Chapitre 1 : Tombée du ciel

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Le bruit des vagues. L'odeur des embruns. Le vent frais sur son visage faisant rosir ses joues et emmêlant ses longs cheveux blonds. Tout cela, elle en avait l'habitude. Elle venait ici chaque été depuis sa naissance. Debout au bord de la falaise qui surplombait la mer, elle observait le soleil se coucher à l'horizon. C'était un 1er Septembre. Mais il n'était plus temps pour elle d'entrer à Poudlard. En tout cas... pas ici. Pas maintenant. "C'est le moment..." pensa-t-elle en baissant les yeux sur ce qu'elle tenait dans sa main. Une photographie. Une photo précieuse sur laquelle une vingtaine de personnes souriaient ou agitaient la main. Elle les connaissait tous. Ou plutôt... elle avait appris à les connaître. Même si elle n'avait jamais eu l'occasion de parler à certains. La plupart en fait. Mais tous la fascinaient. Et certains plus que d'autres. Du bout des doigts, elle caressa leurs visages radieux.

- C'est bizarre... mais vous me manquez. On ne s'est pourtant jamais rencontrés. Mais j'ai tellement envie de vous voir. De te voir...

Elle sourit faiblement avant de se saisir d'un petite chaîne en or qu'elle portait autour du cou. Ses doigts se crispèrent et elle pria : "Pourvu que ça marche". Puis elle rangea la photo dans sa poche et releva la tête. Le soleil venait de se coucher. Il était temps de partir. La main toujours serrée sur sa chaîne dorée, elle prit une grande inspiration. "Je dois bien me concentrer sur la destination".

- Qui est là ?

Elle sursauta. Tournant la tête, elle croisa les yeux bleus nuit de sa mère qui l'observait les sourcils froncés, une main retenant ses longs cheveux d'un blond vénitien emportés par le vent. Son visage était figé dans une expression de totale surprise et d'incompréhension.

- Aurore ? demanda-t-elle incertaine. C'est toi ?

La jeune fille soupira doucement. Ce n'était pas prévu.

- Oui maman, répondit-elle simplement.

- Je croyais que tu étais dans ta chambre. Qu'est-ce que tu fais là ? Et... pourquoi tu as pris mon...?

- J'ai décidé d'y aller, la coupa-t-elle.

- Aller où ? demanda sa mère prudemment.

- Tu le sais bien. Là où tu ne veux pas que papa aille.

La mère d'Aurore sembla enfin remarquer la chaîne dorée. Ses yeux s'écarquillèrent et elle murmura :

- Où as-tu trouvé ça ?

- Tu devrais le savoir. C'est toi qui l'a caché.

- Oui... pour que personne ne l'utilise.

- Pour que papa ne l'utilise pas, la corrigea-t-elle.

- Et toi non plus ! Je t'en prie... enlève-le.

Sans écouter ce que sa mère lui avait demandé, Aurore tira la chaîne pour la sortir de son col. Au bout pendait un petit sablier renfermant un sable noir.

- Ne t'en fais pas. Je reviendrai, c'est promis. Je n'en ai pas pour longtemps.

- Non... attends...

- À tout de suite, maman.

La jeune fille retourna le sablier alors que sa mère s'élançait vers elle. Et tandis qu'Aurore disparaissait dans l'obscurité, elle put distinctement l'entendre hurler :

- AURORE !

oOo

1er Septembre 1976. Six adolescents étaient assis dans l'une des calèches qui devait les conduire à Poudlard. D'un côté, Lily Evans, assise entre sa meilleure amie, Marlene McKinnon, et son homologue masculin, Remus Lupin. Lui encore, elle pouvait accepter sa présence. Remus était quelqu'un de responsable et de sérieux. Il n'avait pas été nommé préfet pour rien. Mais ceux qui étaient assis en face d'elle... Lily avait vraiment beaucoup plus de mal à les supporter. Peter Pettigrow, Sirius Black et... James Potter. Sûrement le pire de tous. "Pourquoi est-il assis juste en face de moi ?" se demanda-t-elle en croisant un peu plus les bras. Depuis qu'ils avaient quitté le quai, elle faisait de son mieux pour ignorer ses regards insistants. Elle se concentrait donc sur le paysage qui défilait. "Paysage..." De grands arbres sombres qui se ressemblaient tous. Aucun intérêt. Et pourtant, elle préférait s'y intéresser plutôt que croiser le regard de Potter ou même d'un de ses amis. Et c'était aussi visiblement le cas de Marlene qui observait nerveusement l'avant de la calèche. Elle jetait des coups d'œil furtifs au vide sans pouvoir y garder les yeux fixés plus d'une seconde avant de reporter son regard devant elle. Mais elle avait la tête de Peter juste en face et elle ne pouvait pas non plus se résoudre à le fixer. Marlene alternait donc entre lui et ce qui était invisible aux yeux de Lily. Mais la jeune préfète savait très bien ce qui se cachait derrière ce "vide", et la raison qui faisait que parmi les six personnes présentes, Marlene était la seule à "voir l'invisible". Elle avait pleuré dans ses bras pendant tout le voyage, jusqu'à ce que Lily soit appelée par Remus pour rejoindre le wagon des Préfets. "Ses yeux sont encore rouges..." pensa Lily en soupirant. Elle avait eu tellement de mal à consoler son amie. Et elle n'était pas certaine d'avoir réussi.

Le chat de VanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant