2RHS ZONE Tome 1: Quand le lycée devient une arène.

47- La princesse et son palais

—: Elle a parlé de ton état. Qu'est-ce qu'il y a avec ton état ?

Je demande du tac au tac. Il fronce les sourcils et détourne le regard.

— T’es vraiment mal placé pour me parler d’état vu le tien. Alors essaie de t’en occuper un peu en prenant ce panier tu veux ?

—: Non je veux pas.

Mon ventre gueule au même moment. Comme pour dire le contraire et j’ai subitement envie de lui donner un coup de poing.

— Lui il veut. Alors prends-le. Et prends la voiture aussi. Hadley te raccompagnera.

—: Je ferai ni l’un ni l’autre.

— Tu préfères que je te poursuive ?

—: Mais tu vas arrêter avec ce chantage idiot ?! Tu vas pas me courir après avec un panier bordel ! C’est ridicule !

— Je n’aurais pas à en arriver là si tu n’étais pas aussi têtue et bornée comme les mules du Texas !

—: Puisqu’on en est à me comparer à elles, tu savais qu’elles pouvaient faire plus de deux jours sans boire ou manger ? C’est fou ce qu’on a en commun.

Il ne se retient pas de me jeter un regard noir cette fois.

— Bon ! Tu refuses de rester chez moi, tu refuses même l’invitation de ma mère. Tu refuses la nourriture que je te donne et aujourd’hui ça te dérange de monter dans la voiture pour qu’Hadley te conduise ?! Je peux comprendre que t’aies juré de ne plus mettre les pieds dans cette maison à cause de mon père mais à cette allure je vais finir par croire que le problème c’est moi !

—: Ne dis pas n’importe quoi…

— Mais qu’est-ce que tu veux que je pense d’autres ? T’es en train de me traiter exactement comme tu traiterais quelqu’un que tu ne connaîtrais pas. Je me trompe ?

Je me mords l’intérieur de la joue et détourne les yeux.

Il a raison…

Tais-toi...

—: Donne-moi ça...

Je finis par marmonner avant de lui arracher le panier des mains.

—: Satisfait ? Tant mieux. Allez salut…

Cette fois je me retourne pour de bon et je marche plus vite sur le pavé pour qu’il ne puisse pas me retenir encore.
Au bout de vingt pas, je ralentis. Mais je ne m’arrête pas. Je sais que si je le fais je voudrais tourner la tête pour voir. Et pour voir quoi ? Quelque chose que je savais déjà ? Pas la peine de finir en sel pour ça…

Si je me retournais…je le verrais me regarder à la fois inquiet et frustré. Mais beaucoup plus frustré de ne pas pouvoir en faire plus. D’être obligé de me regarder partir à pied avec un simple panier. Mais pour le coup la plus frustrée de nous deux c’était moi. Si j’avais passé toutes ces heures l’attendre, c’était pour repartir avec des réponses et être rassurée.

Au lieu de ça, je repartais avec des moitiés de réponse, une tonne d’inquiétude… et un panier d’osier…

*

Point De Vue de Dawn

Le cœur lourd, je gravis lentement les marches qui séparent leur monde du nôtre.
Le plus dramatique, c’est que j’aurai beau être lente, je sais que je finirai fatalement par y arriver…
À cette dernière marche qui me fera enfoncer le premier coup de pelle pour creuser sa tombe.
Mais je le fais quand même. Pour ne pas abîmer mes Yves Saint Laurent…et, surtout, pour réfléchir encore une dernière fois avant de faire le dernier pas.