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- J'ai déjà commencé à lancer le programme, dit Ahmed en se frottant les yeux, épuisé. Il est possible qu'il ait déjà récupéré quelques enregistrements, les plus faciles à trouver. Je n'ai pas pu cibler les caméras souhaités : ça aurait été bien plus long, plus lourd et... et j'n'suis pas de la police.

-Où puis-je trouver les enregistrements ?

Je remontai mes lunettes de soleil, essayant d'ignorer du mieux que je pouvais les lignes grises et magiques d'Ahmed. Elles étaient branchées aux différents objets technologiques de la pièce et ne bougeaient pas. Dans mon esprit, la magie se mouvait sans cesse. Elle laissait des résidus derrières les individus magiques : elle essayait d'attirer toutes personnes dans les environs en les frôlant, les attachant, les aveuglant – j'avais pu voir avec horreur que des fils de magies pouvaient s'enrouler autour de la tête nous aveugler. La suite avait été très simple : la personne voyait moins bien. Ça n'avait duré que quelques instants mais ça avait été intéressant pour ma culture magique. La magie qui demeurait dans certaines places , fourmillant sans cesse, demandait de l'attention qu'elle n'avait pas à cause de la cécité magique humaine. Elle faisait tout , absolument tout, pour qu'elle soit remarqué. C'était impossible mais moi j'avais vu ses échecs tout le long du chemin entre mon immeuble et l'atelier du pirate.

J'étais donc habituée à la voir active. Ici, la magie grise liée à l'informaticien, était immobile. J'étais donc crispée et nerveuse. Ahmed s'étira en baillant, les fils se détendant à son action avant de se rétracter.

-J'ai mis un fichier sur l'ordinateur. Il regroupera les vidéos non visionnés.

Il sortit un petit ordinateur, tout mignon et adorable. La manière dont Ahmed tenait cet objet m'indiquait plutôt que c'était un objet précieux, plus inestimable que mignon.

-J'ai aussi mis un autre fichier pour les vidéos lus. Tu pourras les ré-visionner. J'ai fait sous forme de fichier pour que ce soit plus simple pour toi. Le nom des vidéos corresponds aux noms de rues. Principalement.

Il fit de la place dans son grand bureau rempli d'éléments d'ordinateur, de télécommande – j'avais aperçu le boîtier – en balayant ici et là du bout des doigts. Le computer rentrait pile poil dans le maigre espace qu'il avait fait. Il bâilla encore une fois et je vis ses yeux luter pour rester grands ouverts. Il réussit tout de même à me montrer comment marchait son bébé – je savais bien qu'il pouvait monter un ordinateur, et après tout comment un mini computer pouvait être encore d'actualité alors qu'ils avaient tous été retirés du marché ? Il me donna alors les clés de son atelier.

-Ça a été un enfer de faire ce truc et je suis arrivé à un niveau d'épuisement impressionnant . J'espère que tu découvriras les complices . Je te laisse les clés, de toute façon tu pourras pas aller bien loin si tu voulais voler mon matériel.

Et soudainement, sans prévenir, les lignes grises se brisèrent d'un coup, ne laissant plus que place à la normalité. Je retins mon cri de surprise et ne prêtai pas plus d'attention au jeune homme. Une porte claqua mais mes yeux restèrent rivés sur la disparition magique.

Je m'installai correctement sur le siège, et ouvris le fichier contenant les vidéos non-lus. Je gémis en voyant , qu'effectivement le nom de rues concordaient parfaitement avec le nom des enregistrements. Je soufflai en regardant l'heure. L'outil affichait midi, et je savais que j'allais rester dans cet antre pendant longtemps. Et de toute façon, ce n'était pas comme si j'avais quelque chose d'autre à faire. J'allai sur le Net pour imprimer une carte de la ville : il était hors de question d'envisager regarder des vidéos d'endroit se situant à trente mille lieux des crimes commis.

Le ronron d'une imprimante rugit dans la pièce et je m'empressai de prendre la carte. En étudiant les dispositions des rues de Vy, j'eus envie de tuer la personne responsable de ce merdier. Je ne savais pas qu'il y avait autant de rues qui portaient la même appellation. Ou qu'il n'y avait qu'une seule lettre qui était modifiée. Les maisons concernées par les crimes furent marquer par une croix rouge : je me souvenais encore des cris, des pleurs, et des refus de m'adresser la parole. J'entourai des quartiers entiers pour définir quelles étaient les rues que j'allais regarder.

Ush ROWTAG T1 : Monstres inattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant