Chapitre 45 • Interrogatoire et Drogue

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Un homme trapu, légèrement bedonnant, une calvitie pointant, se tenait devant moi en peignoir.

''-Bonjour monsieur Baixor, je suis journaliste et j'aimerai vous parler.

-Sérieusement ? A cette heure-ci ? Et pour ça ? Et en plus une journaliste ! Écoutez mademoiselle, je suis assez occupé là, il faudra repasser... Tout compte fait non, ne repassez pas et laissez moi en paix, les médias de nos jours je vous jure...''

Alors qu'il allait me refermer la porte au nez, je mettais mon pied dans l'embrasure pour l'en empêcher et poussais le bois.

''-C'est à propos de votre ex-petite-amie, Marjorie, je ne suis pas une journaliste humaine, c'est ce qui explique l'heure si matinale.''

Il m'observa sous toutes les coutures et m'invita à entrer en soupirant exagérément. Il me désigna le sofa où je prenais place et me servit une tasse de thé que j'acceptais volontiers.

''-Vous savez, j'ai déjà répondu à la police...

-Oui mais je ne suis pas la police, et je pense que vous pouvez m'aider.

-Que voulez-vous savoir ?

-Quelle relation entreteniez vous avec Marjorie ?

-Oh vous savez, elle a été ma petit eamie pendant près de deux ans mais mon espèce l'a découvert, elle n'était qu'une vulgaire humaine à leur yeux et ils voulaient à tout prix empêcher la procréation entre les deux espèces, et encore moins encourager les autres à le faire en nous affichant entant que couple. Alors ils m'ont posé un ultimatum, soit je la quittais, soit je mourrais avec elle. Bien évidemment, je ne suis qu'un démon mineur et je ne peux rien faire contre eux, alors j'ai courbé l'échine et ais accédé à leur requête. J'ai quitté la femme que j'aimais pour notre bien.

-Et ensuite que s'est-il passé ?        

-Je l'aimais sincèrement, mais elle a très vite refait sa vie avec un autre. Ça m'a mit hors de moi, il m'a fallu un très long moment pour l'accepter. Elle a le droit au bonheur et à l'insouciance car elle est humaine, mais pas moi. Un jour j'ai croisé le type qu'elle fréquentait et après une remarque déplacée je n'ai pas su me maîtriser et je l'ai frappé, je l'ai envoyé à l'hôpital. Il est humain, moi pas.

-Et comment avez-vous réagis à sa mort ?

-Bien entendu j'étais triste mais je ne pouvais rien faire, elle l'avais choisi, pas moi. Alors j'ai fait mon deuil, je suis allé à son enterrement et je lui ai pardonné.

-Connaissez vous le bar le Crocs quand ?

-Oui ! C'était notre lieu de rencontre, nous passions la plupart de notre temps là-bas, elle aimait s'amuser, danser et j'aimais boire.

-Vous dîtes qu'elle aimait s'amuser,mais de quelle manière ?


-Elle était plus jeune que moi de quelques années, alors elle profitais, elle avait souvent recours au sexe et à la drogue parce qu'elle aimait la sensation que cela lui procurait.

-Et vous ? Aimez-vous cela ?

-Je ne sais pas si je peux répondre à cette question.        

-J'essaie juste de comprendre...

-Oui, occasionnellement j'en prenais avec elle, mais c'était rare, parce que j'avais peur qu'elle découvre ma condition de démon dans ces passages.

-Je vois, je vous remercie, pour avoir répondu à mes questions.

-Vous pensez que je l'ai tuée vous aussi?''

Son regard était désespéré comme s'il cherchait à se rassurer, à s'innocenter.

''-Je ne crois pas, attendez j'ai encore une question... Où se fournissait-elle sa drogue ?

-Justement, lorsque nous étions au bar elle passait aux toilettes et elle revenait avec la drogue ou de l'argent, un paquet d'argent après.

-D'accord merci beaucoup monsieur Baixor, vous m'avez été d'une grande utilité.

-Ravi d'avoir pu servir, au revoir mademoiselle.''

Il referma la porte derrière moi et je me dépêchais de rentrer. Les pièces s'agençaient, tout s'éclaircissait enfin. Tout tournais autour de la drogue. J'étais persuadée que si j'allais interroger les proches des quatre autres victimes, ou encore les suspects, tous me serviraient la même réponse. Ils se procuraient de la drogue au Crocsquand.

Il ne restait plus qu'à appréhender leur fournisseur, principal suspect selon moi, et j'avais déjà ma petite idée sur son identité. Malheureusement la nuit touchait à sa fin et je n'allais pas tarder à tomber raide sous la luminosité de la journée.

Il ne me restait qu'à aller dormir et le lendemain je raconterai tout à Léo et nous irons arrêter Jerry.        

Je me réveillais la nuit suivante avec une sensation étrange, je n'avais pas rêvé. Rien, pas de Simon pendant mon sommeil. Peut-être étais-je en voie de guérison ? D'un côté j'étais soulagée mais cela étais aussi dérangeant. Devrais-je en parler à Adel ? Lui saurait quoi faire...

Non j'avais plus important à faire. Je composais le numéro de Thomas qui décrocha à la troisième tonalité.

''-Allô ?

-Bonsoir Thomas, c'est Emily.

-Ah tu tombes bien, j'ai reçu les résultats il y a trente minutes tout juste !

-Parfait, je peux passer les récupérer ?

-Pourquoi ne pas en discuter autour d'un café ? N'oublie pas que mon silence a un prix...

-D'accord, où ?

-En face du poste, il y a un charmant petit café américain,...

-J'y serais dans un quart d'heure.

-A tout de suite ma belle.''

Je raccrochais sans plus de cérémonie, Thomas était très mignon, mais un peu lourd, et je n'étais pas sûr que Peter ou encore Léo apprécieraient l'attention que je lui portais.

Après quelques minutes d'indécision j'optais pour un legging noir et un débardeur gris à qui j'associais des accessoires rock. Je me maquillais légèrement et retouchais ma crinière avant de partir, les clefs de la moto en main.

Le manoir était silencieux, et en passant devant le salon je ne pus m'empêcher de m'arrêter devant la vision qui s'offrait à moi.

Peter était endormi sur le canapé, en face de la télé, la bouche ouverte et un bras derrière la tête. Je ne pouvais que le trouver adorable, je déposais un baiser sur son front avant de continuer mon chemin.

Je mettais pleins gazs vers le café et entrais immédiatement à l'intérieur. L'ambiance était chaleureuse et légère et différait grandement du Crocsquand.

Là où au bar l'air empestait la transpiration, l'urine et le sexe, dans ce coquet café, une douce effluve de lavande nous embaumait. Je repérais rapidement Thomas, à une table et m'installais face à lui.

Un serveur arriva avec deux tasses de chocolat chaud et des beignets et nous les déposa sur le bois. Nous le remerciâmes puis je commençais à siroter mon breuvage tandis qu'il engageait la discussion.

Amnésie vampiriqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant