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Ce n'était pas un manoir que j'avais en face de moi mais un sacré château. Je n'avais même pas encore traversé le pont - oui un pont comme ceux de 2010 - que je voyais le bâtiment mais certainement pas entièrement. Et lorsque j'avais demandé mon chemin , on m'avait précisé que le manoir était caché et difficile à trouver. Mon œil, plus visible ce n'était pas possible. Soupirante et fin décidée à en finir, je me dirigeai vers le palais.

Suite à ma sortie des bois, j'eus une agréable surprise : le quartier dans lequel j'avais atterri vivait la nuit. Je compris, après une longue marche, que la partie Sud entière s'agitait à cet période de la journée. Le brouhaha constant rythmait la zone et il était vraiment partout : même les plaines, en apparence inhabitées que mes pieds avaient foulées, émettaient une mélodie naturelle.

Les bars , les clubs et les magasins animaient les différents quartiers. Les bordels aussi étaient présents. J'avouais avoir été étonnée : j'étais persuadée que les maisons closes n'existaient plus depuis le milieu du XXIe siècle. De nombreux enfants se promenaient, riant et jouant innocemment. Des enfants. La nuit. S'il vous plaît. Il n'y avait rien de cohérent là dedans. On pourrait associer le Brown le jour et la partie Sud la nuit. J'appréciais l'ambiance. Enfin... De loin seulement : un tel boucan le soir près de chez moi et un meurtre aurait été commis.

Le plus étonnant furent les réactions de tous les habitants une fois que je leur montrais mon « invitation ». Les petits voleurs - on ne change pas le monde non plus - devinrent de véritables chatons : c'était assez hilarant à voir. Pour d'autres, je pus observer la peur, la haine ou l'admiration dans leur regard. On avait rarement aussi peur de la police. Deux possibilités expliquaient ce phénomène : soit la police était pourri de l'intérieur soit ce n'était pas la police.

J'avais réfléchi à la question et il était temps pour moi de ne plus me voiler la face : la police ne sera pas en face de moi ce soir. Restait à savoir qui allais-je rencontrer. Si je pouvais éviter de tomber sur une mafia ayant un désir profond de ressembler à celle de Pablo Escobar, je me contenterais du strict minimum à vie.

En temps normal, j'aurais fuit, purement et simplement. Pas de blabla ni de chichi, retour au bercail illico. Je connaissais mes limites et mourir en était une. En plus j'allais dans la gueule du loup, j'en avais pleinement conscience. Mais, parce qu'il y a toujours un mais dans la vie, la situation imposait que j'aille voir ces grands gaillard : j'avais fait une sacrée promesse que je devais honorer, on me devait des comptes là bas aussi. Puis surtout, je devais comprendre pourquoi on recherchait une vieille dame inoffensive. Puis de toute façon quand je suis irritable, je deviens vite butée.

Et devinez quoi ? Même si la balade m'avait plu, je restais grincheuse.

Le château se rapprochait de moi et j'étais stressée voire clairement angoissée. Mes jambes jouaient des castagnettes et ce n'était pas dû à la fraîcheur subite. Qui n'aurait pas peur ? J'avais un instinct de survie prononcé - si , si je vous assure - et il me criait de partir le plus rapidement possible sans jamais me retourner. Mais je refusais juste de l'écouter, têtue.

L'allée en direction du château n'étais pas du tout éclairée et je me demandais bien en quel honneur. Même les QG de quelques gangs pouvaient être illuminés. Soit le propriétaire commençait à être fauché, soit c'était totalement voulu dans le but d'effrayer les visiteurs. Je priais pour que ce soit la première idée. Tellement plus drôle.

En avançant , je jurai dans ma barbe . C'était pas un château mais un domaine entier. Et ce domaine était composé de trois châteaux. Et pas des petits.

Je crois que le dirigeant est loin d'être fauché.

Les bâtiments étaient effrayants : des goules postés sur les toits habillaient ces derniers et les portes principales que je commençais à voir, étaient cloutés et ornés de deux poignets à tête de lion. C'était cliché mais ça avait le mérite d'être efficace. Avant même d'avoir une crise de panique, je pris l'une des poignets de la porte principale et claqua trois fois.

Ush ROWTAG T1 : Monstres inattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant