Chapitre 18

233 18 6
                                    

« Très drôle... » soupirai-je en levant les yeux. « Mais j'suis sérieux ! » força-t-il. « Comment j'pourrais t'croire alors que... – Sham'... Je ne plaisante pas. »

Il avait pris une voix grave et avait plongé ses yeux bruns dans les miens, et c'est ainsi que j'ai pu voir en lui son honnêteté. « Te souviens-tu du film qu'on est allés voir à deux, avant la rentrée ? » J'acquiesçai, obnubilée par son visage. « Si tu veux tout savoir, je n'aime pas Alicia, j'ai voulu faire comme dans le film... » entama-t-il. « Je l'ai utilisée pour te rendre jalouse, et ça depuis le début... »

C'était la première fois de ma vie qu'on me disait cela, qu'on disait qu'on voulait être mon copain. Je n'arrivais pas à contrôler les pulsations de mon coeur, c'était une sensation nouvelle... « C'est pour ça que j'aimais bien faire semblant d'être ton petit-ami afin de te protéger contre Grey... Parce que dans ma tête, c'était pas faire semblant... » ajouta-t-il.

On continuait de se fixer, sans jamais détacher nos yeux de l'autre. « Et si j'ai embrassé Alicia, c'était pour faire ça un jour... » Il s'avança plus encore pour m'embrasser, mais je le stoppai à temps, ce qui a valu un Michael contrarié. « P... – J'peux pas Michael. Et tu le sais tout autant que moi » finis-je par dire. « Pour ton frère ? » s'indigna-t-il, touché. « Laisse tomber » abandonnai-je.

Je partis dans ma chambre pour m'y enfermer et dormir jusqu'au lendemain, les larmes aux yeux.

Lorsque je me réveillai, Michael n'était pas là. Peut-être était-il allé faire quelques courses ou je-ne-sais-quoi encore. Mais après tout, ça ne me dérangeait pas plus que ça. Tant que je pouvais éviter de le croiser...

J'étais assise sur mon lit depuis environ une heure, fixant mon sac qu'il m'avait offert la veille. Et je réfléchissais.

Je n'avais jamais eu un petit copain, et après avoir écouté des dizaines de personnes me parler de leurs déceptions amoureuses et de leurs chagrins d'amour, sortir avec quelqu'un ne me faisait vraiment pas envie. Voire même, j'en avais un peu peur.

Et puis il y avait Yann. S'il me trouvait, il allait me torturer jusqu'à la fin des temps. S'il apprenait en plus que j'habitais en colocation avec un garçon, il allait me tuer sur place. Et si, pour finir, il savait que je sortais avec ce dit garçon, il abandonnerait mon cadavre dans la forêt où il le ferait brûler pour ensuite éparpiller les cendres aux quatre coins du pays. Évidemment, dit comme ça, c'est plutôt drôle. Mais j'avais tout sauf envie de rire, à ce moment-là.

Je sursautai en entendant la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer. Je devinais que Michael était rentré, et, honteuse, je me rendis lentement jusque dans la cuisine. « Hum... J'ai acheté des pizzas... » m'avoua-t-il avec un petit sourire forcé que je m'efforçais de lui rendre.

Il les posa sur la table et s'y installa pour ouvrir les boîtes en carton, sans oser me regarder ni parler. J'aurais payé cher pour qu'on me sorte de ce moment plus que gênant. Je ne savais si je devais rester immobile, silencieuse, ou si au contraire, je devais agir normalement.

S'il n'y avait aucune contrainte, comme par exemple, mon frère et mon cousin ou encore, la tradition qui dit de ne pas avoir de copain avant d'être certaine que ça soit le bon et de se marier rapidement, j'aurais probablement dit que je voulais être sa copine... Mais c'était dur... Trop dur pour aller à l'encontre de tout ce qu'on m'avait enseigné. « Merci » dis-je simplement en m'installant en face de lui.

Il avait le regard baissé sur les pizzas, l'air pensif. Le voir comme ça me fendait le coeur, je ne l'avais jamais vu aussi abattu. Même la dispute avec son père ne l'a pas rendu à ce point aussi vulnérable. « B-bon appétit » entamai-je timidement, avant de prendre une part préalablement coupée.

Action ! [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant