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Il y a eu une autre fête, et t'as eu le malheur de passer par là. Les insultes ont recommencé à pleuvoir, et toute la bande s'est approchée de toi, plus menaçante que jamais. Je suis resté en retrait, le souffle coupé.

Thomas s'est approché de toi et t'as empoigné par le col.

" On a pas besoin de gonzesses dans ton genre ici, alors dégage."

Mais tu n'as pas bougé, tu n'as même pas cligné des yeux. Comme c'était courageux Jules, je t'admire tellement. Il t'as mis une claque. T'as encaissé, sans vaciller.

" Je veux me lever" ai-je pensé. Mais j'étais cloué au sol. Je devais faire quelque chose, je devais t'aider.

Un autre garçon s'est approché et t'as craché au visage. Les filles passaient à tour de rôle pour te donner des coups de pied, tandis que Thomas alignait les droites dans ton visage. Tu ne fronçais pas les sourcils, même au moment où ses poings heurtaient ta mâchoire, ou ton nez. Tu me regardais.

Sans jamais me quitter des yeux, tu recevais les coups. Et maintenant un sourire se dessinait sur ton visage en sang. Tu me regardais . Et moi aussi, et les larmes te sont montées aux yeux. J'ai senti des bras m'entourer.

" Eh bah alors tu frappes pas? Viens nous montrer que t'es un vrai gars !"

La bande s'esclaffait, me poussant vers toi. Bientôt en face à face, les encouragements, les cris, les claques dans le dos, et la sueur a commencé à perler à mon front. Jules, je t'assure, je n'ai aucune excuse.

Ils tapaient des mains, scandant " baston". Je ne voulais pas Jules. Et Je l'ai fait. Trouvant la force je ne sais où, mon poing est parti dans ta mâchoire. Tu es tombé à genoux. Sous une pluie d'applaudissements et de rires. Pourquoi est ce mon coup qui t'as achevé ?

Je t'ai regardé, je me suis retourné, des bras me serraient fort, on me félicitait. " Tu as fait tes preuves". J'avais l'impression d'être hors de mon corps, d'être quelqu'un d'autre. Jules je n'ai pas eu la force de te regarder. Je suis parti en tournant le dos comme tout le monde, je suis rentré seul et que la route m'a parue longue.

Et en chemin, je me suis agenouillé. Et j'ai pleuré. J'ai tellement pleuré Jules, je n'ai jamais autant pleuré. J'avais envie de me faire mal. Et c'est ce que j'ai fait, j'ai ramassé un éclat de verre et je l'ai fait glisser sur mon bras. Que cette sensation est réconfortante parfois. Pourtant je te jure, je n'avais jamais ça avant.

Ne jamais se faire du mal. Ne jamais faire du mal à qui que ce soit. Je m'en veux toujours Jules.

Roméo veut JulesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant