Mardi 6 novembre 2012

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Paul ouvrit les yeux, le cœur battant. Un nouveau cauchemar avait encore perturbé son sommeil. Depuis qu'il avait pris connaissance de la lettre de Rosa, il n'arrivait plus à dormir tranquillement et le manque qui s'installait un peu plus en lui chaque jour ne l'aidait pas à éloigner ses démons. Sa belle lui manquait terriblement, ne plus l'entendre lui parler était quelque chose d'horrible à vivre. Et la voir ainsi allongée dans ce lit, livide et immobile lui tordait le coeur.

« Coucou princesse, chuchota-t-il. Encore un matin où je dois me lever sans toi. La journée va être longue. Je souhaite de tout mon cœur que tu te réveille. J'ai besoin de toi pour vivre en étant réellement heureux. Et je veux qu'on parle du bébé. Plus j'y pense, plus j'ai envie qu'on le garde tu sais. Je me dis que ça ne peut nous apporter que du bonheur. Tu imagines ? Un petit bout de nous deux. Je suis sûr qu'il serait merveilleux, aussi beau et intelligent que sa maman. »

Monsieur Alexandre posa sa main sur le ventre de sa belle.

« Je n'arrive pas à croire qu'il y ai quelque chose qui vit la dessous. C'est dingue. Mon ange, il faut vraiment que tu te réveilles pour pouvoir vivre tous ces sublimes moments avec moi. »

Monsieur Alexandre continua à parler à Rosa en caressant son ventre qui était toujours aussi plat. Il resta ainsi jusqu'à ce que le jour se lève et que Michel se réveille. Alors Paul embrassa le front de Rosa et s'étira. Des courbatures apparaissent petit à petit, dormir sur une chaise ne lui faisait vraiment aucun bien. Il rejoignit le médecin dans la cuisine après quelques civilité il demanda :

« Tu pense que ça serait possible de vérifier si Rosa est vraiment enceinte ? Tu vois, j'ai peur de commencer à y croire et que finalement ça soit faux, après tout, les tests peuvent se tromper.

- Bien-sûr, je vais lui faire une prise de sang. On devrait avoir les résultats ce soir si on envoie les analyses assez tôt. »

Après qu'ils aient pris leur café en discutant tranquillement, le médecin alla prendre du sang à Rosa. Puis, il toucha à toutes ses machines, changea des sortes de poches.

« Tu pourrais m'expliquer à quoi ça sert tout ça ? J'aimerais bien pouvoir faire quelque chose.

- Alors tu vois, ça c'est en quelque sorte la poche qui sert à hydrater Rosa tout au long de la journée. Il suffit juste de l'accrocher là, de faire ça et de la relier à la sonde qui va dans son bras. Tu veux essayer avec la deuxième ? »

Monsieur Alexandre accepta, il était heureux de pouvoir participer, il voulait s'investir, pour prendre soin lui-même de Rosa, il lui avait promis de toujours être là pour elle.

« C'est bon comme ça ?

- C'est parfait. Il y a aussi quelque chose que tu peux faire, c'est mobiliser ses articulations et ses muscles. C'est important pour qu'elle puisse bouger à son réveil, sans avoir à faire de trop longues séance de rééducation. »

Michel montra a son cadet quelques mouvements de kinésithérapeute, celui-ci était plus concentré que jamais, il écoutait attentivement tous les conseils du docteur pour reproduire au mieux les gestes de spécialistes.

« Ca n'est pas trop compliqué, je devrais m'en sortir, affirma le professeur.

- Génial ! Je te laisse alors, je vais aller porter les analyses de Rosa au labo. »

Paul se retrouva alors seul avec Rosa.

« Mon ange, j'espère que tu m'entends quand je te parle. Il faut vraiment que tu reviennes vite, je me sens seul ici sans toi. Cette nuit j'ai encore fait un cauchemar, ça ne m'étais pas arrivé depuis que tu es venu me voir pour m'avouer que tu m'aimais. Quand je suis avec toi, j'oublie tous mes soucis, et je crois que je ne te le dis pas assez. Tu as vraiment changé ma vie princesse, alors s'il te plaît, maintenant que tu m'as montré à quel point je pouvais être heureux, ne pars pas. Je serais anéanti si tu ne te réveillais pas. »

Parler à Rosa endormie n'étais pas chose facile pour Paul, il avait l'impression de parler au vide, de parler seul. Pourtant, il n'avait pas d'autre choix : c'était la seul manière qu'il avait de communiquer avec sa belle.

Guimauve miaula est sauta sur les genoux de Monsieur Alexandre.

« Tu vas être contente quand tu vas te réveillé, Guimauve est adorable. Il est tout blanc et il a tellement de poils, c'est fou. C'est un amour. »

Monsieur Alexandre caressa le félin qui s'était confortablement endormi sur ses genoux tout en continuant à veiller sur Rosa et à lui parler.

« Paul ! Tu ne devineras jamais ! s'écria le docteur en franchissant la porte. »

Son hurlement brisa la tranquillité du cabanon.

« Regarde, ce que j'ai trouvé, continuait-il en brandissant un journal. »

Sur la première page figurait une photo de Rosa. Le titre clamait la disparition inquiétante du jeune femme. Paul saisit le papier pour le lire plus attentivement. Son cœur battait la chamade, la police avait été chargé de l'enquête. Un témoin les avait vu descendre les escaliers. Une peur s'installa, si les policiers réussissaient à les retrouver, alors Paul perdrait son travail, irait peut-être en prison et surtout, il ne pourrait plus jamais voir Rosa.

« Michel ! On doit trouver une solution, il ne faut pas que la police remonte jusqu'à nous. Ils vont me prendre Rosa et mon bébé ! »

Paul paniquait totalement, il n'avait jamais tenu autant à un être humain.

« Ne t'en fais pas, il faut juste essayer de gagner du temps pour qu'on puisse trouver un moyen de vous faire quitter le pays. »

Paul se taisait. Le docteur réfléchissait.

« Je sais, je vais appeler la police. Je vais leur dire que je roulais sur la départementale pour rentrer chez moi et que j'ai vu une voiture arrêté sur la chaussée. Je me suis arrêté pour savoir si tout allait bien, mais l'homme m'a dit de partir. Alors je suis parti, et j'ai vu qu'il redémarrait et qu'il prenait la direction du sud. Voilà et je n'ai qu'à dire que la voiture était rouge. Comme ça, il ne viendront pas fouiller vers ici, d'accord ?

- Ils vont te poser plus de questions, assura Paul. D'où venais-tu ? Pourquoi ne pas avoir prévenu la police plus tôt ?

- Je venais du cimetière, j'étais aller voir ma femme, c'était la fête des morts. Et je ne me sentais pas très bien ces derniers jours, alors je n'avais pas vu l'alerte avant, j'ai appelé dès que j'ai vu.

- Pourquoi tu m'aides autant Michel ? Ce que tu t'apprête à faire est grave, c'est de l'entrave à la justice.

- Ne t'en fais pas, je sais ce que je fais. Et je le fais autant pour toi que pour moi. »

Et l'homme sortit de la pièce pour aller téléphoner à la police. Monsieur Alexandre soupira, tout était beaucoup trop beau pour être vrai, comment avait-il pu croire qu'il pouvait vivre heureux ? Il savait depuis longtemps qu'il était destiné à ne pas avoir une belle vie. Tout ce qui était en train de se passer était la façon dont la vie le punissait et il le méritait. Ses cauchemars lui en rappelait chaque jour la raison.

Cher professeur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant