41-Echec et mat

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Mercredi 4 Octobre 2017


Point De Vue de June

07h34

Il n'y a pas de métal.
Même pas un petit fil de fer que je pourrais tordre.
Même pas une pauvre petite épingle que je pourrais utiliser.
La seule épingle que j'avais, je l'ai perdue après l'avoir utilisée pour ouvrir la porte de la cabine électrique il y a deux semaines.
Je n'en avais pas d'autres.
Je pouvais presque voir les cheveux que j'avais coupés ces derniers mois me faire un doigt d'honneur. Comme pour me dire que si je les avais gardés, j'aurais eu de quoi utiliser des épingles et donc j'en aurais eu en ma possession.
Si c'était vraiment le cas, et que je n'étais pas réellement en train de devenir folle, alors qu'ils sachent que moi aussi, je leur faisais un doigt d'honneur mentalement.
D'ailleurs, je lève mon majeur pour en faire un pour de vrai.

Je ne regrette pas de vous avoir coupés. Vous êtes inutiles.

Je regrette juste de ne pas avoir piqué plus d'épingles à Bégonia. La seule que j'avais, c'était à elle que je l'avais «empruntée» après tout. J'aurais dû en prendre d'autres.

J'aurais dû...

Mais pour ma défense, je ne savais pas que j'allais devoir encore crocheter des serrures. En particulier celle d'une cellule.
Je ne savais même pas que j'allais me retrouver dans une cellule.
Me réveiller même dans cette cellule. Je m'étais endormie dans une maison. Et je m'étais réveillée dans une prison. Une prison VIP en plus. La chance...
C'est vrai quoi...J'avais un lit douillet comme celui dans mon pieu. La lampe de chevet aussi était pareille que celle qu'il y avait là bas. Même la peinture vert pomme tapissée de flaques noires et blanches avait été reproduite à l'identique. Du grand art...

Mes fringues étaient là, dans le dressing. Le bureau pour étudier, dans un coin de la pièce. Tout y était à l'identique. J'aurais même pu m'y croire réellement, dans ma chambre, s'il n'y manquait pas deux choses très importantes.

Des objets métalliques et ou pointus...
Et ma liberté...

Sans ça, ce n'était pas ma chambre. C'était la cellule de prison où m'avait enfermé le plus grand, le plus minable, le plus misérable enfoiré que la terre ait jamais porté...

Je regarde le minuscule voyant rouge que j'avais remarqué avant-hier dans un coin de la pièce en laissant errer mes yeux d'ennuis. Lorsque je constate qu'il est à nouveau allumé, je lève mon majeur droit toujours tendu et l'agite vers l'objectif avec un petit sourire.

—: Bonjour, Jo'... J'espère que tu passes un bon début de journée en profitant du spectacle. Hein que tu profites du spectacle ?

Misérable...

Je crache intérieurement en laissant retomber mon illusion de sourire pour fixer la caméra d'un air mauvais. Elle émet un petit cliquetis métallique pour me répondre, en tournant lentement son angle de vue pour s'orienter vers un autre pan de mur, loin de moi.

Imbécile...
Alors comme ça tu es là...tu me vois...et visiblement, paradoxalement, lâchement, tu ne veux pas me voir...

Mais pourquoi ? Ce n'est pas bien...Il ne peut pas avoir installé ces cinq autres putains de caméra de surveillance et ne pas vouloir me voir. Il faut rentabiliser l'achat après tout. Hein ?

À moins que...non...les quatre autres caméras continuaient de me fixer elles, aux quatre coins de la pièce. Alors pourquoi avoir détourné celle-là ? Est-ce que c'est parce que je venais de le saluer avec ?

2RHS ZONE Tome 1: Quand le lycée devient une arène.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant