Lundi 19 novembre 2012

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A 8 heure, Paul avait téléphoné au lycée pour prévenir qu'une affreuse fièvre le clouait au lit et qu'il ne serait pas de retour avant le mercredi. Cela leur laissait donc le temps de mettre en place leur plan.

A 9 heure, Paul et Michel partirent chacun de leur côté faire les magasins avec de l'argent en liquide. Ils allèrent respectivement dans 4 supérettes différentes et dans plusieurs grandes surfaces. A chaque fois, ils achetaient deux semaines de nourriture non périssable pour deux.

A 11 heure, les provisions furent entassées et réunies dans la chambre. Des pâtes, du riz, des conserves, des gâteaux, des bouteilles d'eau, il y avait plus de quoi survivre plus de trois mois à deux.

« J'ai retiré de l'argent, et j'ai pris rendez vous avec mon banquier pour recevoir la totalité de ce qu'il y a sur mes comptes en liquide. Il y a de quoi survivre pendant quelques mois et commencer une nouvelle vie loin d'ici. »

Le plan commençait enfin à se concrétiser, ils avaient réussi à devancer la police. Michel refit des prises de sang tout au long de la journée. Et Rosa tenta encore et encore de tenir debout.

« C'est génial princesse, vas-y continue, tiens bon ! Super, tu vois tu progresse vite.

- C'est bon, stop j'ai trop mal. »

L'adolescente arrivait maintenant à se maintenir debout et faire trois pas. Son sourire était revenu.

« Comment va-t-on savoir que si la police à trouvé quelque chose ou non chez toi ? Demanda Rosa.

- Je sais que s'ils ont trouvé quelque chose, ils viendront m'arrêter, et comme je ne suis pas au lycée, ils iront chez moi, à ce moment là, Jacques m'appellera, pour me prévenir, je le connais. Il va paniquer en voyant tant de flics. Je ne répondrais pas bien-sûr. C'est à ce moment là que l'on quittera la maison. Michel fera ce qu'il aura à faire et nous aussi. Tout devrait fonctionner. Ton idée était brillante, comme toujours mon coeur. »

Ils revirent ainsi leur plan puis la jeune femme exprima son envie d'écrire. Paul, avec tout le bonheur du monde lui apporta l'ordinateur sur lequel Rosa se jeta. Son coma lui avait donné une inspiration forte, elle ressentait en elle un besoin intense de mettre sur l'écran tous ce qu'elle ressentait. Elle pris une nouvelle page, oublia tout ce qu'elle avait déjà pu faire et tapa frénétiquement sur son clavier. Comme un virtuose au dessus de son piano, elle martelait les touches avec ardeur, laissant son cœur s'exprimer. C'était désormais une évidence, elle savait exactement ce qu'elle devait dire, ce qu'elle devait raconter. Avec sa splendide plume, elle conta une histoire d'amour bouleversante, celle de deux êtres qui s'aimaient d'une force incontrôlable mais qui ne pouvaient pas être ensemble. Sous ses doigts se créa l'histoire de ces deux personnages qui n'avaient que l'envie de pouvoir s'aimer sans barrières. Et ces deux personnages inventés par cette jeune auteure, bien qu'ils prirent des noms , n'étaient qu'une représentation de son amant et d'elle-même.

Absorbée par ce besoin pressant de coucher ses maux sur le papier, Rosa en oublia tout. La présence de Paul à ses côtés s'effaça et elle ne remarqua lorsqu'il s'absenta pour aider Michel.

« Elle est incroyable quand elle est dans cet état second, déclara le littéraire en soulevant un énième sac.

- Je dois avouer que maintenant que je la connais, je ne peux que comprendre davantage tes motivations. Tu as trouvé une perle rare. Cette petite est vraiment... brillante. Elle a ce petit quelque chose en plus.

- Elle a le génie. Simplement ça. »

Michel lâcha toutes les provisions qu'il avait en main et s'assit sur une chaise. De la poussière s'éleva dans les airs. Monsieur Alexandre toussa et jeta un œil critique sur la pièce sombre dans laquelle ils se trouvaient.

« Depuis combien de temps cette maison est-elle abandonnée ?

- Madame Garrot est partie en maison de retraite il y a une dizaine d'année je dirais. Avant ses filles venaient régulièrement pour essayer de l'entretenir. Un temps elles ont cru qu'elles réussiraient à la vendre. Mais bon lorsque les environs ont commencé à se vider elles ont compris que c'était peine perdue. Personne n'est venu ici depuis des années. Vous allez être tranquille. Une fois qu'on aura un peu dépoussiéré le tout. »

Paul arpenta le salon de la maison. Le parquet grinçait et une odeur de renfermé lui montait au nez. Le jour filtrait seulement par les petits interstices des volets d'un autre temps et dévoilait un mobilier tout aussi ancien. La charmante petite masure comptait une immense salle vide qui devait servir de salon et de salle à manger à la fois, c'est là qu'ils avaient décidé de poser l'ensemble des provisions. Une porte donnait sur une petit cuisine et un escalier menait à l'étage supérieur. L'étage comportait trois chambres et une salle de bain.

C'était dans ce cadre rustique qu'ils allaient passer les prochains mois. Paul se creusa les méninges pour palier à n'importe quel manque. Une fois que le plan serait en marche, ils n'auraient plus le choix, ils ne pourraient plus sortir avant un long moment.

« Il nous faut vraiment plus d'eau, on en aura jamais assez. Et des couvertures aussi, cette vielle baraque n'est pas isolée, diagnostiqua-t-il. »

Michel approuva. En quête de provisions supplémentaires, ils ressortirent donc de la maison qui se trouvait à une centaine de mètre de celle du médecin de l'autre coté du trottoir. La rue était vide. De côté gauche de la chaussée, deux des quatre maisons portaient un panneau indiquant « à vendre » sur leur façade. La troisième servait de maison de vacances à un couple anglais et la quatrième était celle dont les deux hommes venaient de sortir. Un paysage de désolation.

« Tu vois, c'est désert. L'âme vivante la plus proche c'est Jeannin. Il a 89 ans et il vit encore chez lui. Là-bas, tout au bout de la rue. La maison jaune. »

Aucun témoin. C'était l'avantage que leur offrait ce village abandonné. De même que les connaissances des lieux de Michel. Grâce à cela, ils avaient trouvé la clef cachée de la maison de Madame Garrot. Sous le pot de fleur.

« Hey princesse ! Je te dérange ? »

Rosa leva le nez de son écran et sourit à son amoureux qui s'allongeait à ses côtes dans le lit.

« Non, j'allais faire une pause, je suis vraiment fatiguée.

- Génial, alors vient dans mes bras, j'ai envie de profiter de ma femme. »

Le cœur de la jeune fille vibra de joie à l'entente de ce surnom. Elle était heureuse que Paul la considère ainsi. Ensemble ils avaient parcouru un long chemin. En s'allongeant dans les bras musclés de son professeur, elle respira son odeur. Ses yeux se fermèrent pour profiter un maximum de cet enivrant parfum.

« Vous avez fini de préparer la maison ?

- Presque. On est allé refaire des courses, on ira demain aussi. Je ne veux surtout pas qu'on manque de quelque chose, ça pourrait vraiment tout gâcher. Et toi ? L'écriture à l'air de bien se porter.

- J'ai commencé une nouvelle histoire. Ça raconte l'histoire de deux personnes qui tombent follement amoureuses mais qui malheureusement ne peuvent pas être ensemble parce que les autres ne comprendraient pas. Car l'homme est le professeur de la femme. Mais eux, ils s'en fichent et ils décident de partir après que la fille se soit fait frapper par sa mère.

- Et à la fin ?

- A la fin ils ont un magnifique bébé et ils finissent heureux. Comme dans le contes, mais en mieux parce qu'eux ce sont des vraies personnes. »

Paul embrassa Rosa. Il l'aimait tellement. Elle avait cette pureté magique qu'il aimait tant. Il posa son regard sur sa promise et réalisa à quel point il était fou amoureux. Jamais il ne regretterait ce qu'il avait accompli pour elle jusqu'à présent. Il était persuadé d'avoir fait les meilleurs choix, bien que la situation actuelle ne soit pas la meilleure. Tout finirait par rentrer dans l'ordre. Rosa avait raison, ils finiraient par être heureux.

Cher professeur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant