avait trouvé dans le bus retourné et qu'elle avait complétement oublié dans l'euphorie de ses retrouvailles avec sa fille. Elle s'en voulait de tout cela à en mourir. Elle ne mangeait plus, n'arrivait pas à trouver le sommeil et cela inquiétait ses enfants.
Lorsque la jeune femme déboussolée sortit des chambres vertes, elle vît sa fille qui se baladait à vélo, un vélo rouge assez usé, avec Loris sur le porte-bagage. Les jumeaux rigolaient ensemble et Alison s'arrêta au niveau de sa mère lorsqu'elle l'aperçût.
- Ah t'es là maman ? demanda rhétoriquement la lycéenne.
Cara, abattue lui fit un signe de la tête en guise de réponse.
- Comment elle va ? se renseigna Alison.
- Comme d'habitude. Son état parait stable mais elle perd beaucoup d'énergie au fil des jours. Les médecins se savent pas comment font toutes ces personnes pour ne pas s'éteindre. Cette épidémie rend fou tout le monde.
- Il ne faut pas que tu perdes espoir maman, on est là, réconforta Loris.
- Je sais, mais c'est dur de la voir comme ça, lâcha Cara le visage accablé par tant de douleurs et de remords.
- Il faut que tu tiennes le coup, pour nous maman ! ajouta sa fille.
- Oui je sais, merci mes chéris.
***
Florian et son beau-père s'étaient eux pleinement acclimatés à la vie dans ce camp. Cependant quelque chose les obsédait. C'était Julie. Les téléphones ne marchaient plus à ce jour, tous les services téléphoniques étant hors-service. Ils avaient plusieurs fois demandé aux deux gardes, Yvon Carpentier et Scott Owens de leur ouvrir la porte mais ils étaient catégoriques : Toute entrée était définitive et aucune sortie n'était possible. C'est pourquoi aujourd'hui, Martin avait décidé d'aller voir Johanna Leroy, la "commandante" du camp, comme elle se faisait appeler.
Il toqua au grand bâtiment tout blanc, aux allures de mairie. Il fût surpris de voir Johanna ouvrir elle-même la porte. Comme toujours, celle-ci portait un ensemble très distingué. Un pantalon en toile noir comprimait ses longues jambes. Un chemisier blanc ornait sa discrète poitrine. Son carré blond cendré était d'une parfaite symétrie tout comme son visage dégagé. Elle souriait à Martin l'air à la fois innocent mais réfléchi. Tout le monde la respectait et semblait l'apprécier. Martin lui, se méfiait particulièrement de la jeune commandante. Sa démarche confiante et son regard persuadé lui faisaient se poser des questions. Mais là, il était venu pour lui demander tout autre chose : Pouvoir sortir du camp pour une journée et retrouver sa bien-aimée.
- Bonjour mademoiselle, lança Martin.
- Bonjour Martin, quel bon vent vous amène ? lui répondit Johanna.
- Eh bien à vrai dire, j'aurais un service à vous demander.
- Un service ? dîtes moi tout !
- Eh bien ma femme est à l'extérieur du camp et comme j'ai pu le comprendre on a pas le droit de sortir ! C'est quoi ce délire ? s'emporta trop rapidement l'ancien banquier.
- Je préfère garder toute la population de ce camp en vie sans prendre de risques, déclara Mlle. Leroy.
- Parce que sortir une journée retrouver sa femme, c'est prendre des risques ?
- Mais vous n'êtes pas au courant Martin ?
- Au courant de quoi ? s'interrogea l'homme.
- Eh bien tous les gens qui sont en dehors du camp sont devenus de vrais fous. C'est à dire qu'ils n'ont plus qu'une idée en tête : Tuer et faire du mal à toutes les personnes qu'ils rencontrent. C'est pour ça que nos raids à l'extérieur sont de moins en moins fréquents. Ils ont pour but de trouver des personnes n'ayant pas été sujet à leur coma ou des personnes en plein coma. Nos docteurs et infirmiers ont aussi remarqué que les personnes qui survivent à leur coma développent à chaque fois une capacité. Mais les personnes qui se réveillent sont rares.
- Mais... Mais vous voulez dire que tout le monde va tomber dans le coma un jour ou l'autre ? lâcha Martin complétement sonné par ces révélations.
- Malheureusement oui, c'est inévitable.
- Alors vous devez me comprendre, je dois aller retrouver ma femme, je vous en supplie !
- C'est d'accord ! annonça Johanna.
Martin fût surprit de ne pas avoir eu à insister plus longtemps.
- Trois hommes viendront avec vous pour vous aider. Votre femme est sûrement en danger, vous aurez besoin d'aide pour la retrouver. Vous partirez demain à six heures, rendez vous devant la grille, ajouta la jeune femme qui n'avait pas cessé de sourire depuis le début.
Martin la remercia et s'en alla. Il ne pensait pas qu'elle aurait eu de telles réactions mais s'en réjouit finalement car demain il allait à l'évidence serrer sa femme dans les bras.
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COMA
Science FictionVenez suivre les aventures de différentes familles qui survivent dans un monde touché par une épidémie faisant tomber la population dans le coma, n'importe où et n'importe quand. Comment cela est-il arrivé ? Est-il possible d'y échapper ? Qu'arri...