Ush ROWTAG T1 : Monstres inattendus

12.3 (TW : TORTURE)

Je réfléchis rapidement. Dans l'état actuel des choses, je ne pouvais pas me défendre ou les attaquer : j'y perdrais plus que je n'y gagnais. J'allais devoir accepter de me faire charcuter et ce n'était pas un choix que j'aurais aimé prendre en temps normal.

Je soupirai. J'allais avoir encore plus de séquelles psychologiques et je n'aurais pas de psychologue avant un moment. Me détournant de mes tortionnaires, je signai au jeune garçon de se boucher les oreilles, de chanter dans sa tête et de ne surtout pas regarder. Il était effrayé mais il le fit quand même. Jinx, entourant comme elle pouvait le garçon, semblait décontenancée par la situation. Ses lèvres mimaient un mot et je mis un certain temps avant de comprendre.

« Démon ? », disait-elle. Je hochai la tête et devinai qu'elle n'avait même pas soupçonné la présence de cet être magique. Fascinant. Les hommes s'impatientèrent puis l'homme lambda m'attrapa par le bras et m'assit de force sur une chaise. J'eus beau me débattre, en sachant pertinemment que c'était une perte d'énergie, il réussit à m'attacher les pieds à la chaise et les mains jointes derrière le dossier. Un manque d'imagination flagrant mais ce n'était pas moi qui allais le lui informer.

Il s'assit et me sourit.

- Qu'avez-vous dit au chaman ?

- Rien de vraiment intéressant, fis-je en haussant les épaules.

- Je ne le redemanderai pas.

- J'ai rien d'autre à ajouter.

Il hocha la tête, satisfait. Il se leva, sortit de la cellule. Il revint avec un sceau d'eau et une batterie. Me versant le sceau au visage, il s'empressa d'appliquer des électrodes liées à la batterie sur mon corps.

- Toujours pas décidée ? Parce qu'on va commencer plus fort que prévu.

- Je n'ai toujours rien à ... Argh.

Je soufflai face à la douleur. Je ne comptai pas crier maintenant.

- Toujours rien ?

Je secouai la tête. Et dire que ce n'était que le début.

Jinx avait commencé à chanter une mélodie. Plus je recevais de décharge, plus elle chantait fort. Lorsque je fus à deux doigts de rouler des yeux, l'homme s'arrêta. Les larmes dégoulinèrent sur mes joues. Je ne savais plus qui j'étais, qui était qui, où j'étais. Je ne voulais qu'une chose : que ça s'arrête.

- Vous avez quelque chose à nous dire ?

J'étais faible, je n'avais pas la force de continuer.

- Je lui ai dit qui vous étiez, c'est tout, soufflai-je avec des sanglots dans la gorge. Et ce que vous faisiez.

- Et que fait-on ? Intervint une autre voix.

- J'sais pas. Plus.

- Mauvaise réponse. Quel membre voulez-vous perdre en premier ?

- La main gauche, fis-je sans réfléchir.

A travers mes larmes, je vis un homme prendre un petit marteau dans la mallette. L'anticipation me fit réagir et je voulus m'échapper. Mais je ne pouvais pas : j'étais attachée. Il prit de l'élan et frappa ma main. Des millions de craquement retentirent. Je criai et gargouillai des choses incohérentes. Je fermai les yeux.

J'étais dans un état second, avec de la douleur en arrière-plan. On continuait de tirer sur mes liens magiques et ça m'énervait. Je voulais la paix, je voulais ne plus souffrir. Mais j'étais encore une fois dans ce désert aride. Le paysage n'exprimait que ce que je ressentais et je n'étais pas de bonne humeur. Des fissures marbraient le sol et je devinai qu'il s'agissait de mon état. J'étais à deux doigts de voler en éclat.