2RHS ZONE Tome 1: Quand le lycée devient une arène.

52- Réel

Étouffée, je poussai le battant du gymnase de toutes mes forces pour sortir. Il refusa de s’ouvrir. Sûrement à cause des deux élèves qui gardaient la porte – Jeffrey et Laferty.

—: Ouvrez ! Ouvrez-moi ! Criai-je en essayant d’ignorer la présence derrière moi.

Personne ne m’ouvrit. Mes poumons continuaient pourtant de se remplir…de cet oxygène toxique qui régnait dans cette pièce. Je ne pouvais plus rester là.

—: Ouvrez-moi, vous entendez ?! Criai-je plus fort en cognant le bois et la vitre avec mes poings.

Ce n’est qu’alors qu’ils semblèrent s’apercevoir de ma présence. Les portes s’ouvrirent et je déboulai immédiatement dehors. Aussitôt, j’arrivai à relâcher tout l’air accumulé en un soupir. Malheureusement, il n’y avait pas que l’air que j’avais accumulé. Des larmes dévalèrent mes joues et j’essayai de les essuyer d’une main tremblante.

— Chelsea… s’il te plaît…ne me tourne pas le dos, murmura-t-il alors, derrière moi.

Mes talons se retournèrent, se fichant totalement de ce que je voulais sur le moment. Mon corps n’avait sûrement pas encore totalement compris que quelque chose avait changé…que la réalité avait changé. Et que j’avais besoin surtout de m’éloigner parce que je ne voulais pas du tout l’affronter. J’allais perdre. Et j’allais me perdre…
Je serrai les paupières pour lutter à ma manière. Si je ne le voyais pas, peut-être que j’aurais une chance de survivre à ça.

— Chelsea…

Mon corps se rebella encore contre moi. Il me remua de la tête aux orteils pour me dire d’ouvrir les yeux, qu’il n’y avait pas de danger parce que la voix lui était familière. C’était Yaël… Oui. Mais est-ce qu’il n’y avait pas de danger pour autant ?

— Regarde-moi…

—: Non…je ne veux pas, coassai-je, la gorge enrouée.

— Je t’en prie…

—: Si je le fais…ça risque de devenir vraiment…vraiment réel. Et je ne veux pas ! Je veux…je veux rester dans le déni, tu comprends ça ?!

Je l’entendis soupirer tristement en face de moi. Mais c’est ce qu’il dit ensuite qui me parut le plus triste…

— Je voudrais te dire que ce n’est pas ce que tu crois. Mais c’est réel.

Réel…

—: Alors…alors tu as vraiment fait…tout ça ? (Bredouillai-je en ouvrant les yeux) Ce…ce clan, ce code et ces…maudits titres qui m’enferment dans une cage de…torture mentale depuis que je suis dans cette école ! Tout ça c’est à cause de toi ?!

Je le pointai du doigt en attendant qu’il me dise non, qu’il me dise que c’était faux et que j’avais vraiment raison de me sauver dans le déni. Au lieu de ça, il laissa un « oui » peindre une expression torturée sur son visage. Il m’acheva ensuite en trois lettres.

— Oui.

—: Non…pas toi… Pourquoi ce serait toi ? Pourquoi ce serait vrai ? Ça n’aurait pas de sens… Tu…tu es Yaël. Tu n’es pas lui, ni elle ! Tu es Yaël ! Tu.es.Yaël ! Yaël East ! Mon…mon ami. Tu n’aurais pas pu faire une chose pareille. Pas toi…