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Je réfléchissais.

En soi, c'était une bonne chose : ça signifiait que j'étais en phase de réveil. Par contre mes réflexions m'amenaient toutes au même point : je tombais un peu trop souvent dans les pommes. Et j'en avais plus que marre. Il ne manquerait plus que je m'évanouisse pour une carence alimentaire et j'aurais fait tous les évanouissement possibles.

Je souhaitais ouvrir les yeux mais ce fut une épreuve compliquée. Après, je ne me précipitai pas non plus : je n'avais pas la sensation qu'on me tirait les cheveux et je ne faisais pas de cauchemars incompréhensibles. Mais est-ce que la vie pouvait être considérée comme un cauchemar ? Telle était la question.

J'essayai de bouger et je découvris que je n'étais pas dehors. Mon corps épousait quelque chose de moelleux. Waw, c'était plaisant. Était-ce nécessaire de se réveiller du coup ?

J'avais tellement du mal à ouvrir les yeux que je pensais qu'on me les avait englué. Je papillonnai une fois, deux fois, une cinquantaine de fois et je pus enfin voir clairement.

Je poussai un cri dès que j'aperçus mon ventre. Enfin, j'essayai de hurler.

Un python, enroulé sur lui même, reposait sur moi. Sur tout mon corps. Les motifs présents sur son corps indiquaient qu'il n'était pas dans son environnement naturel : l'Asie était plutôt loin à ma connaissance.

Je ne cherchai même plus à bouger : je ne voulais pas le réveiller. Sa langue sortit et je priai pour qu'il ne me remarquait pas. C'était sans compter sur ma malchance inouïe : il se déplaça, faisant rouler son corps sur moi. Sa tête fût près de moi. Vraiment très près. Trop peut-être ?

Il ne m'attaqua pas. C'était surprenant et je ne compris pas vraiment. Si je sortais de là vivante, je devrais me remettre aux documentaires animaliers. Je finis par me désintéresser de mon animal de compagnie par dépit au bout de cinq minutes.

Mes yeux parcoururent mon habitat : une lumière douce éclairée suffisamment la chambre. Elle était peu équipée. Un lit accompagné d'une table de chevet, une commode, deux chaises et des rideaux décoraient l'endroit. C'était très simpliste.

Et ce n'était pas chez moi.

La porte s'ouvrit faisant apparaître une femme et un renard. Il trotta jusqu'au lit que j'occupais, bondit sur le matelas en évitant de me marcher dessus, ignora superbement le serpent qui avait lancé un avertissement et s'allongea contre ma tête. Comme pour me tenir chaud ou me protéger.

D'accord, d'accord. Après tout, pourquoi pas ? De toute façon, j'avais eu une soirée délirante.

La femme sembla surprise mais elle reprit contenance dès qu'elle vit que je l'observai. Elle attrapa une chaise et la mit près du lit. Elle s'assit et me regarda moi, puis mes compagnons de fortunes. Elle ne semblait pas vraiment effrayée ni même inquiète.

Sa longue chevelure était attachée en une haute queue de cheval. Je n'arrivais pas à savoir de quelle couleur elle était : brune, blonde, rousse ? Mâte, de grands yeux dorés, une bouche fine et un nez droit, elle représentait mon parfait contraire. Elle avait des longues jambes relativement fines et elle était vraiment grande de ce que j'avais vu. Son débardeur dévoilait des bras musclés.

Elle continua à observer mes compagnons et sembla contrariée. Lorsqu'elle pris la parole, ce ne fut même pas pour engager la conversation : elle ordonna à quelqu'un de sortir.

Je vivais dans un monde autoritaire dis donc.

Le serpent se redressa et je sentis vraiment tout son poids. Je comprenais pourquoi on pouvait mourir face à une telle bête. Il observa la femme quelques secondes comme pour l'évaluer et il reprit sa place initiale, en évitant de m'écraser. Le renard, lui, ne s'embêta pas à bouger : il préféra glapir en continu. Mes oreilles demandèrent grâce. Je fis la grimace et il se tut. Ah.

Ush ROWTAG T1 : Monstres inattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant