Point De Vue de Yaël
Défait, je la regarde partir avec un goût amer sur ma langue. Je le reconnais très bien. C'est le goût de l'impuissance et je le déteste tellement. Surtout depuis que j'ai commencé à le ressentir plus fréquemment ces derniers mois. J'ai dû apprendre à faire avec pour certains cas mais je ne m'habituerais jamais à supporter d'être impuissant quand il était question des personnes que j'aimais. C'était hors de question et une chose était sûre : je me vengerais. Qu'elle m'ait interdit de l'aider à rester alors que j'en avais les moyens était une chose. Mais ne rien faire par rapport à cette situation sous prétexte qu'elle m'avait dit avoir choisi volontairement de tomber dans le piège était autre chose. Et ça, ça n'allait pas passer. Je ne savais pas encore comment ni quand mais je lui ferais payer pour ça. Il ne perdait rien pour attendre.
C'est en y pensant, que je finis par tourner les talons pour retourner au lycée. Il restait encore une heure avant que les cours ne se terminent et je devais aussi donner les nouvelles à Chelsea. Elle devait être encore plus inquiète que tout à l'heure en constatant que je mettais autant de temps.
Lorsque j'arrive au parking, je tombe sur le père de June en train de passer un appel, une expression inquiète sur le visage. J'en déduis qu'elle ne lui a pas dit où elle partait. Dès qu'il s'aperçoit de ma présence, il baisse son portable et le met rapidement dans sa poche.
Jonathan Woods : Yaël...est-ce que tu as vu Abalone ? Elle est partie il y a quelques minutes. Je pensais qu'elle avait juste besoin de marcher un peu mais elle ne répond pas à son portable.
Abalone...
Ça faisait sacrément longtemps que je n'avais pas entendu prononcer son prénom en entier. À vrai dire, toutes les rares fois où j'avais eu à l'entendre, c'était de sa bouche à lui. Elle-même se présentait toujours en tant que June. Bien sûr, les deux prénoms étaient les siens mais elle détestait qu'on l'appelle Abalone. Même Bégonia ne s'y risquait pas. La raison n'était pas tant qu'elle le haïssait. C'était plus et surtout parce que ce prénom lui rappelait sa mère. C'était elle qui le lui avait donné en particulier et qui l'appelait comme ça quand elle était petite. Elle m'avait expliqué qu'après sa mort, son père l'avait éloignée de toutes les choses qui auraient pu lui servir de souvenirs et que malheureusement, le seul qui lui soit resté - son prénom - lui rappelait plus la nuit de sa mort. Ça la faisait souffrir d'où le fait qu'elle ne voulait pas l'entendre.
Étrangement, je ne comprenais pas pourquoi son père tenait tout de même à continuer à le faire alors qu'elle m'avait dit lui avoir défendu plein de fois de le faire. Il savait que ça lui faisait du mal à cause de ce mauvais souvenir mais il persistait à le faire alors qu'à la base, il était celui qui avait tout fait pour la priver de ces souvenirs. La relation entre elle et lui était tellement complexe. La première fois que j'avais assisté à une de leur confrontation, j'avais gardé le silence pour pouvoir mieux analyser les choses. Après ça, j'avais tiré cette conclusion et décidé que je préférais rester le plus neutre possible. Je n'avais moi-même pas la relation la plus parfaite avec mon père. Je ne pouvais donc pas me permettre de juger et encore moins de choisir un camp.
Dans ce genre de moments par contre, où j'avais l'impression de pouvoir voir les réels émotions de Jonathan Woods, je me retrouvais parfois à devoir pencher pour un côté de la balance. Il avait l'air vraiment préoccupé.
Moi : Je viens à peine de la laisser. Elle est partie.
Jonathan Woods : Partie ? Mais partie où ?
Elle ne m'en avait rien dit mais telle que je la connaissais, je parierais qu'elle prévoyait de rentrer à la maison mais en faisant le trajet à pied. Elle aimait bien marcher pour réfléchir quand elle se sentait troublée et vu ce que j'ai cru voir avant qu'elle ne tourne à l'angle de rue, elle était plus que chamboulée. June était du genre à montrer de la colère, du dédain, de l'ennui aussi, beaucoup d'ennui...mais jamais de la tristesse. Elle considérait ça comme un aveu de faiblesse. Elle ne s'autorisait à le laisser paraître que quand elle se sentait en présence de quelqu'un en qui elle avait confiance mais surtout, elle n'arrivait pas à s'empêcher de l'être quand il était question de sa mère.
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2RHS ZONE Tome 1: Quand le lycée devient une arène.
General FictionArchitecture de luxe, partenariat avec les universités de la IVY league et classement parmi les meilleurs lycées de l'État, Rost High School a tout de l'école de rêve. Jusqu'à ce que vous y entriez...
