Chapitre 1

722 34 25
                                    

L'avion dans lequel j'étais m'emmenait à Los Angeles où je devais me rendre pour mes études. J'avais été prise en licence audiovisuelle et cinéma, ayant pour vocation d'être reporter. J'avais trouvé un hébergement assez facilement, se situant à quinze minutes de cette université.

« Je peux m'asseoir ? » J'étais à deux doigts de m'endormir, bercée par les mouvements de l'avion, quand une femme s'installa sur l'autre place.

En repensant à la grande chance que j'avais eue, – bien que j'aie travaillé durement ces dernières années pour avoir un dossier impeccable – cela m'excitait. De plus, le fait de pouvoir vivre loin de ma ville natale, indépendante et libre, serait une magnifique expérience. C'était la plus belle des récompenses que de savoir que dans quelques années, je pourrai vivre de ma passion. J'aimais écrire, réaliser, monter, aider et voyager, c'étaient les seules choses qui m'importaient dans ce monde.

Quelques heures plus tard, l'avion atterrit, et je pus enfin poser mes pieds sur la terre ferme. Après avoir récupéré ma valise rouge, j'envoyai un message à ma future colocataire que je ne connaissais pas encore. Elle s'appelait La Toya, ce qui est, je l'accorde, un drôle de nom, mais elle paraissait vraiment gentille par message.

Moi: Je suis à la gare. Quel bus dois-je prendre pour arriver devant le studio ?
La Toya: Tu dois prendre le bus B. Mais, je ne sais pas comment te dire ça... Enfin, tu verras une fois là-bas.

Son dernier message me laissa perplexe. Je ne le comprenais pas, et pour dire vrai, je n'avais pas la tête à chercher sa signification pour le moment. J'accourus à l'extérieur de la gare pour ne pas manquer ce fameux bus, avec ma valise à roulette et la pluie qui cognait ma tête.

Je m'approchai du mur pour lire les horaires, et c'est par la plus grande des malchances que je vis que le bus B arriverait dans une heure trente. Je pris donc l'initiative d'appeler un taxi, histoire de ne pas déranger en rentrant trop tard dans le studio. De plus, j'étais très fatiguée, et je n'avais pas le courage de rester dehors à attendre aussi longtemps.

Quand la voiture fit son apparition, je m'avançai et le conducteur prit ma valise pour la mettre dans le coffre, en me proposant d'entrer pour m'asseoir sur le siège passager. C'était sous un silence pesant que le voyage se fit, et c'était sous une grande satisfaction que j'arrivai devant la maison, qui était ma foi assez mignonne. C'était une sorte de mini-maison. Après avoir payé l'homme et avoir repris mes affaires, je m'approchai de cette habitation et toquai à la porte.

Quelques minutes après, j'entendis de derrière la porte une voix d'homme crier « J'arrive ! » Un homme à la peau foncée et à la coupe afro se présenta à la porte, tout sourire.

J'étais totalement confuse et perdue, ça devait probablement se lire sur mon visage. Je ne compris pas la situation de suite, pensant m'être trompée de destination. « Oh, bonjour ! »

Je revérifiai le message de La Toya indiquant son adresse, et apparemment, j'étais dans la bonne rue, et au bon numéro... Elle a sûrement fait une faute de frappe ? « Excusez-moi, j'ai dû me tromper. C'est censé être... »

« ...Une femme, oui » me coupa-t-il, timidement. « Elle ne vous a pas dit ? » s'étonna-t-il. Dans l'incompréhension, je fronçai les sourcils, pour lui demander plus d'explications de par mon visage. « Il pleut des cordes. Entre, je t'expliquerai. » Il parlait précipitamment, comme s'il avait peur d'oublier ce qu'il avait à dire. Sa voix était douce, bien différente des autres hommes de son âge...

Il me laissa donc entrer, avant de refermer la porte, et d'isoler le bruit qui se faisait insistant à l'extérieur. Entre voitures, klaxons, et pluie, on ne s'entendait plus parler. C'est dans un silence apaisant qu'il m'emmena dans le salon. La maison devait faire quatre-vingt mètres carrés tout au plus. « Tu veux boire ? » Je secouai gentiment la tête. Je voulais simplement qu'il réponde à mes questions.

Il s'assit face à moi, sur un sofa, et posa ses mains sur ses cuisses en les frottant, tout en pinçant ses lèvres. Il me regarda enfin, et entama la discussion. « La fille avec qui tu devais héberger, La Toya, bah c'est ma soeur. Et en fait, il y a quelques jours, elle m'a dit qu'elle avait trouvé un autre studio, plus proche de son lieu de travail mais que malheureusement, elle ne pouvait pas changer à la dernière minute. Alors, je lui ai proposé de la remplacer, parce que d'un côté ça m'arrangeait, mon école n'est pas loin d'ici. Mais, si ça te dérange, je la recontacte et... »

Je le coupai précipitamment, souriante, pour éviter qu'il ne soit davantage mal à l'aise. « Non, ne t'inquiète pas. Ça ne me dérange pas. » Il me sourit amicalement.

J'avoue, j'avais menti. Mais je ne pouvais pas lui dire que je voulais que ça reste comme au début, et que je préférais sa sœur au lieu de lui. Il avait l'air gentil, en plus. « Je te fait visiter ? » me proposa-t-il, souriant.

« À une condition » Il plissa les yeux, marquant son incompréhension. « Laquelle ? » demanda-t-il, réticent.

« Eh bien, si on est en colocation tous les deux, ça serait stupide de ne pas s'échanger nos prénoms, non ? » Il acquiesça, soulagé, puis me sourit à nouveau de ses belles dents blanches, tout en rigolant légèrement.

Il se leva de sa place, je fis de même, et il me tendit la main. « Je suis Michael... Michael Jackson » Je rendis sa politesse, me présentant à mon tour. « Enchantée. Je m'appelle Shamone. Shamone Fromage »

Il me fit alors visiter, même s'il n'y avait presque rien à visiter... En ouvrant la porte d'entrée, juste à notre droite, il y avait un bar, à notre gauche, une petite bibliothèque, des poufs, des tapis, des sofas et une petite télévision. Devant, il y avait une table et au fond, des portes vitrées qui menèrent à un petit jardin verdoyant. Puis, à gauche, à vu d'œil, on pourrait penser à une grosse armoire. Mais en ouvrant les portes, on atterrissait directement dans une grande chambre avec un lit à eau. C'était la chambre de Michael. Elle était magnifique. Et il y avait exactement la même pièce en face de celle-ci, qui était à présent ma chambre. Entre le bar et ma pièce, on avait un couloir étroit qui menait à une salle de bain à l'italienne, et à deux petites pièces pour les toilettes, sans oublier, une petite salle cinéma, avec un vidéo projecteur et un large fauteuil. Les meubles étaient magnifiques, et le style aussi. La Toya savait très bien ordonner un studio.

« Waw, c'est magnifique. On est bien à trois cents dollars chacun par mois, n'est ce pas ? » Il pouffa, ce qui me mit mal à l'aise. « Oui ne t'en fais pas, c'est exactement ça. » Il sourit puis alla s'asseoir devant la télévision tandis que j'allais dans ma chambre pour défaire ma valise. Michael avait pris soin de l'emmener dans ma nouvelle chambre, c'était gentil.

Sans m'en rendre compte, je passai toute la fin de journée à ranger mes affaires et à essayer de rendre l'endroit plus personnel. C'est vers sept heure du soir qu'on toqua à ma porte. C'était sans aucun doute Michael. « Entre. »

Il ne se fit pas attendre pour ouvrir la porte et contempler les lieux. Il avait un sourire en coin. « C'est ça, moque toi » le taquinai-je. « Nan, j'aime bien. » Il s'avança vers mon lit et contempla les murs, là où j'ai accroché des posters de film à voir, ou que j'ai aimé. « The Kid ? »

J'acquiesçai. « Un pur chef d'œuvre. – Je ne te le fais pas dire » répliqua-t-il en me lançant un clin d'œil.

Après un court laps de temps, il reprit. « Ah oui, si je suis venu, c'est pour te dire que j'ai fait un repas. » Je le remerciai et le suivis jusqu'à dans la cuisine. Quand il sortit le plat du four, je le regardai perplexe, tentant de ne pas rire à cette scène purement comique. Il avait des gants de cuisine pour ne pas se brûler, et un tablier.

Il me servit alors une assiette de gratin, et s'installa face à moi. Il mordit sa lèvre inférieure en regardant son assiette, et je ne savais comment réagir... Le plat était totalement cramé. « Euh, bon... Appétit » fis-je de mon plein gré. Il se tut un instant et se leva brutalement.

« Nan arrête, mange pas ça. J'ai voulu faire les choses bien mais je ne sais visiblement pas cuisiner... » Ne pouvant m'en empêcher, j'éclatai de rire. Clairement, je m'étais retenue beaucoup trop longtemps. Pensant que je me moquais de lui, il croisa les bras en me regardant méchamment. Je me calmai ensuite, et lui proposai de commander une pizza. « Ouais, peut-être. On va faire ça... »

Manifestement, ce gars était hyper gentil et attentionné. D'un côté, je suis contente que La Toya ait trouvé un autre endroit, parce que je me suis fait un ami, Michael.

Action ! [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant