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-Et tu crois cette... chose ?

Il y avait des jours où je regrettais de m'être levée.

Au centre du salon, Ilona tenait une spatule enrobée de chocolat et nier l'existence de la Métamorphe. Elle avait d'abord refusé de la laisser entrer dans sa maison , nue . J'avais demandé à la hyène si elle pouvait se couvrir les parties compromettantes pour les enfants et elle m'avait longuement fixée du regard puis sourit. J'avais pu découvrir que la dentition d'une hyène sur un humain pouvait se révéler un parfait dissuasif si on voulait insister. Proposer à la mère des enfants de l'habiller fut une erreur. J'avais perdu une heure pour négocier une entrée. Une heure s'était long. Une heure pouvait venir à bout de toute personne saine d'esprit : heureusement , j'avais eu des jours complètement dingues pour affiner ma patience.

Une fois que nous pûmes entrées dans le salon, Ilona n'avait rien trouvé de mieux que d'enchaîner les accusations une par une. Les arguments tels que « être venue pour prendre mes enfants et les guider vers le chemin démoniaque de la débauche et de la monstruosité » ou encore « faire de nous son repas alors que nous sommes des humains, des êtres dotés de conscience et d'intelligence , délicats et sensibles » m'avaient plus ou moins donnés envie de partir. Et de la laisser dans l'ignorance, autorisant même la hyène à siéger chez elle tout le temps nécessaire. Le regard équivoque de la Métamorphe criait sans cesse « tu vois pourquoi je l'ai privé de son droit de savoir ». J'avais compris. Et une fois que j'en eus marre d'entendre des bêtises aussi abracadabrantesques, je m'étais assise dans le canapé et avais lâché la bombe.

-Tu as un pédophile dans ton entourage , avais-je dit.

Ça l'avait relativement calmé et forcé à m'écouter.Que tous les Dieux en soient remerciés, les enfants n'étaient pas dans la pièce principale. Ilias avait foncé dans le jardin, lançant un timide sourire à la nouvelle dame qui s'était appuyée contre un meuble. Véronica n'avait pas bougé de sa chambre, et grand bien m'en fasse. La situation, une fois expliquée, ne plaisait pas à Ilona. Pour être franche, elle doutait de la véracité des faits, des propos de la hyène.

Je soufflai.

-Et pourquoi me mentirait-elle ? Fis-je en articulant lentement.

Inconsciemment , je faisais toujours ça quand quelqu'un me donnait des citrons.

-Pour sauver sa peau ?

-Elle m'a plus ou moins bien menacé, j'y perdrais plus qu'autre chose en vous mentant, ricana la hyène en interrompant ma futur réponse. Ne me regardez pas comme ça, vous pouvez le tourner dans tous les sens que vous voulez, vous m'avez menacé.

-Vous voyez ! Elle pourrait mentir pour éviter ...Je ne sais pas moi , quelque chose de grave, ce qui arrive aux choses dans leur genre quand rien ne va.

-Est ce qu'il serait possible que tu changes cinq minutes ton vocabulaire ? Ça ne te tuera pas, tu verras, soufflai-je.

Elle haussa les épaules comme si c'était un détail. Elle pointa la hyène avec sa spatule.

-Vous ! Comment savez vous que mon voisin est peut-être attiré par les enfants ? Non pas que je vous crois hein...

Enfin. On allait avancer. Si elle lui parlait directement, c'est qu'on pouvait arriver à une discussion d'adulte.

Cinq heures. Cinq. Trois cents minutes. Dix-huit mille secondes. Ce fut une entre-vue très longue. Et une chose était sûre : la prochaine fois que l'idée d'aider un humain raciste avec son problème magique, je me taperais d'abord la tête contre une surface dure. Ça m'évitera des pépins.

Pour mon plan, j'avais du courir dans un magasin tenu par un humain qui avait pour unique clientèle des ... humains. J'avais pris un rapide T-shirt, en grimaçant lors du paiement lorsque j'entendis un « très beau haut, vous le porteriez souvent j'espère ». Non, monsieur, je comptais le mettre qu'une fois et le brûler après.

Ush ROWTAG T1 : Monstres inattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant