Samedi 10 novembre 2012

575 37 1
                                    

Paul observait l'image que lui reflétait son miroir. De grandes cernes violacés dessinaient le dessous de ses yeux, quelques petites rides avaient fait leur apparition sur son front. Ses joues étaient plus creusées et ses yeux ne brillaient pas de leur étincelle habituel. A regarder de plus près, on voyait bien que quelque chose était fissuré en lui. Ce trou béant était causé par l'absence de Rosa, et chaque jour sans nouveau signe de vie de sa part élargissait le précipice de son coeur. Ses lèvres restaient bases, incapables de sourire.

Dans une ultime tentative d'oubli, Paul pris une douche. Cela n'eut pas l'effet escompté. Il enfila ensuite une belle chemise. En repassant devant le miroir, il ne remarqua aucune différence, il semblait toujours aussi mort. Avec un peu de chance, son rendez-vous ne le remarquerait pas.

Il restait un demi heure au professeur de français avant d'être en retard. Il traîna dans la maison et profita d'être de nouveau chez lui pour récupérer des nouveaux vêtements et de nouveaux bouquins pour le cabanon. Cela lui permis d'arriver avec à peine cinq minutes de retard au bar de la place, exactement comme il l'avait espérer.

« Paul ! l'interpella la femme qui l'attendait à une table. »

Il fixa le plus grand sourire qu'il put sur ses lèvres et salua chaleureusement la jeune femme.

« Je suis vraiment heureuse que tu ais appelé, je ne m'y attendais pas. Qu'est-ce qui me vaut cet honneur ?

- Et bien disons que j'avais très envie de revoir la charmante demoiselle de la soirée, mais j'ai été très occupé ces derniers temps. Tu sais ce que c'est, le boulot. »

Une discussion bateau s'installa, Paul trouva cela insupportable et il l'aurait spécifié si il n'avait pas eu besoin de Mélanie pour obtenir des informations. Et il ne put s'empêcher de comparer cette femme à Rosa. Il ne lui fallut que deux phrases de la part de la brune pour comprendre qu'elle ne pouvait pas rivaliser avec sa bien-aimé.

« Tu m'as dis que tu avais une sœur non ?

- Oui, une sœur jumelle, elle s'appelle Hélène.

- Les jumeaux m'ont toujours fasciné. C'est dingue de voir comment deux être ayant vécu quasiment la même enfance peuvent arrivé à être deux êtres différents à l'âge adulte.

- Tu sais, ma sœur et moi, on se ressemble vraiment pas, elle est policière alors que moi j'ai continué mes études dans la mode.

- Elle est policière? Je ne savais pas. Ça doit être dur pour elle en ce moment, avec cette enquête là. Tout le monde ne parle que de ça.

- Oui, je la vois souvent et en ce moment, elle est vraiment stressé, elle ne fait que travailler, même le dimanche tu te rends comptes ! C'est vraiment pas une vie.

- Tu sais si ils avancent sur l'enquête ? J'ai vraiment hâte qu'ils attrapent ce salopard ! Ca fait peur tout de même. Moi je pense à ma petite sœur, j'ai pas envie qui lui arrive la même chose.

- Je crois que leur enquête n'avance pas. Ils n'ont aucune preuve, aucune piste. »

Une des peur de Paul s'allégea, la police n'avait aucune piste. Ils avaient donc encore du temps avant de devoir fuir en urgence.

« Si ça se trouve ils sont déjà loin, dans un autre pays.

-Je crois pas. Les frontières sont surveillées. Toutes les voitures qui correspondent au signalement sont contrôlées, et puis les agents qui sont aux frontières sont très vigilent, je pense vraiment qu'ils puissent sortir. Et même s'ils sont dans un autre pays, ils sont dans la liste de recherche des tous les pays voisins. »

Mélanie changea rapidement de sujet, elle n'était pas intéressé par la paix dans le monde, simplement par l'homme qui étai en face d'elle. Elle avait essayé de mettre toutes les chances de son côtés : elle portait un joli chemisier au décolté plongeant, un rouge lèvre provocateur ornait ses lèvres et ses cheveux étaient relevés en un chignon négligé pour souligner ses traits. Malheureusement, cela n'eut aucun effet sur Paul qui pensait constamment à Rosa sans perdre de vue l'objectif de ce rendez-vous.

« Je vais devoir y aller, je dois aller rendre visite à mon grand-père, je lui ai promis. J'ai été heureux de te revoir Mélanie. »

L'homme se leva. La femme se leva. Paul déposa un léger baiser sur la joue de Mélanie, pour lui laisser l'espoir que tout était encore possible. Puis, il s'en alla pour rejoindre sa bien-aimé, il avait vraiment besoin de la voir.

« Alors ? Demanda le docteur. Ca a marché ?

- Mieux que je ne l'espérais. La fille m'a dis tout ce que je voulais. La police est dans une impasse, ils n'ont absolument aucun doute sur nous. Ton témoignage a vraiment bien fonctionné. Et pour ce qui est des frontières, ils arrêtent en priorité tous les véhicules que tu leur a décris mais ils ont renforcé tous les autres contrôles. Et l'avis de recherche a été lancé dans tous les pays voisins.

- Ca va donc être compliqué pour vous de vous reconstruire une vie ailleurs.

- A moins que tu connaisses des amis agents secrets qui puissent nous fabriquer une nouvelles identité, après nous avoir fait changer de visage, non, je vois pas. On est condamné à vivre en cachette.

- Aller ne soit pas défaitiste, on va réfléchir et on va trouver. Je tiens à vous aider. »

Paul eut une moue peu convaincu et s'exila dans la chambre. Il retrouva enfin sa belle au bois dormant. Il embrassa délicatement son front.

« Toujours pas réveillé princesse ? Tu vas finir par me rendre fou. En plus là, on a vraiment besoin de toi, je suis sûr que tu pourrais avoir une super idée. Parce que là, on est dans une impasse, la police va forcément finir par nous retrouver, et je vais plus pouvoir vous voir ni toi ni le bébé.»

Cher professeur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant