56-Injuste

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Point de Vue de June


!?: Vas-y ma petite puce… Vas-y, Abalone. Maman te rejoindra, murmura-t-elle à la petite fille.


Elle la crut.
Parce qu’elle ne savait pas à quel point il pouvait être lourd. Ce gros morceau de plafond que sa mère avait sur le dos.
Et qu’elle savait qu’elle lui disait toujours la vérité.
Toujours...
Du moins elle le croyait...

C’est pour ça qu’elle courut le plus vite possible jusqu’à la porte encore intacte et la franchit. Moi, je restai là, parce que je savais qu’elle avait menti.
Qu’elle ne pourrait rejoindre personne et qu’elle resterait là à étouffer au milieu de la fumée. Jusqu’à ce que les flammes l’engloutissent.

Mais une minute avant… comme toujours, une force invisible me tira hors de la maison pour me remettre dans le corps de la petite fille. Où était ma place.
Et j’oubliai que je l’avais déjà vécu.
J’oubliai qu’elle avait menti.
J’oubliai qu’elle ne sortirait pas.
Et je lui hurlai d’aller la sauver.
Je leur hurlai à eux.
Je-…


!?: AHHHHH ! AH ! Uh…


Bordel !
Oh bordel !
Le feu ! Le feu…
Il est… il est…
Il n’est plus là…
Non… y en a encore un peu… dans ma gorge.
Putain j’ai encore hurlé. Hurlé à m’en bousiller les cordes vocales et à agiter les chouettes qui bourraient le jardin de cette maudite baraque. À ce rythme-là je suis partie pour faire un malheur à Halloween à la fin de ce mois.

Chouette…


!?: Ma puce ?


Merde… Je l’ai réveillée elle aussi.
Énervée, je me passe la main sur la figure avant de grimacer.
J’avais les paumes moites comme si j’avais tenu la barre à mains nues pendant des heures. Ajoutés à la sueur qui noyait mon visage et mon cou, la sensation était dégueulasse.

Je laisse finalement mes mains retomber sur mes cuisses pour les essuyer sur la couverture du lit. Malheureusement, mes doigts glissent entre les plis de la couverture sans même sécher… tellement ils tremblent.
Lorsque j’essaye de les ignorer en descendant du lit, je me rends compte que mes jambes tremblent aussi. Pourtant, même mon palpitant qui jouait du maracas dans ma cage thoracique, il y a une minute, commençait déjà à se calmer. Alors qu’est-ce qu’ils foutaient, ceux-là ?


!?: Ma puce ?!

—: T’inquiètes, ça va ! Je coasse. Et vous, vous avez intérêt à vous bouger, c’est clair ?

Je marmonne en regardant mes pieds avant de descendre sur eux pour me tenir debout.
Ils me remuent un peu mais je m’en fous et bouge pour contourner le lit.
Entre le noir qu’il y a dans la chambre et mes os qui refusent de rentabiliser leur calcium, il me faut deux putains de minutes pour atteindre la porte.
À peine j’essaie de l’ouvrir qu’elle s’en charge à ma place, de l’autre côté de la porte. La lumière dans le couloir envahit immédiatement mes globes oculaires, déboulant à travers la porte ouverte. Je plisse automatiquement mes yeux en grimaçant.


Mon Dieu… j’ai eu peur. Tu vas bien ? dit-elle en vérifiant littéralement tous mes boutons avec ses yeux.


Son attention arrive à me faire rouvrir assez les paupières pour rouler des yeux.


—: Évidemment. Je te l’ai dit il y a à peine deux minutes, je souffle en m’épaulant au mur près de la porte.


Oui, mais tu ne venais pas ouvrir, alors je me suis inquiétée quand même.


—: Ah… ouais. J’ai oublié d’allumer la lumière alors j’arrivais pas à bien voir où je mettais les pieds.


Tu aurais dû me le dire. Je l’aurais fait, réplique-t-elle en désignant du menton l’interrupteur juste à côté de mon coude.

2RHS ZONE Tome 1: Quand le lycée devient une arène.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant