Roméo veut Jules

° 4 9 °

Finalement est venue la veille de notre retour.

C'était une soirée presque comme les autres à quelques détails près. J'avais comme une boule dans la gorge de quitter l'Espagne, et peut être, même si je ne voulais pas me l'avouer, de te quitter toi. Et notre routine de couple.

Nous étions sagement installés à une terrasse de bar à tapas, en attendant le dessert. Tu parlais frénétiquement de pâtisseries catalanes, un monologue sans plus vraiment de sens. Avec notre rhythme de vie effréné pendant 10 jours, nous n'avions presque pas dormi.

Les heures de sommeil manquantes se faisaient vraiment ressentir ce dernier soir, j'étais quelque peu absent et toi aussi. On était des moulins à paroles, mais on ne comprenait rien. Pour faire court, on était exténués. Quand on nous a servis, j'ai été repris d'une lueur de lucidité et j'ai attrapé le petit paquet que j'avais pour toi dans mon sac, avant de te le tendre avec mon plus beau sourire.

- Tiens j'ai pensé que ça te ferait plaisir, c'est pour conclure le voyage ensemble.
- Oh ? Merci.

Puis tu as ouvert le paquet avec excitation, repris d'un regain de vie. Quand tu t'es retrouvé avec l'éléphant en quartz rose dans les mains, tu as éclaté de rire. Ça m'a vraiment surpris comme réaction, j'avais peur que mon cadeau soit ridicule, peut être que je m'étais monté la tête avec ce présent ?

- Ça ne te plaît pas ? Ai je demandé timidement.
- Non au contraire, c'est juste que..

Tu n'as pas fini ta phrase et tu as plongé ta main dans ton sac pour en ressortir toi aussi un petit paquet. Tu me l'as tendu, un sourire rieur étirant tes fines lippes.

Je l'ai pris, surpris. Quand j'en ai sorti le crocodile en jade, je me suis senti tout chose. On en était à ce point là de connection ? J'ai laissé échappé un rire, mais au fond de moi j'étais heureux. Submergé par une vague d'émotion, j'ai planté mon regard dans le tien et on a susurré à l'unisson :

- Merci.