Samedi 17 janvier 2013

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Le soleil se levait doucement et venait caresser le visage du professeur de langue qui ouvrit les yeux. Il regarda le visage paisible de sa fiancée puis l'embrassa doucement.

« Bon matin princesse.

- Bonjour toi, répondit-elle endormie.

- Aujourd'hui est un grand jour mon ange, on va enfin partir d'ici. On va aller reconstruire notre vie. Et regarde, j'ai une surprise pour toi. »

Paul se leva et tendit un joli sac en papier carton à Rosa. Avec délicatesse elle déplia le morceau de tissu. C'était une longue robe pull, d'un violet très foncé, presque noir.

« Comme je sais que tu as du mal à accepter les changements de ton corps, je me suis dis qu'une jolie robe pourrait t'aider. Tu vas être magnifique dedans mon ange. »

Plus heureuse que jamais Rosa se leva et alla enfiler sa robe.

« J'adore ! s'exclama-t-elle. Merci beaucoup chéri. »

Leur matinée se passa sous le signe des câlins et de l'amour. Ils se mirent doucement en action.

« Il faut qu'on rassemble toutes nos affaires pour pouvoir charger la voiture dans la nuit et partir vite, s'enthousiasma Rosa en rassemblant dans un carton toutes leur réserve de boites de conserve.

- Mais toi, tu vas t'asseoir sur le canapé et tu es le cerveau, pas les bras. Je veux que tu te ménage, affirma Paul en lui prenant ses boites des mains

- Je vais bien. Je me sens vraiment bien. Je peux au moins porter deux boites de haricots, ça ne va pas me tuer. »

La jeune femme repris ses légumes et les empila dans le carton. Elle fut tout de même limitée dans ses mouvements par son fiancé qui réussit à la faire s'asseoir pour organiser les sacs et fermer les cartons en inscrivant au feutre ce qu'ils contenaient.

En fin d'après-midi, la pile de cartons et de sac qui s'entassait devant la porte était complète. La quantité de provision suffisait à nourrir les deux amants pour six mois encore.

« Tu crois que tout va tenir dans la voiture ?

- Ne t'en fais pas, le coffre est grand. C'est une voiture familiale. »

En attendant que le soleil se couche, les deux amoureux firent le tour de la maison, rebâchèrent et remirent en place les meubles pour éliminer toutes les traces flagrantes de leur passage.

Rosa tournait en rond en attendant la nuit, elle n'avait plus qu'une envie : sortir de cette maison qu'elle avait détesté. La joie de savoir qu'une nouvelle vie les attendait l'excitait, mais la peur que la moindre chose dérape l'effrayait au plus haut point. A partir de l'instant où ils allaient passer la porte, tout pourrait faire basculer leur plan et les risques étaient gros. Si quelqu'un les reconnaissait, ils allaient être arrêtés, Paul irait sans doute en prison, Rosa en foyer et ils ne pourrait plus former une famille.

Monsieur Alexandre replaça une mèche de cheveux maintenant noire de Rosa. Il l'embrassa doucement puis annonça solennellement qu'il était temps de charger la voiture. Rosa fut bien évidement écartée de cette tâche et regarda son ancien professeur faire de nombreux, bien trop nombreux aller-retour entre la voiture et la maison en se chargeant de tous les vivres qui leur restait.

Pendant ce temps, elle caressait doucement Guimauve à travers les barreaux de sa caisse de transport.

Lorsque la jeune femme sorti de la maison, le chat collé contre la poitrine, elle prit une grande respiration. Elle profita de chacune des sensations que lui offrit l'extérieur. L'air était froid et humide, il rentrait délicieusement dans ses poumons. L'herbe haute était légèrement mouillée et déposait sur ses mollets de minuscules gouttes d'eau. De ce moment, elle en avait rêvé depuis des semaines, et elle fut déçue de devoir retrouver aussi rapidement l'habitacle d'une voiture.

Cher professeur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant