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Je regardai longuement Alexis en pesant le pour et le contre. Si je pouvais avoir des réponses et résoudre toute cette -voire ces- affaire , je m'en porterai très bien. Quoi que... comment devrais-je justifier mes nouvelles découvertes à la police ? « Bonjour, je suis Ushma, j'ai fait le boulot à votre place, vous pourrez me remercier en m'offrant une tasse de thé pour commencer. »

Moui. Bien sûr.

A tous les coups, j'allais finir dans un endroit blanc, avec des hommes en blanc qui auront pour unique mission de me donner beaucoup de médicaments. Ce sera sans moi. Mais si je ne révélais pas ce qui se passait à la police, pour sûr que ça me retomberait dessus. Mais de toute façon, au point où j'en étais, j'allais finir en désaccord avec la police : qui , à part un coupable de type sociopathe, s'intéresserait autant aux crimes commis dans la capitale ? J'étais coincée et ce depuis longtemps. Alors qu'est-ce que je risquais de me lier au grimoire de madame Belevitch ?

Eh bien. La souffrance. Ce n'était pas comme si la magie m'aimait vraiment beaucoup. La magie du livre en tout cas. La perte de quelque chose de précieux. Si poser des sorts avait un coup, pourquoi pas la connaissance ?Je pariais qu'il y avait d'autres raisons bien plus dangereuses. C'était des raisons amplement suffisantes, à mon sens, pour refuser. Et puis... Les morts n'allaient pas dicter ce que je devrais faire. Il manquait plus que ça.

-Je suis désolée mais je refuse. Je crois que ça va me causer plus de-

Le salon fut plongé dans le noir.

J'avais payé le loyer, l'électricité, le chauffage. Il n'y aurait jamais dû avoir une panne. La température chuta drastiquement. C'est quoi ça encore ? Alors que je me dirigeais vers l'interrupteur, je vis quelque chose bouger du coin de l'œil. Tournant la tête, je laissai mes yeux s'adapter à l'obscurité : je fus tellement prise au dépourvu que mon cerveau refusa d'enregistrer l'information. Je ressentis l'affreux besoin d'avoir une confirmation sur ce qu'il se passait.

-Alexis ? chuchotai-je, incertaine.

J'entendis à peine la réponse : il était encore plus prudent que moi.

-Mon salon bouge.

-Je sais.

-Ce n'est pas normal.

-Je sais, grogna-t-il.

-Pourquoi ?

Mon canapé, entouré de livres divers et variés, flottait à quelques centimètres du sol tout en se rapprochant de moi. Il était confortable, tellement confortable que parfois je m'endormais dessus. Il avait supporté mes larmes, mes sueurs et ma bave. La couleur crème qu'il portait me faisait penser à un nuage. Vraiment, je l'appréciais beaucoup. Mais cette histoire terminée, j'allais m'en séparer et sans y penser deux fois . En fait, j'allais me débarrasser de tout ce qui volait.

-Tu me demande vraiment pourquoi ? murmura le chaman.

-Oui. Non. Peut-être ? Je sais pas, c'est tellement surréel comme situation, soupirai-je.

Alors que je commençai à me détendre - après tout il ne s'agissait que de meubles et d'objets en lévitation - j'entendis la porte de la cuisine s'ouvrir. Elle grinçait toujours un peu donc elle était facile à reconnaître. J'eus la chair de poule et entendre Kael et Ruben s'alarmer ne m'aidait pas vraiment à me détendre. Je me retournai et vis des objets passer le seuil du salon. J'eus à peine le temps de comprendre quoique ce soit que des couteaux foncèrent sur moi. Principalement. Je me laissai tomber au sol, esquivant les couteaux de cuisine. Roulant sur le dos, je pus observer une lame de très près. Elle plongea à quelques centimètres de mon oreille , se plantant sur le sol.

Ush ROWTAG T1 : Monstres inattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant