Épilogue.

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Les cris de jouissance résonnèrent une fois de plus à travers les murs. Prenant l'unique cousin de cette chambre d'hôtel pour le poser sur ma tête, je me mis à crier de frustration. C'était la troisième fois cette nuit et je demandais l'impuissance pour cet homme. Je n'avais rien contre le fait que ce couple se donne du plaisir, mais si je me concentrais sur les cris, je me revoyais petite, enchaînée et forcée.

J'aimerais passer au moins une nuit calme et paisible pour ces deux dernières semaines. En vrai, je ne pouvais pas me plaindre : j'avais un toit pour presque rien avec une télé. Pour combien de temps, ça, c'était une bonne question. J'avais atterri ici parce qu'après mon appel, je fus aussitôt expulsée avec une telle rapidité que j'étais persuadée que ce fut Isotz Hautz le coupable. Aucun bon hôtel n'avait été prêt à contrarier une quelconque personne en m'accordant une chambre pour une durée indéterminée. Je m'étais donc rabattue sur les mauvais hôtels. Je n'avais pas pu prendre avec moi Kael et Ruben. Il y avait de l'amiante, de l'humidité, des douches et toilettes communes, des rats si on tendait l'oreille. C'était un endroit insalubre et, si moi, je pouvais attraper des maladies rien qu'en regardant ma chambre, eux risquaient vraiment de mourir s'ils venaient ici.

Certes j'avais un gros chèque à encaisser mais je ne me sentais pas légitime pour le faire. Pas après avoir fait un doigt verbal au dirigeant des Alters.

La plupart du temps, je regardais la télé observant comment s'en sortait le monde magique parmi le commun des mortels. Ce n'était pas de l'ennui : c'était ma putain d'incapacité à trouver un boulot. Et il n'y avait pas que ça : j'avais des crises d'angoisses qui se déclenchaient beaucoup trop souvent pour que je puisse avoir un entretien. Moins je trouvais d'emploi, plus je me détestais. Sale cercle vicieux. Bien sûr, je pourrais postuler à La Taverne mais j'avais tellement honte que m'approcher de l'enseigne me donnait des sueurs froides.

Il était vraiment tard cette fois. Voir la tête d'Isotz Hautz sur l'écran était jouissif : plus le temps passait, plus il perdait de sa superbe. Récemment, il avait failli attaquer un journaliste lors d'un meeting.

Qu'il ait des pépins dans sa route, ça ne lui fera pas de mal.

Il faisait actuellement une annonce aux dirigeants du monde en Europe. Je n'avais pas pu écouter la première partie à cause du coïte des lapins dans la chambre à côté. Augmenter le volume me pris du temps car, en plus d'être agacée, j'avais toujours qu'un œil opérationnel. Voir restait quelque chose de bizarre : je n'avais pas l'habitude de tourner la tête au lieu d'utiliser ma vision périphérique.

- ... nouveauté, s'exprima Isotz Hautz. Ainsi, pour encourager et faciliter la discussion entre les humains et les Alters-humains, et potentiellement régler les conflits mineurs entre ces deux espèces, nous allons créer des postes d'agents de liaisons. Comme vous avez pu le constater, le manque de communication et de cohésion entre nous ont provoqué de nombreux désagréments. Grâce à ces agents de liaison, humains comme Alters pourront s'adresser à eux pour présenter leurs tracas liés à l'intégration et à la magie. Nous, monde magique, avions déjà trouvé notre premier agent de liaison qui s'occupera des soucis sur l'île de Tibora. Elle siégera à Vy pour plus de faciliter.

Je ricanai. J'avais vraiment pitié de la personne qui avait été choisi. Je me rappelais combien la situation d'une hyène dans le jardin d'une humaine m'avait pompé l'air.

- Bien sûr, poursuivit-il, pour faciliter la communication, nous avons choisi une humaine. Elle ne sera pas sous nos ordres et agira comme bon lui semble, dans la limite de la légalité bien sûr. Les humains pourront donc trouver une oreille attentive. Elle a déjà résolu des conflits entre nos deux espèces donc elle sait s'y faire - que ce soit pour le compte d'un humain ou pour celui des Alters. Elle a toute notre confiance c'est pourquoi elle choisira les autres agents de liaisons qui seront posté un peu partout dans le monde.

- Avez-vous un nom ? cria un journaliste excité.

La caméra se rapprocha du visage du chef des Vampires. Ses commissures s'étaient relevées.

- Évidemment. Nous laisserons bientôt une ligne téléphonique pour que vous puissiez la contacter. Elle se nomme Ushma Rowtag. Vous pouvez voir à quoi elle ressemble à coté de moi et pour ceux qui sont présents, elle est sur l'écran derrière moi.

Je rêvai, je ne voyais pas d'autres explications. Pourtant, je vis l'image se séparait en deux avec d'un côté Isotz Hautz continuant sur speech et de l'autre mon visage souriant. En dessous était écrit mon nom, mon lieu de résidence c'est-à-dire ma ville, et à priori mon emploi. Je criai en balançant la télécommande sur l'écran créant une fissure.

Le connard.

Ush ROWTAG T1 : Monstres inattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant