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J'avais presque 19 printemps, et des heures interminables devant moi. L'été passait doucement; Il avait un goût doux amer. Non pas que je m'ennuyais, mais je ne sais pas: J'avais la sensation que c'était l'un des derniers étés où je pourrais me promener, sans aucune autre contrainte.

Je passais mes soirées à me balader sur le bord de mer. Le soleil couchant se reflétant sur l'eau me procurait une sensation de pur plaisir. L'air était tiède, j'étais toujours en tee-shirt, parfois un vent rafraîchissant passait dans mes boucles brunes. J'adorais ça. Je sifflotais, toujours seul.

Et puis un soir, je t'ai vu.  Assis sur la digue, en train de parler à voix haute. Rimbaud si je me souviens bien. Les yeux verts fixés sur l'océan. Le regard perdu dans les eaux agitées. Tes mèches châtain couvrant ton visage.
ça  m'avait intrigué, oui intrigué. J'étais toujours tout seul à St Martin de Ré. Pas un autre garçon, pas une autre fille qui aurait apprécié autant que moi ces balades nocturnes sur la côte.
Les étés défilaient, monotones et moi je restais toujours de mon côté. Sans adresser la parole aux hordes de touristes venues des quatre coins de la France. 

T'étais donc là, avec ta marinière un peu grande. En short et avec tes espadrilles usées jusqu'à la semelle tressée. J'osais pas trop bouger pour pas te déranger, mais j'ai du faire un bruit quelconque car tu t'es retourné.

T'avais les yeux écarquillés et un sourire solaire.

- Oh, bonsoir!
- Salut... Excuse moi je ne faisais que passer, mais je t'ai entendu, alors ça m'a étonné, tu sais lire de la poésie, tout ça, au bord de mer... Ça fait un peu scène de film quoi. 

Tu as eu un petit rire. 

- Genre, le grand romantique pense à son avenir en regardant l'horizon.. C'es ça? 

- Dans le genre, j'ai pouffé. Tu t'es retourné face à l'océan.

- En fait, je suis complètement perdu, tu as dit en te grattant l'arrière du crâne.
- Tu veux que je t'indique ? Je suis d'ici, moi! J'ai dit très enthousiaste. 

Tu t'es soudainement levé d'un air décidé, chancelant sur une pierre moussue. 


- Même, ça te dérangerait de me raccompagner ? C'est l'occase... Je n'ai pas vraiment d'amis ici.

 Et tu avais quitté la digue pour te joindre à moi.

Roméo veut JulesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant