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Le calme des rues m'angoissait.

Non. Ce n'était pas vrai. Je devais être plus sincère. Le calme des rues en compagnie de monsieur Hautz me mettait les nerfs en pelote. Il m'avait gentilement proposer de le suivre dans sa voiture dernier cri, mais je préférais marcher jusqu'à sa demeure. Et je refusais tout bonnement de me retrouver coincer avec cet homme dans un espace aussi exiguë qu'un véhicule. C'était hors de question. Cependant, je n'avais pas prévu qu'il décide de se joindre à moi pour cette promenade nocturne.

En sortant de la Taverne du Dragon, il m'avait tout naturellement proposer son bras. J'avais envisagé de refuser encore une fois, mais j'avais senti qu'il valait mieux pour moi d'être dans ses bonnes grâces. Enfin... Autant que possible. Avant que je ne puisse dire quoique ce soit, Kael et Ruben étaient parti on-ne-savait-où. Ils étaient adulte, je les avais laissé partir non sans un pincement au cœur. Je marchais , et en plus de paraître grossière à son bras –je n'avais pas de marques sur mon corps et rien n'était coordonné – , j'avais de plus en plus peur.

Et quand j'ai peur, je parle.

Les lampadaires éclairaient doucement les allées, de nombreuses ombres d'enseignes , de maisons ou appartements, de personnes dansaient sur goudron. Malgré cette luminosité ridiculement faible, je jetai de rapides coups d'oeil vers monsieur Hautz. Je fis ma conclusion à voix haute :

-Vous ne devriez pas exister.

Silence.

-Pardon ?, gronda-t-il.

Mes sourcils se joignirent. Qu'est-ce que... Oh ! Je récupérai ma main et la bougeai en négation. Je fis peut-être quelque pas en arrière.

-Non ! Pas comme ça, m'exclamai-je paniquée. Bien sûr que vous pouvez exister. Non ! Enfin si mais ...

Argh. Je respirai un grand coup pour me reprendre contenance. La peur me faisait vraiment dire n'importe quoi.

-Je parlais de votre carrure. Humainement parlant, vous ne devriez pas exister. Vous êtes trop... massif pour que ce soit possible. Je veux dire... Vous êtes à mi-chemin entre un grand canadien culturiste et un pur géant. Personne sur Terre n'a cette apparence, c'est physiquement impossible.

Il s'était arrêté pour me fixer et constater à quel point je pouvais m'enfoncer toute seule, sans aide. Il leva un sourcil à ma déclaration mais ne me répondit pas. J'attendis, j'attendis, et j'attendis. Je me sentis de plus en plus cruche. Si je pouvais me tortiller comme une enfant face aux regards perçants de ses parents,je le ferai. Malheureusement, j'avais un minimum de dignité. Un peu.

Je décidai qu'il valait mieux que je me dépêche. J'avançai seule, vers le Sud. Une main pris la mienne pour la déposer dans le creux d'un coude. A ce stade , ça relevait presque d'un réflexe. Il avait dû vivre à une autre époque pour que ce soit à ce point encré en lui. Une époque où les jeunes hommes accompagnaient les jeunes femmes où qu'elles aillent. Cependant, les protagonistes devaient au moins faire la même taille. Ma main était suffisamment relevée pour qu'on puisse voir que cela n'avait rien de naturel.

-Cette apparence est celle qui effraie le moins les humains,énonça-t-il après quelques mètres. Et aussi celle qui me coûte le moins de magie à dépenser lorsque je la revêts.

Je fis les gros yeux.

-Celle qui effraie le moins ? Vous rigolez ? J'ai failli me faire pipi dessus dès que je vous ai aperçu.

Il y a des choses dans la vie qu'on ne devrait pas savoir. Comme ce genre d'information.

-Je n'ai jamais dit que je ne voulais pas vous effrayer. Je souhaite juste que vous évitiez de salir le sol chaque fois que j'apparais dans votre champs de vision. C'est mauvais pour les affaires.

Ush ROWTAG T1 : Monstres inattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant