Roméo veut Jules

° 3 6 °

On a rompu notre long duel de regards pour quitter la plage. Je me suis tourné et tu m'as emboîté le pas, on a pas échangé un mot sur le trajet, se contentant de sourire.

La nuit qui s'était faite était comme une enveloppe de coton, une chrysalide qui nous englobait dans sa douceur. Je te voyais le sourire tendre dans ma vision périphérique. Ça me faisait un truc très fort au cœur de te voir heureux. On a longé la plage avant de rejoindre le bord de mer.

En arrivant à l'hôtel on était complètement cannés. Je me souviens être tombé de sommeil sans me poser une seule question sur la soirée riche en émotions qui venait de se conclure.
Ma nuit fût agitée de rêves étranges. Je voyais une grande brèche s'ouvrir sur moi et me précipiter dans les limbes. Mais tes poignets fragiles me retenaient au dernier moment. Et nous restions la, à nous dévisager sans bouger. Tu n'avais pas la force de me sortir de là et moi je ne voulais pas rompre le contact. Alors pendant que tes doigts glissaient le long de mes mains, je te criais que je t'aimais et je disparaissais dans la fente imposante.

Que je t'aimais ? Je me suis réveillé en sursaut et en sueur.

Toi tu étais impassible, tu ressemblais à un ange endormi. J'ai essayé de reprendre mes esprits sur le balcon que je venais de rejoindre. Alors que je soufflais en regardant en bas la rue silencieuse dans la chaleur de la nuit, j'ai senti deux mains m'entourer et ton torse se coller à mon dos. Encore et toujours grand 8 dans le bide. Tes doigts de fée ont parcouru mes abdos avant de se poser sur mes hanches effleurant le V de mon bassin.

- Tu ne dors pas ?

J'ai signé un non de la tête. Tu ne m'avais pas lâché et je sentais ton corps chaud contre le mien. Lentement tu as passé tes mains sous mon tee shirt. C'était en train de me rendre dingue, voulant me calmer je me suis tourné pour être face à toi. Erreur.