2RHS ZONE Tome 1: Quand le lycée devient une arène.

27-Malaise

Point De Vue de Yaël

Chelsea : Pour me suffire, encore aurait-il fallu que j'en aie eu un. Et...j'en ai pas eu. Jamais.

Je la regarde, choqué de ce qu'elle vient de dire. Jamais...elle n'a jamais eu de père ? Mais...mais comment ça pouvait être possible ? Qu'elle en ait eu un et qu'il soit mort, d'accord. Mais qu'elle n'en ait jamais eu du tout? C'était limite impossible. À moins que...

June : Tu...qu'est-ce que tu veux dire par jamais ?

Demande-t-elle prudente mais pas moins déstabilisée que moi. Je pouvais le sentir.

Chelsea : Jamais dans le genre je ne l'ai...je ne l'ai jamais connu. Je sais que j'en ai un. C'est biologiquement pas possible de ne pas en avoir un. Par contre en pratique...on peut dire que je n'en ai jamais eu, vu que je ne l'ai jamais connu. Je ne...je ne sais pas à quoi il ressemble, je ne sais pas comment il s'appelle ni qui il peut être. Je ne sais même pas s'il est encore vivant et je préfère croire que c'est encore le cas.

Elle essuie à la va-vite son visage maintenant imbibé de larmes et la voir dans un tel état me plombe un peu le moral. Je sens le besoin de me rapprocher d'elle et de poser délicatement ma main derrière son épaule.

Moi : Je ne sais pas si...je peux me permettre de te poser plus de questions sur ce que tu viens de dire. Je ne sais pas non plus si tu te sens en état d'en dire plus. Mais je veux que tu saches que je suis désolée de voir l'effet que ça te fait d'en parler et que je suis aussi désolée que tu te sois sentie obligée de le faire.

Je lance un regard en biais à June histoire d'être sûr qu'elle a capté mon message. Mine de rien, c'était un peu de sa faute si la discussion avait dérapé à ce point. Elle s'était montrée agressive et avait manqué de délicatesse en posant ses questions. Bien sûr, je n'ignorais pas que c'était un peu dans sa nature d'être un peu dure et de manquer surtout de maîtrise quand il était question de parler de son père mais elle devait comprendre qu'elle avait mal agi, que ça ait été dans ses intentions de le faire ou pas.

Heureusement, elle détourna le regard et pinça les lèvres avec gêne. Je la connaissais assez pour savoir que c'était des signes de culpabilité venant d'elle. Après, je mettrais ma main à couper qu'elle ne s'excuserait pas. Elle ne s'excusait que très rarement voire jamais. Et c'est là que j'interviendrais pour que Chelsea n'ait pas à lui en vouloir de ne pas le faire. Ces deux-là allaient décidément me donner de l'hypertension à la longue.

Chelsea : Tu n'as pas à t'excuser pour ça. Je...je n'en ai jamais parlé à personne jusque là...mais...mais le fait de voir ce qui s'est passé ce matin...je...j'ai vraiment essayé de ne pas en parler...mais j'ai pas pu. (Sa voix se brise) J'ai pas pu m'empêcher d'y penser encore et encore. Je suis désolée de t'avoir énervée Woods. Je me sentais juste...

Elle ferma son visage avec ses mains en sentant sûrement d'autres larmes venir et tout ce que j'eus envie de faire là maintenant c'était de la prendre dans mes bras. Je l'avais bien remarqué mais je ne m'imaginais pas qu'elle puisse être sensible à ce point. Sensible et visiblement plus prompt à se soucier des émotions des autres même quand elle n'arrivait pas à contenir les siennes. Je n'en revenais pas qu'elle s'excuse auprès de June alors que c'était clairement à elle de le faire. Cette fille était vraiment un sucre...

Moi : Hey...arrête de pleurer s'il te plaît...Rory...

Je ne savais clairement pas d'où me venait cette envie subite de lui coller ce surnom. J'avais eu un chat aux poils roux quand j'avais dix ans - cadeau de ma grand-mère - je l'avais appelé Rory à cause de sa couleur et il avait la manie de reproduire une moue ''humaine'' quand je tardais avant de lui donner ses croquettes. En voyant Chelsea pleurer, je venais de me rappeler que c'était à peu près la même moue et ça m'avait fait penser au chat. Bref...y penser n'était pas le plus important en ce moment.