Roméo veut Jules

° 24 °

C'était un hôtel minuscule et un peu délabré. En tout cas le côté super vintage et arrêté dans le temps me plaisait. J'ai susurré un :

- Après vous madame.
Tu es donc rentré avant moi en me jetant un faux regard noir. Dans l'hôtel, tout, murs comme sol était tapissé de moquette en velours grenat.
- C'est la chambre rouge de Christian Grey, t'ai-je murmuré à l'oreille. Et tu n'as pas pu étouffer ton petit rire, et cette mélodie dans mes oreilles a un peu accéléré mon rythme cardiaque. A l'accueil personne, mais une note pour nous sur le bureau en chêne massif. De toute façon il ne restait qu'une clé suspendue, elle aussi sur un tableau en velours rouge. Tu l'as prise avec tes petites mains et on s'est engagés dans l'escalier en colimaçon.
Second étage, la 207. C'était étrange, toutes les chambres avaient l'air vides alors qu'il n'y avait plus aucune clé.

Tu as glissé la clé dans la serrure et tu a ouvert fébrilement la porte. Dedans, toujours des moquettes et des murs de velours. Mais verts. Un seul lit. Un lit petit, non minuscule, on s'est dévisagés, les lèvres déjà tordues d'un rictus incontrôlable. On a éclaté de rire en criant:

" Mais où est ce qu'on est tombés !"

A peine déchaussés, on s'est jetés sur le lit aux nombreux ressorts. Il rebondissait sans arrêt sous le poids de nos deux corps. Essoufflés comme après un sprint, on a fini par arrêter le trampoline. Le lit était dans un sale état tu te souviens ? Finalement dans la minuscule chambre kitsch, il faisait beaucoup trop chaud. On a ouvert les fenêtres en grand et on a défait brièvement nos bagages. Il était tard et la nuit était sombre, mais parsemée d'étoiles. La voûte céleste en incandescence rien que pour nous.