Chapitre 45 : Ça aurait dû durer

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Appuyée contre le comptoir du Cat's Eye, Marlene soupira en levant les yeux vers l'horloge. Encore une heure de travail. Et elle sursauta quand l'une de ses collègues posa lourdement un plateau rempli de verres sur le bar.

- J'en ai marre ! pesta la serveuse.

- Moins fort, lui conseilla Marlene. Tu sais que le patron t'a à l'œil.

- L'un des clients de la table du fond m'a encore mis une main aux fesses, murmura-t-elle vivement en lançant un regard noir vers le fond de la salle. On devrait castrer tous ces cons.

- Tout doux, Jessie, la tempéra Marlene en lançant à son tour un regard assassin vers les hommes qui avaient l'air de bien s'amuser. N'oublies pas que tu as besoin de ce travail.

- Ça, c'est sûr. Mon petit Mike ne se nourrira pas tout seul. Et cette saleté de baby-sitter me coûte une blinde. Maintenant qu'on en parle, j'aurais dû castrer le père avant de le foutre dehors tiens !

Marlene sourit légèrement. Jessie ne mâchait jamais ses mots. Elle habitait le même immeuble que Marlene, à l'étage du dessous. Elle avait un sacré caractère, mais s'entendait miraculeusement bien avec Marlene. La seule du bar qui l'appréciait et ne la jugeait pas sur la vie qu'elle pouvait mener. Jessie en faisait autant pour elle. Ce n'était pas le genre à poser trop de questions sur le passé des gens, détestant aussi qu'on lui en pose. Alors aucun danger pour Regulus.

- Mais toi aussi, tu devrais te méfier, ajouta Jessie. Tu n'as pas cessé de regarder l'horloge ce soir et le patron déteste ça.

- Oui... dit-elle en jetant un regard au dit patron qui les observait d'un œil soupçonneux.

- Pressée de rentrer ? demanda Jessie. T'en fais pas, je suis sûre que ton mec t'attend de pied ferme.

- Je...! Je n'ai pas de mec, dit-elle vivement en s'éloignant pour prendre une commande.

- Ouais, c'est ça, entendit-elle Jessie dire d'un ton amusé.

Si Marlene était tellement pressée de rentrer, ce n'était pas parce qu'elle voulait voir Regulus. "N'importe quoi" pensa-t-elle en rayant un mot qu'elle venait de mal orthographier sur son carnet. Non, la raison principale c'était que nous étions le 16 juillet 1980. Une soirée spéciale pour Marlene qui aurait préféré ne pas travailler. Elle avait pensé à Nicolas durant tout le service. Mais aussi à ses parents... qu'elle laissait seuls à l'occasion d'un soir de deuil pour la première fois depuis la mort de son frère. Marlene n'aimait pas ça. Elle avait envie d'être près d'eux. Et elle imaginait si bien sa mère pleurer dans les bras de son père que ça lui brisait le cœur.

Marlene y pensait toujours lorsqu'elle rentra enfin à l'appartement. Regulus était assis sur le canapé, en train de regarder la télé. Depuis qu'il avait appris comment ça marchait, sans parler du nombre phénoménal de programmes qu'il pouvait regarder, Regulus passait toutes ses soirées ainsi en l'attendant pour dîner. Et c'était très amusant de voir un sang-pur regarder la télé. Une victoire monumentale pour le monde Moldu ! Mais Marlene ne se faisait pas d'illusions. Regulus ne toucherait sûrement jamais à l'aspirateur.

- Bonsoir, dit-elle en retirant son manteau.

- Bonsoir, répondit-il en tournant les yeux vers elle.

Marlene se dirigea vers la cuisine et, sentant toujours le regard de Regulus sur elle, la jeune femme se retourna vers lui. Regulus reporta rapidement son attention sur l'écran et Marlene fronça légèrement les sourcils avant de se mettre à préparer le repas. Chaque fois qu'elle rentrait, Regulus la regardait retirer son manteau. Mais jamais il ne s'était encore permis de la suivre ainsi du regard. Marlene commençait à se demander si son uniforme ne lui plaisait pas un peu trop finalement.

Le chat de VanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant