Chapitre 61

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Je tenais fermement Hurry dans mes bras, gênée au plus haut point. J'aurais voulu me réfugier au près de Michael, finalement, mais il avait l'air de m'en vouloir encore de l'avoir en quelque sorte repoussé quelques secondes plus tôt. De quoi tendre l'atmosphère encore plus...

« On va aller ranger nos affaires, nous. Hurry est crevée, en plus... » prétextai-je. Je fis signe à Michael de me rejoindre et ne perdis pas une seconde pour me diriger vers notre chambre habituelle.

« C'était quoi, ça ? Pourquoi tu m'as rejeté comme ça ? » m'interrogea Michael aussitôt la porte fut-elle fermée. « Le prends pas mal, je me sentais juste pas à l'aise... » m'excusai-je en tombant assise sur le lit, Hurry toujours dans mes bras.

Ça faisait un moment que nous n'étions pas revenus en France. La dernière fois, j'étais encore enceinte, et nous venions de trouver un prénom. C'était donc la première fois qu'Hurry venait en France. Du moins, depuis l'extérieur de mon utérus.

« Ouais, je crois que tout le monde l'était. Ça promet, dis donc... » soupira-t-il en s'asseyant à mes côtés. Hurry regardait autour d'elle avec curiosité, captivée par ce qui l'entourait. Je finis par la soulever à nouveau pour la porter jusqu'à la fenêtre depuis laquelle on avait une vue imprenable sur Paris.

Elle regardait tout ça avec de grands yeux émerveillés, ce qui me fit sourire de toutes mes dents. Je lui embrassai la tempe alors que Michael me rejoignait encore. « Va falloir que tu aides ton père et ton frère à se réconcilier, parce que j'ai l'impression que ça va pas être de la crème » affirma-t-il.

Je ne répondis rien, continuant de caresser le crâne de ma fille avant de poser mon visage contre sa tête, fermant les yeux comme si cela pouvait m'aider à tout oublier.

« Hm... » grognai-je. « Ouh... Tu m'as l'air crevée, toi... » s'inquiéta mon mari en m'entourant la taille. « Un peu... » approuvai-je. « Bon bah repose-toi, je m'occupe de tout. Je te réveillerai pour le dîner » me força-t-il à m'allonger.

L'ambiance était encore pesante. On n'entendait que les couverts qui s'entrechoquaient dans les assiettes. Il fallait détendre l'atmosphère. « Alors, ton groupe en est où ? » questionnai-je Arthur. « Notre deuxième album sort en mars ! » annonça-t-il fièrement. « Et vous ferez une tournée quand ? » s'intéressa Michael. « C'est pas encore prévu... » rit-il nerveusement.

« Et Paul ? L'école ? – Tu fais vieille, avec tes questions ! Y'a que les mamies et les grandes-tantes qui demandent ça ! » râla l'adolescent. On rit tous (sauf Michael qui n'avait pas compris le Français) tandis que Yann jetait un regard tueur à son demi-frère.

« Du pain ? » lui proposa timidement Marie en anglais afin de ne pas paraître malpolie face à Michael. Il la fixa méchamment, puis détourna le regard sans prêter attention à ce qu'elle venait de lui dire, ce qui la mit bien vite mal à l'aise. Je n'en pouvais plus.

« Non merci, c'est pour les chiens ? » crachai-je en Français. « Toi tu fermes ta gueule, personne ne t'as rien demandé » répliqua-t-il les dents serrés. « Oh ! » intervint mon père. « Toi aussi ! T'es qu'un sale enfoiré ! T'as laissé ta propre femme crever, et ses enfants dans la merde ! T'as vu ce que j'suis devenu par ta faute ?! » gueula-t-il en pétant soudain un câble. « J'en ai rien à foutre de toi putain ! J'sais pas pourquoi j'suis ici, j'veux m'casser ! »

Michael, bien qu'il ne comprenait pas un mot, prit l'initiative de prendre Hurry sur ses genoux pour lui boucher les oreilles. Marie, Arthur et Paul avaient les yeux écarquillés et la bouche bée. Moi, je voulais à tout prix défendre mon père.

Action ! [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant