Amnésie vampirique

Chapitre 40 • Désobéir, décapiter et fuir pour vivre

Elle partit dans un grand éclat de rire puis alors qu'elle reprenait son souffle, tapota le bout de sa cigarette pour en faire tomber les cendres.

''-C'est impossible voyons, et tu le sais déjà...

-Clytia, je sais bien que...

-Tu as une dette envers moi : J'ai laissé mourir ma sœur pour que tu puisses survivre, tâche de t'en souvenir et d'être reconnaissant.

-Je ne sais que trop bien tout cela, mais je pense que ma dette a été largement remboursée ! Voilà plus de sept cent ans que je suis dévoué à tes bons et loyaux services et désormais tout porte à penser que les vies que je t'ai offert en sacrifice, le pouvoir immense que je t'ai apporté, la fortune que je t'ai bâtie, ont suffisamment payé ma dette. Tout et fini je me délivre de mes entraves, je vais vivre ma vie.

-Comment oses-tu ? Crois tu seulement un instant ne pas avoir à payer plus pour la mort de ma jumelle ? N'oublie pas qui t'a créé !''

Le ton montait et elle semblait particulièrement furieuse. Elle s'approchait dangereusement de Simon, ses yeux virant sur le orangé, et le menaçait de ses crocs sortis. Je n'intervenais pas et observais avec flegme la scène, j'étais vraiment curieuse de la manière qu'allait utiliser Simon pour se dépêtrer de cette Clytia.

Simon m'adressa un signe imperceptible du regard et mon corps savait d'avance quoi faire. En une fraction de seconde je me plaçais derrière elle, son état psychologique ne lui fit pas remarquer que j'avais bougé.

Je luis saisissais les bras et les bloquais dans son dos et avant même qu'elle puisse réagir, Simon lui sauta dessus et lui arracha la tête. Le colosse qui nous avait conduit ici ne semblait pas content mais comme il paraissait beaucoup moins puissant que nous, nous n'en fîmes qu'une bouchée.

Je contemplais alors les deux corps décapités gisants au sol puis tranquillement pris la main de Simon avant de nous diriger vers l'ascenseur. La grille de celui-ci s'ouvrit sur un homme en costume taillé parfaitement et entouré d'une myriade de garde du corps.

Il était de taille moyenne, un peu bedonnant, avec une barbe de bûcheron et des petits yeux plissés cruels, il avait l'apparence d'un homme d'une cinquantaine d'année avec ses cheveux grisonnants.

Je déglutissais et reculais de quelques pas avec Simon. Il jaugea les macchabées avant que son regard ne reviennent sur nous.

''-Emily, Simon, je ne vous savais pas si désobéissants...''

Simon resserra sa prise sur moi et couru en direction de la fenêtre. Il nous fit passer à travers celle ci et comme des chats, nous retombâmes du quatrième étage, sur nos pattes.

Des éclats de verre étaient logés dans mes avant bras, que j'avais rabattu pour le protéger,mais l'adrénaline empêchait toute sensation de douleur. Nous ne traînâmes pas et reprîmes notre course effrénée à travers les rues bondées de passant et en coupant la route à quelques voitures.

Les gens nous regardaient comme si nous étions deux aliénés échappés de l'asile du coin mais nous ne faisions que prendre nos jambes à notre cou et fuir le plus vite possible. Nous entrâmes, par effraction, dans une voiture et Simon bidouilla quelques trucs pour la faire démarrer avant de foncer à pleine vitesse sur le bitume.

Nous débouchâmes sur une route de campagne avec d'un côté les champs et de l'autre la forêt. Mais après quelques minutes seulement, l'engin émit des bruits étranges et le moteur fumait.

Simon nous arrêta au bord de l'asphalte et nous nous précipitâmes vers la forêt, les champs étant trop à découvert. On courait du plus vite qu'on pouvait, j'avais le mauvais pressentiment d'être suivie de près.

Effectivement devant un grand arbre, le même homme flanqué de ses gardes, nous attendait patiemment en baillant. Il afficha ensuite un sourire sadique à vous en donner froid dans le dos.

''-Vous savez Clytia était ma fille, alors lequel de vous deux l'a achevé que je puisse le tuer lentement et douloureusement ?''

Il n'obtint aucun réponse mais Simon me poussa derrière lui, en tentant désespérément de me protéger. De toute façon nous étions encerclés, il n'y avait aucune échappatoire et ils étaient plus d'une vingtaine. Si ces gorilles étaient tous des vampires supra-entraînés et vieux, je ne donnais pas cher de notre peau.

''-Donc c'est toi petit, ne t'inquiète pas ta petite copine mourra rapidement devant tes yeux.''

Sans attendre le moindre geste de la part de nos ennemis, Simon me poussa à l'opposé de l'homme, il tira avec un flingue apparu comme par magie dans sa main sur un gorille qui tomba raide mort, une balle entre les deux yeux.

Il m'entraîna alors là où le passage s'était libéré et nous fuyâmes. Des coups de feu retentirent et Simon fut touché à la hanche. Il ralentit la cadence et je passais son bras sur mes épaules pour le supporter.

''-Aller amour, on y est presque on doit sortir de là, on avait prévu un plan B si ça dégénérait tu te rappelles ? Alors ne me lâches pas je t'en supplie Simon !

-Emily, on y arrivera pas, laisse moi, prends les billets de train et pars, je ne t'en voudrais pas.

-Non, c'est hors de question, il est absolument impensable que je te laisse tu m'entends !''

Je reprenais le rythme de la marche, obstinément en tenant Simon plus fort contre moi.

''-Jamais tu m'entends ! Jamais je ne te laisserai ! Accroche-toi on va y arriver ! On va y arriver...''

Je ne cessais de répéter en boucle ces quatre mots, comme une lituanie, dans un chuchotements pour m'en convaincre même si je saisissais l'absurdité, des larmes dévalaient mes joues, sans que je ne cherche à les en empêcher.