44- Suspendue

89 3 0
                                        

Point De Vue de June

02h58

Dormir…
Je ne dois pas dormir…
Je ne peux pas dormir…
Ou plutôt…je ne peux pas fermer les yeux…
Parce que si je le fais, je risque de faire plus que dormir.
Si je ferme les yeux, je risque de replonger.
Et si je replonge, je risque de remonter à la surface sans ma lucidité.
Et j’ai besoin de ma lucidité pour faire ce que j’ai prévu.
Sinon, j’aurais foiré cette putain de parfaite occasion.
Et alors je devrai attendre encore demain.
Il n’était pas question que je passe encore un jour de plus dans cette…prison.

Deux minutes…
Pas plus.
Plus que deux minutes…
Non…plus exactement deux minutes…
Dix sept secondes…

M’indiquent mes doigts. Heureusement qu’ils n’avaient pas perdu le décompte.
J’avais commencé à compter à partir du moment où l’ombre du dernier garde avait filtré sous la porte de la chambre.

02h45

C’était l’heure exacte à laquelle le cinquième garde faisait sa ronde. Après lui, plus personne ne venait parce que comme avait dû leur expliquer leur « patron », à partir de trois heures exactement, sa teigneuse de gosse dormait définitivement pour ne se réveiller qu’entre quatre heures et cinq heures. Pour quelqu’un qui aimait bien m’expédier à l’autre bout du pays à la moindre occasion, cet imbécile connaissait très bien l’emploi du temps de mon sommeil.
Heureusement…pour cette fois, ça m’arrangeait bien parce que moi aussi, ça me permettait de connaître aussi le programme de surveillance de ses toutous de sécurité. Grâce à ça, j’avais réussi à mettre en place le programme qui allait me permettre de me barrer d’ici.
Le seul petit problème était le repère de temps. Sans portable, ordinateur et la moindre horloge murale, c’était plus difficile de savoir à quel moment précis agir. C’est pour ça que je me retrouvais à devoir me casser la tête avec ce putain de comptage de doigt.

Quatre…
Trois…
Deux…
Un…
Trois heures pile…

C’était le moment.
Couchée à plat ventre sur mon lit, je lève le visage du coussin et ose un coup d’œil vers la caméra à l’angle du plafond de droite. Lorsque je constate que le voyant de l’appareil est éteint, je me roule lentement vers le côté droit jusqu’à atteindre le bord de mon lit. Je me laisse ensuite tomber en me servant des couvertures pour réduire le bruit de ma chute au maximum.
Je ne peux pas prendre le risque de faire un geste brusque tant que je ne suis pas sûre que les autres caméras soient aussi éteintes. Je me relève et regarde autour de moi en jetant un regard faussement ensommeillé à la volée.

Au pire, j’aurais juste l’air d’être tombée de mon pieu parce que je dors comme un vers de terre…

J’abandonne vite ce petit rôle lorsque mon deuxième coup d’œil me rassure une bonne fois pour toutes que toutes les caméras sont off. Je m’éloigne de la couverture et la repousse sur le lit avant de me diriger le plus silencieusement possible vers la porte principale. Une fois que j’y suis, je sors le bout de métal de la poche arrière de mon short et me baisse à hauteur de la serrure. J’enfonce ensuite la petite tige à l’intérieur avant de la tourner deux fois vers la droite et une fois vers la gauche.
Je retiens mon souffle déjà saccadé par le fait que j’ai gardé la tête dans le coussin et abaisse la poignée de la porte.

Chère et inutile soi-disant entité divine, où que tu sois et si tu existes, putain rends-toi utile pour cette fois…

2RHS ZONE Tome 1: Quand le lycée devient une arène.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant