Samedi 6 octobre 2012

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Il était encore tôt. Minuit était à peine passé de quelques heures. Pourtant, la chambre de Paul était déjà éclairé par la faible lueur de sa lampe de chevet. Transpirant, haletant, il tentait de reprendre ses esprit après son cauchemar. Ils étaient revenus. Depuis qu'il avait lever la main sur Monsieur Frazo, ses cauchemars étaient revenus. D'abord quelques jours par semaines, puis tous les deux jours mais maintenant, c'était toutes les nuits. Son acte avait réveillé en lui ses peurs les plus profondes, ses démons les plus enfouis qu'il avait eu tant de mal à se débarrassés. Tout s'était éveillé et il savait que désormais il serait dur de s'en défaire.

Dans un geste résolu, il se débarrassa de sa couverture et se leva. Un peu trop vite. Sa tête tourna, il dû s'agripper au mur et chasser en plus les images atroces qui continuaient à passer dans son esprit alors qu'il était maintenant éveillé. Lorsqu'il ouvrit la fenêtre, il inspira goulûment l'air frais de la nuit, dans l'espoir de se reconnecter avec la réalité. Cela échoua. Les brides de son rêve se mêlaient à ses souvenir, faisant battre son cœur à tout rompre. Il n'avait qu'une envie : arrêter ses pensées.

Le salon était son havre de paix. Ainsi, en s'installant dans le divan, un bon livre à la main, il arriva à tromper son cerveaux assez longtemps pour se calmer et réussir à replonger dans un sommeil profond et sans songe.

Plus tard, après que le soleil ai été au zénith, Paul ne pensait plus à son affreuse nuit, il avait retrouvé sa joie.

« Alors, j'ai fini ma trame. Ça a été long mais je crois que ça va beaucoup m'aider, j'ai eu plein de nouvelles idées en la traçant ! On fait quoi maintenant, demanda Rosa, assise sur la moquette du salon.

- Si tu me montrais cette trame ? Comme ça je pourrais voir si elle est vraiment bien.

- Non. Impossible, un auteur ne dévoile jamais ses secrets. Et comme ça tu seras un véritable lecteur bêta, je pourrais tester sur toi mon suspens et mes rebondissements.

- Ne serait-il pas mieux que je m'assure que l'on part sur de bonnes bases ?

- Tu n'as pas confiance en moi ? Hasarda-t-elle.

- Si. Je suis simplement extrêmement curieux.

- Et bien, je peux te dévoiler un indice sur le nœud de mon intrigue. C'est ton cadeau qui m'a donné l'idée. Enfin surtout les morceaux de tissus aux couleurs de l'arc-en-ciel, expliqua la romancière en agitant son bracelet. »

Contrarié de ne pas savoir la suite, Paul passa donc à un autre exercice qu'il avait trouvé pour sa belle.

« Pour écrire, tu dois parfaitement connaître tes personnages. Pour ça je veux que tu m'écrive un liste de 50 faits sur tes personnages principaux. Et disons une vingtaine sur les personnages secondaire. Cela va te permettre de le apprivoiser avant de les insérer dans ton récit, et tu leur créera une véritable personnalité. »

Rosa hocha la tête en buvant les paroles de son mentor, complètement dans son élément. A la fin des explications, elle n'hésita pas une seconde avant de plonger sur la feuille devant elle et de coucher sur le papier toutes les idées qui fourmillaient dans sa tête.

Assis à ses côtés, Monsieur Alexandre passa une heure à la regarder travailler dans un grand silence. Il s'amusait à jouer avec la crinière blonde, en enroulant des mèches autour de son index. Ils sentaient bons, une odeur qu'il ne pouvait décrire que comme étant celle de Rosa. Avec son pouce, il traçait de petits cercles dans le dos de la jeune fille. Elle semblait apprécier au vu des grognements qu'elle laissait échapper lorsqu'il arrêtait. Ce qui avait le don de faire rire Paul.

« C'est trop dur, annonça-t-elle soudainement en se tournant vers Paul.

- Non. Tu as bien avancé, tu as seulement besoin d'une pause. Installe toi dans la canapé je vais nous faire du thé. »

Cette fois, les placards de l'homme était pleins, il avait fait les courses et avait pris soin de choisir tout ce que son élève aimait et en évitant toute recette à base de chocolat. Il prépara donc une bouilloire et glissa dans des tasses des sachets de thé aux fruits rouges, ceux dont Rosa raffolait.

« Et voilà pour toi ! s'exclama-t-il en lui tendant sa tasse. »

Elle lui offrit un baisser en échange. Puis, ils se lovèrent, Rosa installée dans les bras de Paul. Ils se sentaient bien comme ça, invincibles.

« Qu'est-ce que tu dis à ta mère pour toutes tes absences le week-end ?

- Rien. La plupart du temps elle n'est même pas au courant. C'est compliqué à la maison. Elle cumule deux emplois pour qu'on puisse joindre les deux bouts. Depuis que mon père est décédé il y a trois ans, en ne nous laissant que des dettes. La situation est compliquée à la maison. »

La jeune fille avait l'air vraiment triste de la situation, cela toucha beaucoup Paul. Il la serra plus fort dans ses bras et lui parla calmement pour la rassurer sans oublier de lui embrasser le crâne. Si Rosa ne se sentait pas bien, il savait que lui aussi se sentirait mal. Ils discutèrent donc longuement, si bien que le soleil avait finit par se faire remplacer par la lune.

« Il est tard, je ferais mieux de te ramener.

- Non ! Je n'ai pas envie de rentrer. Ma mère travaille cette nuit et...j'ai peur quand je dors seule, avoue-t-elle honteusement. »

Rosa resta donc toute la nuit avec son professeur sans que personne ne le sache. Et cette nuit là, blottit dans les bras de la femme qui faisait battre son cœur, Paul dormit pour la première fois depuis des jours sans faire de cauchemar. En fermant les yeux, il ne songea absolument pas aux images qui le hantait, son esprit n'avait d'yeux que pour le corps qui partageait son lit. Près de son être aimé, Paul plongea donc dans un sommeil plein de fantasmes en oubliant tous ses démons.

Cher professeur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant