Chapitre 26 : Expédition.

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Jour 11.

Il faisait encore nuit noire lorsque Martin se rendit au niveau de la géante porte d'entrée du camp. Il avait embrassé son beau-fils Florian avant de s'échapper de sa nouvelle demeure à l'allure d'un petit chalet de vacances pas très spacieux. Il lui avait promis de retrouver sa mère saine et sauve.

Il aperçut dans la pénombre trois hommes qui l'attendaient : 

- Monte devant ! adressa Yvon à Martin.

Tout au long du trajet, l'ex banquier dirigeait le conducteur de l'expédition jusqu'à son ancienne maison. Yvon et Scott en avait profité pour se confier sur leur passé.

- J'étais dans l'armée avant que tout ça commence, dévoila Scott. Dans l'armée de terre. On faisait que bouger avec ma femme et notre fils.

- Ils leur ai arrivé quoi ? demanda Martin se sentant concerné.

- Si seulement je le savais.

Un silence s'installa, mais Yvon le brisa : 

- Moi, j'étais agriculteur dans les terres profondes de la région. J'ai perdu ma femme il y a deux ans, à la suite d'un cancer. Mes enfants, eux, je... je... 

- Si c'est trop dur pour toi, je comprends ...

- Non, c'est bon. J'ai pu les enterrer dans mon jardin. J'espère qu'ils reposent en paix. Je suis content qu'ils n'aient pas à vivre dans ce monde. Et toi Martin ? Dis nous tout.

- Eh bien, j'étais banquier dans la banlieue bordelaise. Je m'occupais de la paperasse et tout le reste vous voyez, rien de très passionnant. Au fait, tenez ! fit l'homme en leur tendant une photo de sa compagne. Elle ressemble à ça.

- On va la retrouver t'inquiètes pas, rassura Scott.

Le gros 4x4 noir roulait au ralenti dans la rue où Julie et Martin habitaient il y a quelques jours encore. Une certaine appréhension gagnait Martin. Une boule dans son ventre s'était formée. Il baissa le pare-soleil lorsqu'ils atteignirent le devant de l'allée.

- C'est cette maison déclara-t-il. Je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas sa voiture garée au bout du chemin. 

- On dirait qu'elle est habitée par des squatteurs.

- Il faut qu'on aille voir si elle est à l'intérieur, lâcha Martin, l'espoir brillant dans ses yeux.

- C'est trop dangereux, on ne sait pas combien ils sont dedans, ils sont peut être tous devenus de vrais tueurs, contredit Scott.

- Ecoutez, on est pas venus ici pour rien. Avec un peu de chance, ils dorment tous. Et si ils retiennent ma femme, il faut que j'aille l'aider.

Martin chargea le flingue qu'on lui avait prêté pour ce sauvetage et ouvrit la portière sans faire de bruit.

- Attend nous ! lancèrent Scott et Yvon. 

Ils firent signe au conducteur de la mission de rester dans la voiture. Les trois hommes longèrent les buissons de la propriété et se trouvèrent derrière la maison qu'ils longèrent aussi. Martin se mit a zieuter par la baie-vitrée. Un homme se trouvait allongé sur le canapé. Il l'indiqua à ses deux camarades et compta jusqu'à trois avec ses doigts. L'instant d'après, ils défoncèrent la vitre et pointèrent leur arme sur l'homme qui se réveilla en sursaut, ne sachant que faire. Scott le maitrisa pendant que Martin et Yvon allèrent voir à l'étage. Aucun âme humaine ne s'y trouvait, seule une tâche de sang séchée. Martin descendit les escaliers à vive allure et plaqua l'inconnu contre un mur :

- Tu l'as tué c'est ça, tu l'as buté connard ! Elle est où putain, elle est où ? hurla Martin.

- Je... je ne sais pas de qui tu parles mec ! 

- Arrête de mentir, elle habitait ici avant toi ! 

- J'te jures je suis seul depuis le début, je n'ai vu personne depuis que je suis là, je m'en vais si vous voulez, je veux pas d'emmerdes ! communiqua l'homme.

- Martin, il dit la vérité j'penses, c'est désert ici, assura Yvon.

Martin lâcha brusquement l'homme et le fit tomber par terre.

- Qu'est ce qu'on fait alors si elle n'est pas là ? demanda Martin complétement dépité.

- On va commencer par faire ça, formula Scott en dégommant la tête de l'inconnu.

- Mais, qu'est ce t'as fais bordel ! gueula Martin, ahuri.

- Il avait l'hématome caractéristique des fous, dans sa nuque. On ne pouvait rien pour lui, il représentait une menace.

Martin, bien que déconcerté par ces évènements ordonna aux hommes qu'il fallait se rendre au cimetière.

- Son père s'est fait enterré récemment, elle est peut-être là-bas.

- Ça fait pas partie du plan, Martin.

- S'il vous plait, vous pouvez faire ça, supplia-t-il.

Ils repartirent dans la voiture et ordonnèrent au chauffeur de rouler jusqu'au cimetière.   

Arrivés là-bas, la brume matinale et effrayante qui occupait les lieux angoissa Yvon. Il décida de rester avec le conducteur. Scott et Martin pénétrèrent sans bruit. Ce dernier guida Scott à la rangée des "A", à l'ouest du cimetière. Malheureusement pour Martin, personne ne s'y trouvait. Néanmoins, quelque chose attira son attention. Un bout de tissu virevoltait près de la tombe de son beau-père.

- C'est la chemise de Julie, je la reconnais, j'en suis sûr ! expliqua l'homme.

- Ecoute, Martin, même avec ça, on ne peut pas la retrouver.

- Mais si, elle doit être pas loin, j'en suis sûr ! affirma Martin, les larmes coulant.    

- Je suis désolé Martin, elle sait où tu te trouves, elle viendra te rejoindre. On ne peut rien faire, il faut que tu te rendes à l'évidence. Elle est dans la nature et en vie j'en suis sûr moi aussi, vu comment tu nous la décrite.

- Je ne peux pas faire mon deuil, si je ne l'ai même pas retrouvé putain, proféra Martin en s'écroulant dans les bras de l'ex militaire.

Celui-ci le ramena jusqu'au véhicule de la mission où Yvon et le chauffeur les attendaient. 

- On rentre au camp, déclara Scott.

Durant tout le chemin du retour, Martin sanglotait contre la vitre du côté passager avec le sentiment d'avoir tout perdu.

Une petite mélodie flottait dans l'air de ce monde archaïque et mutilé à jamais, où les braves personnes laissent place à de cruels mortels.

" Si nous refaisions encore tout le chemin depuis le début, j'essaierais de changer les choses qui ont tué notre amour. Ta fierté a bâti un mur, si fort que je ne peux le traverser. N'y a-t-il vraiment aucune chance de recommencer encore une fois ? "





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