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Je somnolais lorsque la porte s'ouvrit. Je levai ma tête et Joseph fronça les sourcils en s'asseyant.

-Tu as une sale gueule aujourd'hui, l'humaine.

-Merci. J'essaye de créer un nouveau look. Je vais l'appeler« Nuits blanches ».

Un rictus apparut sur son visage. Je n'avais même pas la force de lui répondre. Mon énergie était à plat et j'économisais chacun des mouvements que je faisais. Je voulais dormir et en finir avec cette intuition bizarre.

- La vérité Joseph, c'est que je dors assez mal et je suis en train de devenir dingue. Et tu sais pourquoi ? Parce que je te pense innocent. Sauf que tout est contre toi. Tout !

Je me lève et fis les cents pas dans la pièce. Il m'observa attentivement.

-Sur cette vidéo, tu suis la gosse. La petite punaise ! Tu ne pouvais pas être ailleurs !

-Ushma.

-Non, je parle. Tu suivais la gamine et quelques temps après tuas du sang sur toi. Son sang ! Mais comment peux tu as pu avoir du sang sur toi alors que tu n'en ressentais même pas le besoin?

-Ushma.

-Quoi ? Grognai-je.

-Comment ça, "je suivais la petite" ? Je ne vois pas de quoi tu parles.

Ah.

Je m'affalai sur mon siège. C'est vrai. J'avais oublié. Je soufflai.

-Tu ne te souviens de rien ?

-Déjà répondu.

-Et tu ne comptes toujours pas me dire pourquoi tu étais là-bas ?

-Déjà répondu. Si tu es venue juste pour ça, je peux retourner dans ma pièce.

-Ton travail ? Insistai-je.

Il se leva. La pièce devint plus sombre, les murs se rapprochaient et je vis la porte s'agrandir. Ma vision se rétrécit et mon cœur bondit plus rapidement. Je devais le retenir.

-Je fais des cauchemars Joseph, murmurai-je, et je crois que cette histoire y est intiment liée. J'ai des bonnes intuitions.
Je grogne.
- Non. Pause. Je recommence.

- Je n'ai jamais connu mes parents biologiques. Je ne sais pas d'où je viens, ni qui j'ai été avant mes quatre ans. J'ai été adoptée. Plusieurs fois en fait. Il y a eu des hauts et des bas. De douces famille et d'autres un peu moins.

Je ris avant de reprendre un peu. Il était toujours dos à moi mais il n'avait pas touché la clanche de la porte.

-Le plus étonnant reste le fait que j'ai toujours su si la famille allait me convenir ou non. Quelque part au fond de moi, je le savais si quelque chose clochait au sein d'une famille. Bien sûr, je n'arrivais pas à mettre le doigts dessus et souvent j'étais déjà dans la famille quand ça dérapait. Moyens pas assez conséquent, alcoolisme, des remarques beaucoup trop passives-agressives pour une enfant de huit ans ; j'en ai vu des choses.

-J'avais fini par dire quand je pensais ne pas bien me sentir dans la famille qu'on me proposait. On avait finit par m'écouter et me laissait le choix d'aller là ou là. Mais je restais une enfant. Et arrivée à un stade , je voulais de l'affection. Alors je suis rentrée dans la première famille qui s'est présenté, faisant ainsi taire mon instinct.

Il avait fini par se retourner pour me voir. Et dans ses yeux, je vis qu'il savait que cette histoire n'allait pas être rose. L'âge avait du bon : on devait être préparé aux horreurs qu'on entendait. On devait être moins surpris. Et peut-être moins triste. Je pris une grande inspiration et poursuivis.

Ush ROWTAG T1 : Monstres inattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant