Le jeu de la déduction (3/3)

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Puis, tout prend fin avec Just Can't Get Enough des Black Eyed Peas, qui a un rythme plus lent. Iban, Toni et Clara repartent, surexcités, vers la table où leurs verres ont été délaissés.

Quant à Charlie, elle vient se coller à moi en chantant, j'ai l'impression que mon cœur ne va pas tarder à sortir de ma poitrine. Elle maîtrise parfaitement la situation avec une surprenante approche séductrice.

— J'ai vu votre alliance. Je suppose, à première hypothèse, que vous êtes marié, mais comme vous m'avez l'air d'être bien trop poli, je suggère une deuxième probabilité : vous avez dû perdre votre femme, ou troisième suggestion, vous avez du mal à vous remettre de votre divorce.

Droit au but.

— Optez pour la seconde.

— Depuis combien de temps ?

— Ça fait un an.

— Je suis désolée de l'apprendre, lance-t-elle avec une mine d'enterrement, continuant de danser plus lentement. Vous êtes seul depuis tout ce temps ? me questionne-t-elle d'une voix légère et apaisante.

— Oui.

— Pas de petite amoureuse ou d'amie occasionnelle ?

— Non, pas à ma connaissance, lui répondis-je fermement.

— Alors, vous êtes célibataire ?

— Dis comme ça, oui.

— Vous n'avez personne avec qui coucher et vous ne fréquentez personne, vous êtes donc libre, sort-elle en soutenant mon regard, impassible. Même si c'est dur de l'accepter.

La conversation allait de plus en plus loin, et je ne veux pas du tout parler de Lauren et surtout pas à une femme capable de me faire craquer à l'instant même.

— Vous aimez faire l'ingénieuse parce que vous pensez me cerner avec des suggestions faciles, comme un accent à peine perceptible ou une alliance ? Mais, sachez que vous ne déstabilisez personne.

— Vous avez l'air si confiant et, je sais, que vous étiez impatient de faire votre rapport caractéristique.

— Je n'ai rien interprété, encore.

— Je vous écoute, alors.

Je la regarde attentivement, elle attend une preuve irréfutable que je peux être cette personne qui saura la dévoiler au grand jour grâce à quelques aspects révélateurs de sa personnalité.

— Je n'ai rien à vous prouver et en aucun cas, je ne me permettrais de révéler la singularité de votre personne sans vous connaître plus, m'excusé-je.

— Oh ne soyez pas si modeste, j'ai hâte de l'entendre.

— Très bien. Votre combinaison... commencé-je à lui dire en lui prenant les deux mains et l'écartant de moi pour la regarder.

— Trop flagrante ? Cela fait de moi une aguicheuse, m'interrompt-elle en minaudant.

— Non, le gris représente l'anonymat. Vous avez sûrement des choses à cacher, avec l'éclairage rouge, qui signifie l'interdit, ça vous rend secrète et attirante. Cependant, la mélancolie qui en ressort avec votre façon de danser montre à quel point la tristesse fait partie de votre vie. Populaire, beaucoup d'hommes vous ont accostée sans que vous ne fassiez attention à eux, ou feint de répondre à leurs avances. Cela montre bien ce que j'ai pressenti la première fois que je vous ai vue. Séductrice et intouchable. À moins que vous ne l'ayez décidé, et à votre répartie, on voit à quel point, vous aimez avoir le contrôle de la situation.

Elle reste toujours sans expression, continuant de danser.

— Bravo pour ce portrait-robot, lance-t-elle en applaudissant. Et vous croyez à ces interprétations ?

Œuvre d'art T.I - La muse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant