Chapitre 16

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« C'est mon frère... » Les sanglots revinrent, même si je tentais de les calmer à tout prix. Se voulant rassurant, Michael posa gentiment ses lèvres sur mon front. « Je pense que tu l'auras compris, mais... on n'entretient pas vraiment une bonne relation... » fis-je sans facilité. « Pourquoi ? » insista-t-il gentiment.

Je relevai la tête, le visage trempé de larmes. « Michael... Si je suis partie... c'est parce... » J'essuyai mes larmes encore une fois, pris le temps d'inspirer, de souffler en fermant les yeux, de m'assurer que je ne recommencerai plus à pleurer, puis repris. « Il... Tu vois, il a toujours été assisté par ma mère... Il ne faisait rien d'ses journées, il restait à la maison, il dormait... Mangeait... Ma mère était un peu le pilier, qui maintenait la famille... Puis, à un moment, il s'est mis à aller jouer aux jeux d'argent, et quand ma mère est morte, il s'est mis à dealer à cause de mauvaises fréquentations... Tu sais, il a un bon fond, vraiment. C'est quelqu'un de gentil... Mais j'sais pas, par exemple, si j'avais des amis garçons, un petit-ami, ou quoi que ce soit... Il m'aurait tuée depuis longtemps... Et maintenant, sans ma mère, il a besoin d'argent, et je suis la seule qui puisse lui en passer... À lui et à mon cousin... »

Michael me regardait avec de grands yeux compatissants. « Si je voulais que tu m'emmènes, c'était parce que j'avais peur qu'ils me retrouvent... S'ils savent où je suis, je suis morte... Littéralement... »

Je détournai la tête, honteuse, mais il me la fit pivoter à nouveau vers lui d'un doigt sous le menton. « Écoute-moi bien, Shamone. Tant que tu seras avec moi, personne, je dis bien personne, ne te touchera, et encore moins essaiera de te faire du mal. Ça peut être ton frère ou ton cousin, je m'en contrefiche. Ils te toucheront pas »

Je m'efforçai de lui offrir un timide sourire alors qu'il recommençait à me câliner. Michael ne pourrait jamais les arrêter, ils sont plus vieux et baraques que lui, s'ils savaient que je vivais avec lui, il serait mort lui aussi.

« Et puis, on est à Gary ici. Aucun risque que quelqu'un t'y trouve ! » rit-il. « Merci, Michael... – À vot' service mamzelle ! » Je gloussai sincèrement, amusée. « Bon allez, dodo maintenant. Fais plaisir à papa » pouffa-t-il.

Je me réinstallai donc sous la couette alors que lui s'était relevé. « Excuse-moi, pour vous avoir dérangé, toi et Janet... – T'inquiète pas pour ça, Sham'. J'crois qu'elle a un peu l'habitude... Et puis je dormais pas, de toute manière... Être dans ma maison d'enfance, mon père, ma mère pour qui j'ai eu très peur... Enfin bref, je sens que ça va être compliqué... » soupira-t-il la tête basse, près de la porte.

J'avais une idée mais j'étais un peu gênée de la lui avouer. « Euh... Michael ? – Hm ? – Euh... J'crois que la nuit va être difficile pour nous deux... Tu veux dormir ici... ? » proposai-je timidement.

Il sourit, puis revint vers le lit. Soulagée, je me reculai pour lui faire une place qu'il s'empressa d'occuper. « Tu veux que j't'avoue un truc » me chuchota Michael. « Hm ? » Il était face à moi, et en ouvrant légèrement les yeux, je vis qu'il avait lui aussi les yeux ouverts. « Moi aussi... J'ai fui... J'ai jamais osé affronter mon père... J'voulais mettre un terme à ce groupe, ça ne m'intéressait pas. Et j'suis parti, un beau jour, j'ai quitté la maison... » avoua-t-il. « Je n'en pouvais plus... Il me collait de trop... Lui aussi a un bon fond, mais il agit bizarrement... Il veut pas être considéré comme un vrai père... – Pourquoi l'appelles-tu Joe et non papa ? » demandai-je enfin, intrigué. Il laissa un long silence avant de répondre timidement : « Je te l'ai dit, il veut pas être considéré comme un père... »

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