Mercredi avait passé créant chez Paul une envie incontrôlable de voir sa belle blonde. La veille, il n'avait eu des pensés que pour elle, la revoyant inlassablement dans l'embrasure de la porte, splendide face au soleil. De temps à autre ce souvenir se transformait en un rêve dans lequel il se laissait entraîné. Bercé par le cours tranquille de son esprit, il l'imaginait se retourner ses cheveux volant autour d'elle, et elle parcourait la distance qu'il les séparait, un sourire étincelant au visage. Elle n'était plus qu'à quelques centimètre de lui quand il se réveillait brutalement de son état de liturgie, heureux d'avoir ouvert les yeux avant qu'il ne soit trop tard. Monsieur Alexandre bien qu'il fut seul chez lui regardait alors au tour de lui, honteux de ses propres pensés, honteux d'avoir pu imaginer tant de choses avec une de ces élèves.Pour Monsieur Alexandre, les soirées parfaites existaient et il aimait s'en offrir aussi souvent que lui permettait son emploi du temps. Trois éléments pouvaient entrer en compte pour évaluer la réussite de ces veillés. La qualité de la bouteille de rouge qu'il tirait de sa cave, la vivacité du crépitement du feu et le talant de l'auteur étudié. Et ce mercredi là, bien que le vin fut moyen et le feu trop calme ce fut l'un des meilleurs soirs qu'il eu vécu grâce au chef d'œuvre qu'il avait entre les mains. Délicatement bercé par les mots de Rosa, il avait apprécié ce talant doux et envoûtant. Il avait relu plusieurs fois le court texte, entourant les mots qu'il aurait fallut changer, soulignant des passages qui le dérangeait pour améliorer encore ce fabuleux récit.
C'était cette soirée de la veille qui occupait son esprit tandis que les secondes 6 sortaient tous un à un de sa salle. Avec une impatience enfantine il avait attendu ce moment tout au long de la journée. Et voila qu'il était arrivé, son cœur palpitait et son sourire se fit en voyant la belle blonde marcher tranquillement dans sa direction. La voix cristalline de Rosa lui donna quelques frissons.
« Ça y est ? Vous êtes terriblement déçu ? Avez-vous enfin compris que je n'avais pas de talant ?
- Vois-tu Rosa, j'ai surtout compris que j'avais raison. Ce que j'ai lu hier soir était génial et aurait amplement sa place sur la table d'un grand libraire. Tu ne dois surtout pas abandonner.
- Vous devriez arrêter de vous faire trop d'illusions, je n'arriverais jamais à construire un vrai roman, encore moins à l'éditier.
- Mais bien-sûr que si Rosa ! Pourquoi n'y arriverais-tu pas ?
- Laissez tomber. »
Étrangement le sourire de la jeune fille avait disparu, elle paraissait apeurée, les yeux embrumés, elle commençait à partir. Instinctivement, Paul attrapa son poignet pour le retenir. Ce contact lui provoqua une vague de frissons qui lui traversa tout le corps, ce fut bref, intense, époustouflant. Rosa elle aussi ressentit cette sensation bestiale, elle s'immobilisa, pivota et planta son regard dans celui de son professeur. Sa seule envie face à la beauté de cet homme fut de se jeter dans ses bras , de coller son corps contre le sien si fort qu'ils auraient pu penser qu'ils ne faisaient qu'un. Paul l'avait lâché, sa peau lui manquait déjà. Son regard resta encré dans le sien, cherchant l'abîme de son âme voulant décripter chacun de ses sentiments.
La raison ne l'emporta qu'après un long moment, quand elle se demanda s'il pouvait lui aussi ressentir ce qu'elle éprouvait. Cette pensée lui rappela sa place d'élève et le statut de professeur de cet homme. Pourtant, lui aussi la regardait fixement, sans un bruit, perdu dans sa réflexion. La voix de Monsieur Alexandre résonna jusqu'à ses oreilles, emplie de gentillesse.
« Rosa qu'est-ce qu'il y a ?
- Je n'y arriverais pas. J'ai un blocage, j'ai déjà essayé, j'ai déjà voulu y croire mais je n'ai jamais réussit. Je n'arrive pas à écrire après ce passage, j'ai eu beau le réécrire des dizaines de fois, changer des tas de choses, tout essayer après ce passage quand j'écris, c'est moche, c'est nul. Je n'ai du talant que pour le début, les quatre premières pages après plus rien. Et ce n'est pas que sur cette histoire là, j'ai déjà essayé d'autres idées c'est pareil. Rien n'y fait. Alors non, je ne serais jamais publié. J'ai abandonné ce rêve depuis longtemps. »
Ces dernières paroles restèrent suspendues dans l'air, résonnant. Paul n'avait qu'une envie, serrer Rosa dans ses bras, elle semblait tellement triste. Son air joyeux avait totalement quitté son visage, ne laissant qu'une expression désespérée sur son teint de poupée. Elle paraissait si vulnérable que l'homme du se contrôler pour ne pas faire plus que de lui poser une main sur l'épaule.
« Ne t'en fais pas, je vais t'aider. Ensemble on va réussir à te faire passer ce cap ok ? Je pense que tu as simplement un blocage, ça n'est rien.
- Vous feriez vraiment ça ?
- Ça me tient à cœur je te l'ai dis et puis ça a également l'air d'être très important pour toi aussi finalement. »
Le cœur de Paul gonfla de joie en voyant apparaître le sourire de Rosa suite à ses mots.
« Je devrais y aller avant de n'être trop en retard, annonça Rosa.
- Attends, avant de partir prend mon numéro, pour que l'on puisse discuter plus amplement du sujet. »
Il lui tendit le papier qu'il avait préparé la veille, sur lequel le numéro du nouveau téléphone qu'l avait acheté pour l'occasion apparaissait. C'était une carte prépayé car Monsieur Alexandre savait qu'il risquait gros en aidant ainsi cette jeune fille. Quand elle sortit, il profita du spectacle qui lui offrait le dos de la lycéenne qui se tournait vers la porte.
« Rosa ! N'en parle pas s'il te plaît, tu comprends, ça ne serait peut-être pas bien vu par tout le monde.
- Ne vous en faites pas monsieur, ca n'était pas dans mon intention. »
Et elle disparu, subitement. Le manque se fit ressentir aussitôt. Cette fille laissait derrière elle des vagues de sentiments incontrôlables chez Paul.
Plus tard, alors qu'il était tard, que le feu crépitait dans la cheminée, que les livres médiocres défilaient dans ses mains, Paul compris. Il était devenu obsédé par cette magnifique blonde. Toute sa soirée ne se résumait qu'en une longue attente. La seule chose qu'il désirait était entendre son portable vibrer. A chaque frémissement dans l'air, son cœur s'emballait dans l'espoir d'avoir reçu une notification de Rosa. Mais il demeurait sans nouvelles, exaspéré il avait tout essayé pour tenter de changer ses pensées. Rien n'y faisait, il n'arrivait pas à en démordre. Quand il lisait un livre, il ne pouvait s'empêcher de le comparer aux écrits de Rosa. Quand il fermait les yeux, il ne pouvait s'empêcher de la revoir inlassablement. Il s'en accommoda donc, n'arrivant pas à la chasser de son esprit, il se décida finalement à se laisser aller à ses dérives. C'est ainsi qu'il s'endormit, le cœur remplit de sentiments qu'il aurait dû refouler, l'esprit plein d'idées qui n'auraient jamais dû exister.
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Cher professeur.
Storie d'amoreTout commence par leur passion pour l'écriture. Monsieur Alexandre enseigne pour la première année lorsqu'il croise sur sa route une merveilleuse élève : Rosa. Mais qui pourrait comprendre leur amour ? **** Merci a @MarieBoulet pour cette magnifiq...