Une semaine avait passé. Paul ne dormait plus, faisant chaque jour plus d'efforts pour masquer son humeur détestable, refoulant son énervement devant les absurdités quotidiennes des personnes qui l'entouraient. Un rien l'irritait et la vue de Rosa le brisait.
Durant cette semaine, Monsieur Alexandre avait pourtant tout essayé pour reconquérir sa bien-aimé : il lui avait envoyé des dizaines de messages, avait laissé des messages sur sa boite vocal et, il avait même écrit un mot d'excuse sur sa copie. Mais son élève ne l'avait pas excusé, elle continuait à baisser le regard et à l'ignorer, heurtant Paul au plus profond de lui-même.
Alors que Paul tentait de rester calme face à la file qui semblait s'être figer depuis plusieurs minutes, il attrapa un dessert à la va-vite en écoutant d'une oreille distraite ce que son collègue lui racontait.
« Aline m'a encore parlé de toi ce matin. Elle a très peu subtilement essayé de me soustraire des infos. Je te la fait courte : elle voulait savoir si tu étais libre. Je crois qu'elle va jamais lâcher l'affaire mon vieux, elle est dingue de toi !
- Tu lui a dit que j'étais pris j'espère ?
- Tu as trouvé quelqu'un ? s'exclama Sebastian. C'est Mélanie c'est ca ? Tu vois je t'avais dis que...
- Non, je n'ai personne, mais au moins, elle aurait arrêter d'espérer pour rien. »
Le professeur de mathématiques ne fit pas attention à la réponse de son collègue et continua à déblatérer sur ses sujets habituels tandis que la queue redémarrait enfin. Rapidement Paul finit de compléter son plateau repas et s'engouffra dans la salle des professeurs, là où il espérait enfin pouvoir trouver un semblant de calme pour souffler. Il offrit un grand sourire à tous ses collègues déjà attablés et apparemment plongés dans une grande discussion autour de leurs classes respectives.
« Asseyez-vous avec nous, ne vous mettez pas si loin, les interpella une professeure d'histoire. »
Paul dû à contrecœur s'installer près des autres, sous le regard du professeur de physique, Monsieur Frazo qui depuis la rentré avait continué à lui lancer des piques à tout va. Le littéraire n'avait qu'une seule envie : manger tranquillement, en restant plongé dans ses pensées. Malheureusement, pour faire bonne figure, il fut obligé de prendre part à la conversation.
« Pour l'instant, je pense clairement que les premières S2 vont être compliqués à gérer. Mais je commence à voir les leaders, je vais les calmer rapidement avant qu'ils ne s'octroient tous les droits et que ça soit finit pour nous, bavarda Sebastian.
- Personnellement ce ne sont pas eux qui me font le plus peur, c'est simplement de l'agitation, les secondes ont l'air beaucoup plus inquiétant, commenta Aline. Qu'est-ce que tu en penses Paul ?
- Les secondes 6 sont les seuls seconde que j'ai. Et je n'ai encore eu aucun soucis avec eux, ils sont adorables, j'espère que ça va durer.
- De ton point de vue peut-être. Mais ne te rends-tu pas compte qu'ils sont intenables ?Au premier moment de silence, ils se sentent obligés de faire du bruit et de brailler. Tu n'as pas posés les bases à la rentrée. Je ne vois pas qui a eu l'idée de te confier une classe, c'était totalement incongru, l'attaqua monsieur Frazo.
- Avec moi ils sont calmes. Mes cours sont peut-être tout simplement plus intéressants que les tiens.
- Ne me tutoies pas ! Tu n'es qu'un petit insolent qui ne supporte pas la critique. Vois la vérité en face, cette classe ne fonctionne pas, ils n'ont pas de repères.
- Sinon que pensez-vous des terminales L ? demanda un autre professeur pour apaiser l'ambiance »
Cette tentative de diversion échoua, Paul et Monsieur Frazo continuaient à se jeter des mots toujours plus blessant. Le professeur de français était sous pression depuis une semaine, ses émotions débordaient et à cet instant l'homme en face de lui le faisait bouillir. Toutes ces barrières craquèrent lorsque son adversaire s'attaqua directement aux élèves de secondes 6. Paul se leva, il lui hurlait de se taire mais l'autre continuait. Plongé dans un état bestial, Monsieur Alexandre ne réfléchissait plus, il fit la seule chose que son cerveau pouvait encore lui ordonner de faire, il frappa. De toutes ses forces, il envoya son poing dans le nez de Monsieur Frazo qui s'arrêta instantanément de parler. Son poing allait repartir, mais il fut bloqué.
Alors, Paul réalisa. Il vit Frazo à terre, saignant, il vit l'attroupement d'élèves autour de la salle. Surtout, il entendit, le silence qui régnait, tout le monde avait arrêté de bouger, de parler et retenait son souffle. Son bras retomba le long de son corps, et il sortit. En se frayant un chemin dans la foule qui reprenait petit à petit vie, il croisa le regard de Rosa. Et cette fois, ce ne fut pas elle qui baissa les yeux mais lui, trop honteux de ce qu'il venait de faire.
Assis dans un coin isolé, Paul réfléchissait aux conséquences de ses actes. Comment avait-il pu en arriver là, il était remplis de remords . Lui qui des années auparavant c'était juré de ne plus jamais lever la main sur quelqu'un. Ses sentiments l'avaient envahis, Frazo avait fait débordé ses émotions qui bouillonnaient déjà en lui depuis une semaine.
Une main amicale se posa sur son épaule. Sebastian lui souriait doucement.
« Tu as merdé même si Frazo aurait du la fermer.
- Je sais. Je vais me faire virer. Je pourrais plus jamais exercer.
- T'inquiète pas, avec les collègues on va pas te lâcher. Frazo n'avait pas à dire tout ça, il l'a bien cherché. Et au pire, tu risque un blâme. »
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Cher professeur.
RomanceTout commence par leur passion pour l'écriture. Monsieur Alexandre enseigne pour la première année lorsqu'il croise sur sa route une merveilleuse élève : Rosa. Mais qui pourrait comprendre leur amour ? **** Merci a @MarieBoulet pour cette magnifiq...