Chapitre 31 : Se relever.

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Jour 17.

Quelques jours après le terrible massacre, Florian avait réuni tous les habitants du camp, exceptés les comateux. Malgré son âge, il possédait une certaine assurance à l'oral. C'est pourquoi en ce début d'après-midi, il décida de prononcer un discours.

- J'étais là, j'étais présent lors des événements qui ont conduit la perte de deux de nos membres, Jasmine Torres et Brice Garcia. Avant de poursuivre, je vous prie de bien vouloir leur accorder une minute de silence.

Tout le monde se tut jusqu'à attendre le signal de l'adolescent. Il reprit : 

- Leurs morts ne doivent pas servir de prétexte pour que l'on s'enfonce dans la peur, l'angoisse et la tristesse. Au contraire, nous devons leur rendre hommage de la meilleure des façons. C'est à dire en se battant, car oui, nous sommes encore là, vivants, ce camp tient toujours debout, comme tout le monde ici.

Yaël avait la tête baissée. Il ne parlait plus à personne depuis la mort de Jasmine. C'était la seule personne qui lui restait. Même si ses deux enfants avaient été enlevé, pour lui ils étaient sûrement morts. Lorsque Julie et Eden avait secouru le groupe lors de cette macabre soirée, Yaël n'avait pas pu s'empêcher de lâcher le corps de sa femme qui se refroidissait petit-à-petit. C'est lui qui avait tenu, seul, à creuser le trou de sa tombe. Il passait des heures, parfois même des nuits à pleurer. Il était dévasté.

- Maman, Eden, nous ne pourrions jamais assez vous remercier d'être arrivés à ce moment-là. Sans vous... Bref, le plus important est que vous soyez intervenus.

Florian les cherchait du regard au milieu de la foule qu'il surplombait. Il vit qu'Eden avait prit la main de sa mère. Elle ne pouvait pas retenir ses émotions. La proximité des deux individus l'interloquait. D'autant plus que Martin était tombé dans le coma suite à la blessure que Johanna lui avait administré. Il se dit qu'il se faisait des films et poursuivit son discours.

- Nous devons tenir le coup, surtout pour ceux qui sont dans le coma et que personne n'en connaît l'issue, reprit-il.

Dans les chambres vertes, plus d'une trentaine de personnes comataient dont Ruby l'amie de Cara. Les jumeaux ainsi que Jacob qui demeurait présent pour Cara, se relayaient pour aller la voir. William, qui était dans le coma depuis l'accident de Loris faisait aussi parti de ces gens-là. Tout comme les sœurs Bennett, Alexandra et Clarisse. Les comateux s'accumulaient et Maëva, qui n'était qu'une simple interne lorsque le virus s'était propagé, tentait au mieux de s'occuper de tous ces patients et de rassurer leurs proches comme elle le pouvait, même si elle n'en savait pas plus qu'eux.

Quelques jours plus tôt, c'est Cara et Alison qui avaient dû annoncer le décès si soudain de Brice à sa femme Angie. Celle-ci s'inquiétait de ne pas voir rentrer son mari qui aurait dû être là depuis deux heures. Les deux Lefebvre avaient pénétré dans sa maison, trouvant une Angie complétement désorientée.

- Angie, tu es là ! dit Cara, pour lui annoncer la présence d'elle et sa fille.

- Oui vous n'avez pas vu Brice, il est introuvable depuis des heures ! proféra la femme.

Alison et Cara se regardaient, ne sachant pas comment annoncer la chose. Cara se lança :

- Angie assied toi s'il te plaît.

- Quoi ! Pourquoi ? Qu'est ce qu'il se passe ? Il est où ? répliqua Angie qui commençait à comprendre sans vouloir y croire.

- Johanna est devenue folle, reprit Alison. Elle a complétement pété un plomb et ...

- Et quoi Alison ? Quoi ? renchérit Angie.

Les larmes d'Alison montaient et sa voix tremblait.

- On était tous impuissants. Elle a tiré au hasard, je suis désolé.

- Non, non c'est pas possible, pas lui, implora Angie en s'écroulant dans les bras de Cara.

- Comment je vais faire sans lui ! s'écria la jolie blonde. Je suis enceinte.

Johanna Leroy n'était sûrement pas comme cela avant que ce foutu virus ne vienne tout bouleverser. Mais ce qui est certain, c'est qu'elle avait brisé deux couples. Celui des Torres et celui de Angie et Brice Garcia. En plus de cela, elle courait toujours.

A la fin de son discours Florian avait les larmes aux yeux en voyant tout ce monde désemparé face à toutes ces horreurs qui arrivaient. Malheureusement cela ne faisait que commencer. Florian proposa à son auditoire d'élire un nouveau responsable du camp. A l'unanimité Jacob Phelps fut choisit. Sa force de caractère et sa gentillesse envers chaque habitant dirigea naturellement toute la population vers lui. Il en fut honoré et promit de tout faire pour tenter de faire prospérer une vie plus agréable.

Guère loin d'ici, aux chambres vertes, Maëva, aidée d'Emily, changeait les tuyaux respiratoires de Martin ainsi que son bandage au thorax. La blessure était assez ouverte et il avait de la chance d'être encore en vie. La jeune infirmière avait appris à Julie et Florian qu'il n'avait qu'une chance sur deux de s'en sortir, s'il l'on prenait en compte seulement le facteur de la blessure. En effet, si l'on ajoute à sa situation le virus, ses chances de réveil dans un état décent étaient faibles. Au même instant dans la chambre voisine, un bip retentit. Mais pas n'importe lequel. Maëva et Emily s'y rendirent dans la seconde. C'était Clarisse qui convulsait, son cœur était en train de lâcher. Maëva demanda à Emily de reculer. Cette dernière regardait impuissante et sanglotant la téméraire infirmière réaliser un massage cardiaque à son amie. Après de multiples efforts, elle s'arrêta.

- Je suis désolée, c'est terminé ! révéla Maëva, épuisée.

Emily, toujours en larmes, prit la main de la sœur de la défunte (Alexandra) et lui demanda de revenir. Elle ne pouvait pas toutes les deux y passer. Seul l'issue de son coma révèlera le sort de la dernière sœur Bennett.

COMAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant