Mardi 20 novembre 2012

498 36 8
                                    

Le téléphone vibra, cassant le long silence d'attente qui s'était installé. Tout le monde l'avait pressenti, la police allait bientôt trouver les éléments incriminant Monsieur Alexandre.

« C'est Jacques, déclara calmement Paul. »

Michel se leva et alla serrer son fils dans ses bras.

« J'espère que vous réussirez. Je crois en vous et je suis fier. Fais bien attention à ta femme et occupe toi bien de ton enfant.

- Merci. Tu n'étais pas obligé de faire ça. Tu peux encore changer d'avis, je ne t'en voudrais pas.

- Non Paul, je dois le faire. Ma conscience en sera soulagée. Je perds enfin ma lâcheté. Pour toi, mon fils.

- Merci... papa. »

Une larme coula doucement le long de la joue du vieillard, qui décida qu'il était grand temps de sortir.

Paul aida Rosa à se lever du fauteuil dans lequel elle était installée.

« Tu te sens capable de marcher toute seule ?

- Oui, ne t'en fait pas. Ca va beaucoup mieux. »

Pour illustrer ses propos, Rosa avança doucement jusqu'à la porte. L'homme attrapa les dernières affaires qu'il leur restait à transporter, en gardant un œil protecteur sur sa bien-aimée qui traversait doucement la rue déserte.

Ils poussèrent la porte grinçante et Rosa découvrit pour la première fois le lieu dans lequel elle allait passer les prochains mois. Malgré tous les efforts que les deux hommes avaient produit, l'odeur de renfermé était toujours présente. Cependant, les meubles avaient été débâchés et l'intérieur réaménagé de sorte que le couple soit le plus à l'aise possible. La cuisine était remplie de vivres de même que le salon.

Guimauve poussa un miaulement en apercevant les humains, vint se frotter contre les jambes de Paul et repartit se coucher.

« Michel m'a demandé de prendre soin du chat, déclara l'homme pour casser le silence tendu qui s'était installé.

- J'espère que tout va bien se passer pour lui, soupira Rosa. »

Le docteur arrivait au niveau du cabanon. La police n'était pas encore arrivée, tout se déroulait comme prévu. Il se gara, ouvrit le coffre de sa voiture et en sortit le matériel. Une pelle et des chaussures couverte d'un mélange de terre et de sang, et un sac rempli de poche de sang. Celui de Rosa et Paul, que le médecin avait prélevé au cours des derniers jours.

Il entra dans le chalet de bois, posa la pelle contre un mur, les chaussures non loin puis sans perdre de temps, déversa le contenu de plusieurs poches de sang sur le tapis. Le coton absorba le liquide et se colora de pourpre. L'homme versa une demi poche du sang de son fils par dessus, puis posa la pochette au sol et l'écrasa violemment avec son pied. Des gouttes volèrent et atterrirent sur tout le mobilier alentour et sur son pull gris. Avec ce qu'il restait, il imbiba ses vêtements et fabriqua des traînés jusqu'à la porte.

L'œuvre finit, Monsieur Laroche admira le travail qu'il avait fournit, heureux que toutes les séries policières qu'il avait regardé lui servent enfin. Il découpa ensuite les poches de sang en de fines lamelles qu'il jeta aux toilettes. La chasse d'eau les emporta dans un tourbillon coloré de rouge. Il ne manquait au docteur plus qu'à placer de quoi nettoyer la scène de crime et à attendre.

Le silence était le maître des lieux. La campagne entourant la maison de bois émettait les bruits discrets de la nature s'éveillant. A l'intérieur l'homme attablé face à la fenêtre émettait le son régulier du tintement d'une cuillère dans une tasse. Ce cliquetis régulier se mêlait au lourd chant de l'horloge normande pour créer une mélodie douce et calme. Nul autre musique ne provenait de cette cabane.

Cet homme, le regard dressé vers le lointain horizon avait cet air résolu fixé sur le visage. Aucune once de sentiment ne transperçait ce masque rigide qu'il s'obstinait à afficher. Tranquille, calme et froid, il ne faisait qu'attendre en remuant inlassablement son café froid.

La douce ambiance qui régnait dans l'entre fut brusquement coupée. Au loin, un vacarme assourdissant semblait se rapprocher. L'affreux son était plus proche chaque seconde, devenant plus distinct et plus net. Sans bouger un seul trait, sans ne montrer aucune sorte d'expression, l'homme s'est levé, comprenant qu'il était temps. Impassible face à ce bruit qui était alors devenu incontestablement reconnaissable, le bruit des sirènes de police.Il a saisit la boîte en fer qui trônait sur la table face à lui, en l'ouvrant il constata qu'elle était vide. Il se leva donc pour la remplir de biscuits.

Après que des gâteaux ai pris place que le récipient en fer ai repris sa place au centre de la table, les sirènes s'étaient tu et le silence qui était retombé était lourd de sens. Cette fois-ci il ne s'agissait plus d'un silence paisible. L'homme attrapa son manteau, jeté un dernier coup d'œil au diplôme d'enseignant fièrement accroché au mur et ouvrit la porte. Plusieurs voitures et fourgons de polices encerclaient le cabanon, des dizaines de policiers en gilets par-balle pointaient sur lui leurs armes. Lorsqu'il sorti les forces de l'ordre se précipitèrent sur lui pour le maîtriser et le menotter.

« Monsieur Alexandre Paul, je vous arrête. Vous avez le droit de garder le silence.»

L'inspecteur Montgomery, se rapprocha de l'homme qui était à présent à terre. Ce n'était pas le prof. Il écarta ses collègues et releva brusquement le vieillard.

« Tu es qui toi ?

- Michel Laroche, répondit-il.

- Pourquoi tu es couvert de sang ? Où est Monsieur Alexandre ? »

Face au silence de vieil homme, l'inspecteur donna l'ordre d'emmener cet homme au commissariat.

« Inspecteur, vous devriez venir voir, intervient alors l'agent Fritz. »

La policière guida son supérieur à l'intérieur, où il découvrit la scène de crime.

« Il y a beaucoup trop de sang, ils ne peuvent pas être encore en vie, analysa tristement la femme.

- que personne ne touche à rien. Faites venir la scientifique pour qu'ils examinent la scène de crime. Nous, lança-t-il à sa collègue, on rentre, je veux savoir qui est cet homme et ce qu'il s'est passé ici. »

Cher professeur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant