Nuit du Mercredi 31 octobre 2012

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Le moteur de la voiture grondait dans la nuit. Tendu, énervé, Paul n'avait plus la moindre envie de retrouver son collègue. L'histoire de Rosa melée aux traces de son passé alimentaient une rage interieure. En se garant au pied de son immeuble, il s'efforça de plaquer un sourire poli sur son visage. Le balcon de Sébastian était plein, et la musique était perceptible depuis le rez-de-chaussé. Dehors, des enfants déguisés passaient, un sac à la main, et s'arrêtaient à chaque portes quémander des bonbons. Il était 22 heures.

En ouvrant la porte, Paul sentit une chaleur étouffante l'envelopper. L'appartement était remplit, chaque centimètre était occupé par des gens qui se dandinaient, tous grimés en d'affreux personnages. Se faufilant dans la foule, Paul cherchait son hôte pour lui prouver qu'il était venu et lui offrir la bouteille qu'il avait finit par retourner chercher au fond de sa cave. Au milieu de tous les masques il était quasiment impossible de reconnaître quiconque, d'autant que les invités étaient beaucoup trop nombreux. De plus tous les costumes se ressemblaient, Paul vit plusieurs fois le même squelette qu'il portait sur d'autres convives. L'éclairage était composé de petites lampes de couleurs qui bougeaient au rythme de la musique. Après un quart d'heure de recherche, il trouva un vampire qui se trémoussait aux côtés d'une morte vivante. Sébastian et Aline. Ils crièrent quand ils le virent arriver, visiblement déjà bien alcoolisés.

« Paaauul ! Il manquait plus que toi mon pote ! S'exclama le matheux, totalement saoul. »

L'ambiance était bonne, tout le monde semblait prendre du bon temps. Tous les professeurs du lycée étaient présents à l'exception de Frazo. Il y avait aussi des amis de Sebastian et des gens que Paul soupçonnait d'être arrivé ici par hasard. Oppressé par l'ambiance et transpirant dans son costume en lycra, l'homme avait cherché un endroit calme, pour s'asseoir quelques temps. Le balcon était pris d'assaut mais il restait un petit renfoncement dans lequel il s'installa.

La colère bouillonnait toujours dans l'esprit de Paul mélangée à une inquiétude constante. Depuis qu'il avait été obligé de laisser Rosa repartir chez elle, il lui envoyait constamment des messages pour s'assurer de sa bonne sécurité.

A Rosa, 23h 34

Princesse, tout va toujours parfaitement ?

De Rosa 23h 41

Plus ou moins, ma mère boit depuis tout à l'heure, je ne sais pas pourquoi
mais elle est très enervée.

A Rosa, 23h42.

Elle ne t'a pas touché rassure moi ?

De Rosa, 23h44

Je vais bien. Ne t'en fais pas.

A Rosa, 23h45

Reste dans ta chambre. Et ferme la porte.
Ne va surtout pas la voir mon coeur.
Et s'il se passe quoique ce soit, préviens moi.

Paul discuta quelques minutes de plus avec Rosa, tout en regardant les gens se trémousser sur le balcon. L'air frais l'avait un peu calmé, et perdu dans ses pensées, il songeait à son enfance, aux bons moments qu'il avait passé, du moins jusqu'à ce que la situation s'empire. Son téléphone le sortit de ses songes.

De Rosa

23h57

Ma mère, essaie d'ouvrir ma porte,je crois qu'elle va y arriver. J'ai peur, aide moi s'il te plait.

A Rosa

23h57.

Cache toi, essaie de gagner du temps.
J'arrive, ne t'en fais pas princesse, elle ne te touchera pas.

En slalomant entre les fêtards déjà bien éméchés, Paul sortit sans prévenir personne, il devait voler au secours de sa belle. En imaginant ce que la mère de Rosa pourrait lui faire, son coeur s'emballa, il avait peur. L'adrénaline courait dans ses veines, il devait se dépêcher arriver avant que cette femme est put toucher à un seul des cheveux de sa princesse.

Les rues étaient animées, quelques bambins couraient toujours, se mêlant aux groupes plus âgés qui fêtaient les morts. Paul monta en vitesse dans sa voiture et fonça chez Rosa. Il ne respecta aucune limitation de vitesse, sa seule priorité était son élève.

Au bas de l'immeuble, il sonna à tous les étages, et en ce soir d'Halloween la porte s'ouvrit. Paul monta les escaliers quatre par quatre jusqu'au troisième étage. Sur la porte de droite, une plaque collée indiquait « Maulin ». Il enclencha la poignée, la porte était fermée. En plaquant son oreille sur le bois, Monsieur Alexandre entendit les hurlements énervés de la mère et les cris apeurés de son amante. A grand coup de poing il frappa à la porte, sans délicatesse ni discrétion, jusqu'à ce que la porte s'ouvre.

La mère de Rosa, titubante,les sourcils froncés apparu dans l'entrebâillement.

« Qu'est-ce q'c'est ? Articula-t-elle péniblement en relâchant une haleine chargée d'alcool.

- Je viens chercher Rosa. »

Et Paul poussa la porte pour l'ouvrir complètement, faisant tituber la femme qui manqua de tomber à la ramasse.

« Rosa, cria-t-il. Princesse, je suis là, viens. »

La jeune femme se précipita dans les bras de son professeur, et le serra dans ses bras, elle pleurait. Le cœur fendu par cette vision, Paul pris des décisions rapides et instinctives.

« Chérie, prend un sac, mets-y le stric minimum, les affaires auxquelles tu tiens vraiment et dépêche toi. Je m'occupe de ta mère, fais ça vite s'il te plait. »

La présence de son amoureux réconforta la jeune fille qui s'éclipsa dans sa chambre. En vitesse, elle attrapa son plus gros sac, y versa les habits qui lui tombèrent sous la main, ramassa les feuilles éparpillées sur son bureau et avec le contenu entier du tiroir les ajouta dans son cabas. Puis, elle retrouva son professeur dans le salon. Celui-ci maintenait sa mère à bonne distance, quand il l'aperçut, il la saisit par la main et l'entraîna dans les escaliers, puis dans la rue, où ils bousculèrent des passants, puis la fit monter dans la voiture.

Assis dans la voiture, il eurent à peine le temps de reprendre leur souffle que Paul avait démarer pour quitter le lieu le plus vite possible.

« Tu vas bien ? Dis moi qu'elle ne t'a rien fait.

- Tu es arrivé au bon moment . Elle n'a eu le temps que de me donner une gifle ou deux. Je saigne juste un peu de la lèvre. Mais je vais bien. Grâce à toi. Merci. »

Tandis que Paul roulait, il jetait des regards inquiets à Rosa. Quelque chose semblait ne pas être habituel.

« Princesse ça va ? Tu es sûr que tu te sens bien.

- Ma tête, gémit-elle.

- Rosa, est-ce que ta mère t'a seulement gifflé ? Tu es sûre ?

- Elle m'a poussé. Je suis tombée.

- Tu es tombée sur la tête ? Rosa répond moi. Rosa, ne ferme pas les yeux, reste avec moi. »

Tout en appuyant sur l'accélérateur pour rentrer au plus vite, Paul parlait à Rosa. Ses yeux se fermaient, elle disait qu'elle voulait dormir, mais le professeur savait qu'elle ne devait pas fermer les yeux après une telle chute sur la tête.

« Princesse, écoute moi. On va compter ensemble. Aller compte avec moi, un...deux...trois...Rosa allez après. Quatre. »

La jeune fille n'était que des grognements imperceptibles, puis elle finit par fermer totalement les yeux et ne plus émettre aucun son.

Cher professeur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant