Amnésie vampirique

Chapitre 30 • Revenue d'entre les morts et Réveil difficile

D'innombrables picotements déchiraient l'entièreté de ma peau. Une douleur cinglante affluait dans mon corps par vagues, elle étreignait mon corps et mon cœur comme si elle tentait de les compresser, pour les enfermer dans un dé à coudre.

Ma respiration devint irrégulière, erratique. Mes battements de cœur s'accélérèrent, la souffrance s'insinua dans chaque parcelle de mon être pour ne former plus qu'un amas de chair, à la respiration sifflante.

Chacune de mes cellules me lançait, et c'était un véritable calvaire. Puis mon cœur s'arrêta, littéralement, la douleur était trop insoutenable, je venais d'avoir une crise cardiaque.

J'étais désormais en apnée. Mes poumons me brûlaient, mon cerveau gonflait, en manque d'air.

Je sentis une puissance sombre, aussi noire que la pénombre, elle m'aspirait telle un trou-noir. Et je ne pouvais pas esquisser le moindre geste. Je ne voulais ni ne pouvais lutter contre cette ombre malfaisante.

Alors je ne résistais plus, je me laisser happer dans les profondeurs abyssales du mal. Je ne voyais rien, tout était noir et vide, je ressentis tout de même une paume de main glaciale se poser tout contre ma poitrine, à l'endroit exacte de mon organe vital.

Un souffle glacé s'échoua sur mon visage. ''-Désormais tu m'appartiens, reviens mon enfant...'' Sa voix rocailleuse me fit frissonner.

Lorsque j'ouvris les paupières, deux billes rouges sang me dévisageaient puis elles disparurent dans un nuage de poussière, nuage qui grossit, prit un volume de plus en plus important avant de m'englober.

Mon corps se crispa, des caillaux de sang éclatèrent dans mon organisme, j'avais l'impression d'imploser. Mes os craquèrent, mes globes oculaires se révulsèrent, ma bouche s'entrouvrit et je prit une grande inspiration.

Mes yeux s'adaptèrent petit à petit à la pénombre, je regardais autour de moi, une chambre, simple, sobre.

Et d'un seul coup la faim m'assaillit, ma gorge me brûlait comme si j'étais complètement déshydratée. Je déglutissais plusieurs fois pour essayer de la faire passer, en vain, je donnerai mon âme au diable pour que se feu intérieur soit calmé.

La porte de la pièce s'ouvrit mais je n'y fis pas attention. J'étais roulée en boule et j'enserrais ma gorge de toute mes force pour faire cesser la douleur.

''-Emily...'' Simon se tenait devant moi, une jeune fille inconsciente dans les bras. Il la jeta sur le lit à mes côtés et j'eus un mouvement de recul, mais une fois que je sentis son odeur, des bras invisibles s'enroulèrent autour de moi et me poussèrent vers la fille.

Un doux parfum se dégageait de son cou, parfum qui sentais si bon, et m'attirait irrémédiablement. Je le savais il suffisait de la croquer et je me sentirai mieux, je tarirai ma soif.

Ce fut donc ce que je fis. Je plantais mes griffes dans son épaule et sa joue, ce qui eut le don de la réveiller puis je plantais sauvagement mes canines dans sa jugulaire.

Et j'aspirais avidement, j'étais ivre, accroc comme un junkie en manque, et je ne me dérangeais pas pour tout sucer, jusqu'à la dernière goutte sous le cri terrifiant de détresse de la jeune femme.

Une fois que je réalisais que je lui avais prélevé tout son sang j'eus une moue de déception, il m'en fallait plus.

Mais je me ravisais, je touchais le cou de la fille avec horreur, son pouls ! Elle n'avait plus de pouls ! Je venais de la... tuer. Un meurtre j'avais commis un meurtre. Mon visage se décomposa.

Je regardais les yeux écarquillés Simon qui lui m'observais impassible, ça ne lui avait donc rien fait que je tue cette pauvre fille de sang froid et ce devant lui.

Il me demanda alors : ''-Te portes-tu mieux ?

-Je...je crois...

-Bien.

-Mais que vient-il de se passer ?

-Tu ne te souviens pas ?

-...

-J'ai été attaqué par des chasseurs et tu es morte. Par ma faute. Alors je t'ai offert une nouvelle vie, une vie éternelle à mes côtés.

-Comment-cela ?

-Tu es une vampire Emily. Une vampire tout comme moi maintenant. Et nous vivrons ensembles à jamais, nous serons puissants et nous régnerons tous deux sur notre race. Nous tuerons petit à petit tous les nôtres plus puissants que nous et lorsqu'il ne restera que nous deux, nous serons les maîtres du monde.

-Je rêvais d'être éternellement à tes côtés.

-Et désormais tu l'es, et à jamais.''

''-Bon matin madame.'' Steven venait de tirer les rideaux de ma chambre rouge bordeaux, dévoilant la pénombre inquiétante de la nuit et me réveillant au passage. Il venait de me tirer de ce doux rêve cauchemardesque. Et je ne pouvais que le remercier.

''-Monsieur Léo m'a demandé de vous réveiller tôt pour que vous puissiez vous préparer pour le dîner. D'ailleurs Adel a appelé pour confirmer leur présence.

-Oui, merci Steven, est-ce que tout est prêt en cuisine ?

-Le cuisinier s'y affaire madame.

-Très bien, j'aimerai que vous procédiez au service vous-même. Nous recevons des invités de marque et j'ai la plus grande confiance en vous.

-Bien sûr madame, je comprends, je vais de ce pas me préparer, si vous voulez bien m'excuser.

-Faîtes donc. Une dernière chose Steven ?

-Oui madame ?

-Faîtes monter la maquilleuse de la dernière fois dans une trentaine de minutes.

-Très bien madame.'' Il effectua une petite courbette et sortit de la chambre en pressant le pas.

J'allais prendre une bonne douche chaude pour me remettre les idées en place et me rafraîchir. Je choisissais ensuite une tenue, une longue robe légère, de couleur dorée avec des strass verts émeraude.

Je me détaillais dans le miroir et jugeais qu'elle était assez adaptée. On toqua à la porte, et je lui sommais d'entrer. La femme de la dernière fois à l'éternelle carré noir entra, elle portait un tailleur gris et baissa les yeux dès qu'ils rencontrèrent les miens.

''-Bonsoir madame.

-Bonsoir, ce soir aussi je vous laisse carte blanche, je connais vos talents et je vous laisse entièrement le champs libre.''

Je m'assis de moi-même devant la coiffeuse et attendis qu'elle me coiffe puis me maquille, elle adaptait les ombres à paupières à ma tenue. Elle termina le tout avec une légère touche de gloss et une pince or dans mes cheveux, à l'arrière du crâne.

Une fois le chef d'œuvre achevé, je descendais directement à la salle à manger. Je vérifiais rapidement d'un coup d'œil que tout était en place, et j'allais chercher Peter et Léo dans leur chambre respective.