Et c'était exactement ce que j'eus. En plus de forts médicaments contre la douleur et une carte pour prendre rendez-vous chez un médecin spécialisé.
Après mon réveil, je fus transportée vers l'hôpital le plus proche, le temps de faire quelques analyses et vérifier que tout allait bien. Alexis m'accompagna : d'après Isotz, qui par un heureux hasard n'avait pas été mis hors service, mon problème identitaire avait fait court-circuiter la magie de façon spectaculaire causant de sérieux dommages au chaman.
La magie fonctionnait par identité semblait-il. Du coup, lorsque je n'avais pas reconnu mon corps, la magie ne l'avait pas reconnu non plus. Elle cherchait le réceptacle qu'indiquait le chaman mais elle ne le trouvait pas. Alors elle s'était déchaînée dans la pièce , attaquant chaque personne présente à mes côtés. Isotz avait dû intervenir bon gré mal gré pour sauver tout le monde. Heureusement d'ailleurs. La magie avait donc pu entrer en moi, aligner les os comme il fallait pour ma main, replacer ou créer de nouveaux nerfs ou tissus pour mon oeil et soigner mon poumon endommagé.
Une fois la visite imprévue à l'hôpital, on m'avait envoyé chez Nahdya pour veiller sur moi et pour que je puisse donner ma version des faits. J'avais répété encore et encore jusqu'à ne plus en pouvoir. Du coup, j'avais fini par fuir la maison de Nahdya parce que je ne supportais plus être le centre de l'univers. Et qu'il fallait que je cherche un nouvel appartement rapidement. Dès qu'ils avaient eu tous, le dos tourné, j'étais retournée chez moi boitant comme pas deux mais accompagnée de mes deux compagnons. J'avais pourtant insisté pour qu'ils restent tous les deux chez Nahdya mais j'avais eu droit à deux regards déterminés.
Monter les marches de mon immeuble fut décourageant. Mes poumons avaient été déplacés en plus d'avoir eu une entaille. Comme n'avait cessé de le faire remarquer Alexis , c'était un sacré miracle que je fusse encore vivante lorsqu'ils m'avaient retrouvé. Je ne voyais pas d'un coté à cause de mon cache-oeil mais si c'était le prix à payer pour retrouver une vue parfaite, je n'allais par cracher sur ça. Mes yeux avaient repris leur couleur initiale comme s'ils avaient senti qu'il ne fallait pas que le commun du monde sache pour ma condition.
Je ne voyais donc pas la magie de l'appartement d'Asda Belevitch lorsque j'atteignis notre palier. Par contre, je constatai sans mal ma porte qui était sortie de ses gonds, penchant vers l'extérieur. Une petite lettre sur le pas de celle-ci m'indiqua que le propriétaire attendait que je fasse les réparations nécessaires et que je trouve un autre logement dans les deux mois qui suivaient. Je sentis un poids en plus s'abattre sur mes épaules.
Ce fut en poussant la porte de chez moi avec l'aide, bien sûr, de mes compagnons, que je pus constater l'ampleur des dégâts causés par les Alters. On aurait pu croire qu'une furie avait traversé mon couloir principal. Mes meubles où auraient dû trôner mes vestes et mes chaussures, étaient tous deux détruits, laissés pour mort sur le sol. J'enjambai comme je pus les débris et les affaires qui faisaient office de cadavres et jetai un coup d'œil à la première pièce qui se présentait à moi, soit ma chambre. Mon armoire, mon lit, ma petite commode, tout y était passé. Rien n'avait été épargné. Et encore moins ma fenêtre.
En ayant eu assez de constater que rien ne pouvait être récupérer, je me rendis dans le salon. Ruben et Kael avaient remis en place le canapé et la télévision. Ce qui représentait un miracle puisque même ma petite lampe de nuit avait dû rendre l'âme. Je m'installai dans le creux du canapé, là où il était cassé et Ruben s'enroula autour de mon cou. Au bout de sa queue se trouvait la télécommande, intacte. J'allumai ma télé, ne prêtant pas attention à ce qui était diffusé mais plutôt aux sentiments que m'envoyaient Kael et Ruben par vagues. Ils voulaient que je sache qu'ils étaient heureux que je sois en vie après tout ce qui s'était passé. Je n'allais pas ignorer ces vagues de tendresse : je les retournai donc au centuple.
Mais... Je finis par réfléchir. Comment pouvais-je confronter Isotz Hautz sans y laisser la peau ? Je n'allais pas rechercher du mobilier ni un nouvel appartement maintenant. Je repoussais la réalité, faisant l'autruche. Je restais une froussarde lorsqu'il s'agissait de grand changement qui menacerais ma santé mentale.
Je passais sur une chaîne mondialement connue d'information anglophone lorsque je vis Alain à l'écran. Précipitamment, j'augmentai le son.
- Si vous voyez cette vidéo, commença Alain alors que la traduction s'affichait en dessous de son portrait, c'est que j'ai été tué pour cacher la vérité. Nous savons tous que la vérité fait plus de mal que les mensonges. Mais il faut que vous sachiez. Il faut que vous vous battiez contre ça.
- Il existe un archipel composé de quatre îles que le commun des mortels n'a pas encore découvert, continua-t-il tandis que des images indiquant la position de l'archipel Igrica, - première fois que je découvrais le nom de l'archipel -. Dans cet archipel se cachent des créatures cauchemardesques !
- Non, non, non, non, murmurai-je en me passant la main valide sur le visage. Ferme ta bouche, tu es mort.
- Ces créatures ont pour but de nous railler de la surface de notre Terre. Il nous faut, nous humains, nous battre contre ces choses. Si vous ne me croyez pas, voici une vidéo prouvant mes faits.
L'image changea pendant que j'insultais Alain de tous les noms d'oiseaux. Des Vampires apparurent, déchiquetant la gorge de nombreux humains. Des Métamorphes sautèrent se battant, quelques images montrèrent des combats impliquant de simples humains.
- Mais où est-ce qu'il a eu ces vidéos lui encore , m'insurgeai-je avant d'avoir une illumination.
- Le fils de chacal ! Je vais lui refaire le portrait à lui, continuai-je en criant. Il ne va plus jamais se reconnaître dans un miroir. Il va...
Alors que je faisais les cents pas en maudissant des générations et des générations de stupidité, j'échafaudai un plan. Ce qui s'annonçait, allait être un désastre sans nom et j'allais pouvoir donner un coupable sur un plateau d'argent. Et surtout, je pourrais hurler sur Isotz Hautz si je dosais bien les choses.
Me tournant vers mes compagnons, je les apostrophai pour attirer leur attention.
- Il faut que vous m'aidiez à trouver une clé USB. Elle doit être ici.
Alors nous cherchâmes partout cette clé, même aux toilettes et à la salle d'eau. Nous finîmes par la trouver parmi les débris dans ma chambre. Nous avions presque abandonné. Je brandis la clé, comme si elle était l'épée d'Arthur.
- Toi, fis-je à l'objet, tu as intérêt à arriver à bon port.
Comment pourrais-je communiquer un numéro à Isotz ? Un numéro de téléphone valable. Mon appartement était en pièce, c'était un fait. Mais pas celui d'Asda.
Mh.
Ça méritait de la réflexion. Avais-je envie d'avoir quoique ce soit avoir avec la vieille sorcière à l'heure actuelle ? Pas spécialement mais c'était un cas critique. Je soufflai.
- Vous deux. Restez ici, je reviens.
Fouillée dans l'appartement d'une défunte était vraiment quelque chose que je ne referais jamais. Soit l'appartement et la magie à l'intérieur ne m'aimaient pas, soit la sorcière avait réussi à m'empêcher d'accéder à son habitation. Dans les deux cas, j'avais senti la réticence de l'habitation de me permettre d'accéder à un téléphone. Mais heureusement pour moi, j'eus juste besoin de tirer un tiroir qu'un appareil était apparu. Ni une, ni deux, j'étais revenue dans ce qui restait de mon habitation. Mes compagnons étaient patiemment installés au milieu du salon, la télévision attirant toute leur attention.
Je pris un morceau de papier et inscrivit mes instructions. Attrapant un minuscule bout de tissu et un fil de vêtement qui traînaient, j'enroulai le tout pour qu'un des Métamorphes puisse le transporter.
- Eh ! Qui de vous deux est le plus rapide ?
Un jappement me répondit. Bien. J'avais mon coursier.

VOUS LISEZ
Ush ROWTAG T1 : Monstres inattendus
МистикаUne série de meurtres , un malentendu -que j'avais volontairement engendré, et une promesse m'ont poussé dans une série d'événements incroyables. Et incroyable est le mot d'or. Moi, Ushma, j'avais pourtant demandé une seule chose : éviter d'aller a...