Vendredi 14 septembre 2012

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« Aller, tu ne peux pas continuer a refuser éternellement, il faut bien que tu t'amuses un peu ! En plus ça sera chez moi, il n'y aura qu'un comité réduis. Ça sera une soirée tranquille. Aller accepte !

- C'est bon tu as gagné, c'est oui, craqua Paul »

Durant quelques secondes Sebastian papillonna des yeux, surpris de recevoir une réponse positive. En effet, depuis deux jours il essayait de convaincre son ami de venir chez lui pour s'amuser et la partie semblait perdue d'avance : Paul ne cessait de trouver des arguments pour décliner les invitations successives qu'il lui lançait. Pourtant, sans aucuns signes avant-coureurs le professeur de français venait d'accepter. Exalté de sa victoire, le matheux se mis à dresser des listes de tous les invités, de tous les préparatifs dans un débit si rapide que lui seul se comprenait.

Cela ne dérangeait pas son ami à ses côtés, perdu dans son monde. S'il avait accepté, c'était pur une raison bien précise : il devait se changer les idées. Cela devenait un besoin vital, il avait l'impression d'étouffer, il lui était impossible d'éloigner de ses pensées la jeune fille blonde. Inlassablement, tout semblait se rapporter à elle, tout était un prétexte pour amener l'image de Rosa dans son esprit, faire resurgir le souvenir des sensations de leur peau se touchant. Par moment, au milieu de cette idylle, la réalité frappait de plein fouet Monsieur Alexandre, il réalisait que cette fille n'était que son élève, qu'elle était si jeune. Violemment il comprenait qu'elle était mineur, que ses pensées n'étaient pas saines, et il était alors pris d'un dégoût pour lui-même, se demandant comment il pouvait songé à des choses aussi atroces. Mais, bien vite, l'image de la talentueuse blonde lui revenait et la raison disparaissait.

C'était dans un moment de lucidité que Paul avait affirmé sa présence à la fête de son collègue, pensant ainsi qu'il pourrait faire de nouvelles connaissances, rencontrer une belle femme qui réussirait à lui faire oublier ses idées malsaines.

L'après-midi fut pour Paul un véritable combat intérieur. Durant le cours qu'il donna au seconde 6, son regard ne cessait de glisser sur son élève préférée. Il la trouvait resplendissante. Lorsque son regard tombait sur le sien, ils restaient quelques secondes accrochés, et ces quelques secondes suffisaient pour que le professeur remette en question son envie de rencontrer d'autres femmes. Toutes ces sensations qu'il ressentait en présence de Rosa, il ne les avaient jamais connues et il lui semblait impensable de les avoir de nouveau avec quelqu'un d'autre. C'était elle qui faisait battre son cœur de cette façon à chaque regard, qui lui procurait tant de frissons à chaque sourire, qui le faisait sourire à chaque parole.

Toutes ses résolutions tombèrent définitivement à l'eau lorsque Rosa resta à la fin de l'heure. Ils étaient seuls dans la pièce, debout face à face. Pour se donner de la constance, Paul s'appuya sur son bureau et souri de toutes ses dents.

« Je me demandais juste quand est-ce que vous pourriez commencer à me coacher. Si vous n'avez pas changer d'avis.

- Le plus tôt sera le mieux, on a beaucoup à faire ! Tu pourrais venir chez moi ? Parce qu'au lycée ça serait impossible, trop de papiers à remplir, de choses à expliquer et je ne suis pas sûr que ce que ça rentre vraiment dans les cases.

- Et bien, oui pourquoi pas.

- Génial ! Envoie moi un message pour que l'on fixe une date, tu vas être en retard sinon. »

D'un simple hochement de tête la jeune fille agréa.

« Tu es très jolie aujourd'hui »

Monsieur Alexandre n'avait pas réussit à se retenir et les mots étaient sortis tous seuls alors que la jeune fille franchissait la porte. Un instant, il cru avoir fait une erreur, avoir été trop vite mais un adorable sourire se forma sur les lèvres de Rosa, signe pour lui de victoire. Peut-être il y avait-il un espoir pour que ce qu'il ressentait soit partagé et qu'il n'ai finalement pas des pensées si tordues.

Paul resta dans l'euphorie du moment pendant plusieurs heures, heureux de pouvoir enfin penser librement, de ne plus se mettre de barrières. Il finit sa journée tranquillement, content de tout, souriant et blagueur. Ce ne fut qu'une fois assis derrière son volant, seul dans ses pensées que son balancement repris.

L'hésitation fut le maître mot de sa soirée. La scène tournait en boucle dans sa tête, il voulait comprendre la signification de ce magnifique sourire. Peut-être était-ce un signe que lui avait envoyé Rosa, pour lui montrer qu'elle aussi, elle ressentait cette étrange attirance. Ou alors, peut-être n'était ce qu'un sourire de gène, le genre de sourire que l'on ne fait que lorsque l'on ne sait pas répondre.

Depuis son sofa, Monsieur Alexandre regardait crépiter le feu dans sa cheminée laissant libre court à ses pensées, perdu, se sentant seul. Rares étaient ces fois-là où cette grande maison lui semblait vide, pourtant cette nuit là, ce fut le cas. Lorsque le feu se taisait, tout semblait à l'abandon, rien ne donnait vie à ces pièces inoccupées, dormant dans l'attente qu'on les réveille par des rires enjoués, donnant à Paul cette sensation de manque. Il manquait une présence, quelqu'un qui pourrait animé les murs comateux de cette maison et qui réussirait à bousculer toutes les habitudes de Paul. Cette personne ne prenait qu'une seule forme dans l'esprit de Paul : Rosa. Avec son sourire, sa joie et son entrain, elle aurait été si parfaite dans ce rôle. Distinctement, l'homme arrivait à s'imaginer comment cette femme aurait illuminé son antre, comment elle aurait ravivé chaque pièce, comment elle l'aurait secoué.

Ce soir là, Paul enroulé bien au chaud dans sa solitude, n'arriva plus à se dresser de barrières. Elles tombèrent toutes une par une, effritées par cette soudaine envie de compagnie, par le besoin de serrer le corps de la jeune femme contre lui à chaque fois que son image resurgissait de son esprit. Rosa lui semblait soudain la solution à tous ces maux, un besoin vital qui devait être comblé s'il ne voulait pas souffrir plus longtemps. Perdre son travail, il n'y pensait plus, les longues années d'études qu'il venait à peine de clore ne lui semblaient pas importantes par rapport à cette fille, il était attiré vers elle comme un papillon de nuit à la lumière.

Dans ses vagues de folie, son esprit ne s'arrêtait plus, imaginant chaque instant qu'il pourrait passer au près de l'adolescence, chaque souffle qu'ils pourraient échanger, chaque caresse, chaque baisé qu'il pourrait y avoir.

Cher professeur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant